Journal de bord de l'Harmattan
Thu, 03 Feb 2016 12:00:00 - 34°60 S 54°47 W
N° 867 - Bonjour Uruguay



9h00 heure du bord, 12hTU et 13h en France.


Bonjour Ă  tous,

Juste devant moi ce matin, la belle station estivale de Punta Del Este
(Encore un très beau nom). J’ai finalement largué les amarres à zéro
heure quarante cinq mardi afin de profiter de la marée descendante et
du courant qui va avec. Encore merci Ă  Angelo pour son logiciel de
prévision de marées dans le monde entier.

Comme d’habitude, je me suis régalé à descendre ce chenal jusqu’à la
mer, pendant 15 Miles en pleine nuit. Il faut ĂŞtre extrĂŞmement
attentif, avoir un œil sur chaque lumière, sur chaque ombre, sur
chaque forme. Des petits bateaux de pĂŞche encombrent le passage alors
que d’énormes cargos de plus de 300 mètres de long essaient de se
glisser jusqu’au quai.

La première nuit a été calme, progression au moteur par manque de
vent. Puis le vent est arrivé. Il faut que je m’habitue, je ne suis
plus sous le régime de vents tropicaux, au revoir la régularité des
alizés. En fait je passe mon temps à revoir le réglage de mes voiles
car le vent change en permanence en force et en direction.

C’est une autre façon de faire de la voile. J’aime bien également mais
en solitaire cela fini par ĂŞtre fatiguant. Adieu les nuits de douze
heures que j’ai connues sous les tropiques. Ce n’est pas ici que je
vais porter mon spi pendant 8 jours sans jamais le descendre ni le
régler.

Ma grand voile n’en peut plus, elle n’ira pas plus loin que
Piriapolis. La toile est totalement cuite par le soleil des tropiques
et elle se déchire pour un oui ou pour un non. Il faut dire qu’avec 52
000 Miles au compteur, elle a amplement mérité de prendre sa retraite.
Je vais en commander une neuve mais j’aurais du mal à la mettre en
déchetterie. Dommage, il n’existe pas de cimetière pour les voiles
méritantes.

A midi trente neuf ce mercredi je passe la frontière virtuelle et me
retrouve dans les eaux territoriales uruguayennes. Bonjour l’Uruguay,
au revoir le Brésil mais pas la Caïpirinha car j’ai pris soin
d’embarquer deux bouteilles de Cachaça, le rhum brésilien.

Je descends le pavillon de courtoisie brésilien qui est en lambeaux
mais, erreur du Capitaine, je n’ai pas à bord le magnifique pavillon
uruguayen.

Puis, en milieu d’après-midi je capte une radio uruguayenne, comme
c’est bon de retrouver enfin la belle musique de la langue parlée
espagnole. Cela fait plus de treize mois que je suis arrivé au Brésil,
c’est beaucoup, c’est trop. Je ne parle pas plus l’espagnol que le
portugais mais je comprends beaucoup plus facilement et puis j’aime
cette langue.

Progressivement, au fur et à mesure que je fais du Sud, la température
régresse. A l’intérieur du bateau la température est tombée à 22° et
ce mercredi soir, pour la première fois, j’ai dû enfiler un maillot
sous la chemise, remplacer le short par un pantalon long et mettre le
ciré pour sortir. Un vent force 6 sur la hanche arrière bâbord nous a
permis d’afficher 150 Miles au compteur sur les dernières 24 heures !

Et puis, la nuit venue, je suis scotché par un spectacle encore jamais
vu. Autour de moi la mer est illuminée par des centaines de moutons
phosphorescents. La lune ne se lèvera qu’en milieu de nuit et la
lumière dégagée est exceptionnelle.

Vers onze heures ce matin, je vais pouvoir poser mon ancre dans la
Bajo Bostin, la baie entre Punta Del Este et l’Isla Gorriti afin de me
reposer un peu, la dépression prévue pour samedi s’étant dégonflée,
certainement devant notre détermination. Je repartirais certainement
demain pour les 4 heures de navigation qui vont me conduire Ă 
Piriapolis.

A bientĂ´t


Jean-Louis
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