Journal de bord de l'Harmattan
Mon, 29 Feb 2016 22:00:00 - 32°02 S 52°06 W
N° 866 - Coup de vent devant



19h00 heure du bord, 22hTU et 23h en France.


Bonjour Ă  tous,

Mon séjour au Brésil va bientôt se terminer.

Hier j’ai remonté le chauffe-eau que j’avais démonté samedi pour rien.
Je ne le savais pas, il suffit de tirer sur le thermostat pour qu’il
vienne ! C’est bien lui qui est en panne. Maintenant il va falloir
trouver la pièce, sinon la nouvelle pièce viendra comme le reste, dans
ma valise.

Nous avons déjeuné ensemble, Angelo, Antonella et Roger, un anglais
qui navigue dans la région. Il nous a un peu effrayés en nous parlant
des ports de l’Uruguay où aucun marin n’est là pour aider et où il
faut attraper des bouées ! Seul, s’il y a un peu de vent, cela risque
d’être sportif.

Puis j’ai commencé à travailler sur mon chauffage. Je n’ai jamais eu
l’occasion de m’en servir mais, en Patagonie un chauffage est
essentiel, ne serais-ce que pour faire sécher l’intérieur du bateau.
Malgré tout pas d’affolement, je vais avoir au moins 8 mois à
Piriapolis pour préparer Harmattan.

Pour l’instant notre progression vers le Sud s’avère difficile, un
coup de vent force 8 est annoncé pour samedi matin avec des vents qui
vont nous venir droit dans le nez. Cela veut dire qu’il faudrait
impérativement être à Piriapolis vendredi dans l’après-midi.

Ce matin nous avons fait les formalités de sortie. Nous n’avons pas eu
de problème, tout le monde était adorable et à 11h nous en avions
terminé. Du coup Angelo et Antonella ont décidé de partir dès cet
après-midi bien qu’un vent de force 4 de face soit annoncé pour demain
après midi et mercredi matin.

Pour ma part ce n’était pas possible, je devais faire
l’approvisionnement mais je vais peut-être partir cette nuit quitte à
tirer des bords, tout ce qui sera fait restera en moins Ă  faire.
Mon problème de pilote automatique défaillant complique tout.
Cependant, si cela devenait difficile je pourrais toujours m’arrêter à
La Paloma, à 180 Miles d’ici mais je préférerais tout de même
rejoindre ma destination finale qui se trouve Ă  250 Miles.

Le Brésil restera à jamais marqué dans mon souvenir par cette troupe
de Carnaval vues à Salvator de Bahia. Voici ce que j’écrivais alors :

A l’avant deux porteurs de petits parasols précédaient une jeune noire
pas d’une beauté foudroyante, pas maquillée, portant une longue robe
jaune assez simple, échancrée sur les côtés mais qui dansait
divinement bien. J’aurais pu la regarder pendant des heures tellement
elle Ă©tait expressive.

Juste derrière quelques danseurs et danseuses vêtus également de jaune
précédaient plusieurs vieilles femmes noires tout de blanc vêtues avec
d’amples robes à cerceaux. Puis des enfants avec des habits du même
jaune Ă©taient suivis par les musiciens. Toute la troupe dansait au
rythme d’une musique africaine faite pour beaucoup de percussions,
accompagnant la voix éraillée d’un vieux noir qui chantait ou plus
exactement psalmodiait la complainte mélancolique des esclaves au
travail. C’était magnifique, émouvant, poignant, beau à pleurer,
prenant Ă  tomber Ă  la renverse.

VoilĂ , il va maintenant falloir patienter quelques jours car je vous
le rappelle, je n’ai pas de communication en mer (et donc pas de météo
non plus).

A bientĂ´t


Jean-Louis
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