| Journal de bord de l'Harmattan | 
                    
                        | Mon, 22 Feb 2016 21:00:00 - 32°09 S  52°05 W N° 862 - Un bon moment de voile
 
 21h00 heure du bord, 0hTU J+1 et 1h00 J+1 en France.
 
 
 Bonjour Ă  tous,
 
 Quel bonheur ! Il y a bien longtemps que je n’avais vécu un aussi bon
 moment. J’adore voyager en solitaire. Passer plusieurs jours seul en
 mer sur mon bateau qui file poussé par le vent est toujours pour moi
 un moment de grand plaisir.
 
 Pourtant toute la journée de samedi le peu de vent (5 à 8 N) était
 pile sur l’étrave et Marcel, le moteur était de la partie. Mais vers
 18 heures, un orage a éclaté ce qui a enclenché la machine à vent.
 C’est un vent de Nord Est régulier qui souffle aux environ de 15
 Nœuds.
 
 J’ai réussi à passer un arrangement avec Hector, le pilote. Si je ne
 toile pas trop le bateau il veut bien faire son travail. Fort de cet
 accord, je n’ai déroulé qu’un tiers de génois, grand voile à deux ris
 et artimon. Le bateau est ainsi bien équilibré et marche tout de même
 autour de 6 Nœuds ce qui est très honorable vu l’état de sa carène.
 
 A Itacuruça j’avais payé un plongeur pour qu’il me la nettoie mais il
 n’a fait que ce qui se voyait et les hélices (moteur et propulseur).
 Tout le reste de la coque est remplie de petits coquillages qui
 freinent énormément le bateau. J’aurais dû contrôler, bien sûr. Cette
 coque est dans l’eau sans traitement depuis le 16 Octobre 2014 soit 16
 mois !
 
 Avec un bon pilote je pourrais mettre plus de toile mais je
 n’avancerais qu’à 8 ou 9 Nœuds et dans des conditions beaucoup moins
 confortables.
 
 Beaucoup de copains veulent absolument des bateaux qui vont vite. Je
 me demande s’ils sont réellement bien en mer ou bien si ce sont les
 escales dont ils raffolent. Pour ma part je ne suis pas pressé
 d’arriver. Je me sens bien en mer, c’est la tranquillité, la liberté
 absolue. Ce qui ne veut pas dire que je n’aime pas l’escale, j’adore
 et c’est même une des motivations du fait que je voyage. En fait
 j’adore la découverte.
 
 Dimanche matin la pendule du bord affiche 8h10 et je m’aperçois que
 mon alarme « Médicaments » n’a pas sonnée. Mon téléphone m’indique
 7h10 ! Il me faut un moment pour comprendre qu’ici, au Brésil nous
 venons de passer à l’heure d’hiver. Il y a 4 heures de décalage avec
 Paris maintenant.
 
 Quelle belle journée ! Le ciel est bleu, le soleil brille sans partage
 et mes panneaux solaires se régalent. Le bateau marche bien, la mer
 est belle mais, à bord ce n’est pas toujours le calme. Vers onze
 heures on peut entendre le Capitaine hurler « Matelot vous ne pensez
 pas qu’il serait temps de s’occuper de la toilette ! »
 
 Et, à 13heures trente « Pommes de terres sautées, côte de porc pour le
 Capitaine ». « Merci matelot, le Capitaine ordonne une sieste
 obligatoire pour tout l’équipage cet après-midi »
 
 Mais vers 18 heures une grosse houle de travers arrive avec un vent
 qui forcit vers 22 Nœuds. Hector proteste et je suis obligé de prendre
 le troisième ris dans la grand voile et d’abattre l’artimon. Le bateau
 marche à plus de 8 Nœuds. Comme la côte s’arrondie je suis obligé de
 mettre de plus en plus d’Ouest dans mon Sud et le vent vient ainsi de
 plus en plus de l’arrière.
 
 Le bateau n’étant plus appuyé sur ses voiles, roule violemment bord
 sur bord entraîné par la forte houle. La vie à bord devient précaire,
 tout vole, le Capitaine également. Il jure. Difficile de dormir dans
 ces conditions. Puis en fin de nuit les choses se calment
 progressivement. La houle tombe et le vent redescend à 6 Nœuds en
 plein sur l’arrière.
 
 Marcel est appelé à la rescousse et il nous propulse doucement toute
 la journée jusqu’à l’entrée du chenal menant à Rio Grande do Sul. Il
 fait beau, il fait chaud, encore une journée très agréable.
 
 L’entrée est difficile, 3,6 Nœuds de courant. Mais petit à petit
 j’arrive à remonter jusqu’à une zone de mouillage. Je progresserais
 demain lorsqu’il fera jour. Ancre jeté à 20h15 avec 329 Miles au
 compteur, Capitaine heureux, Caïpirinha en préparation.
 
 A bientĂ´t
 
 
 Jean-Louis
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