Journal de bord de l'Harmattan
Mon, 19 Jan 19:00:00 - 15° 10 N, 25° 29 W
N° 759 - Une semaine de mer

20h00 en France, 19h00 heure du bord.



Bonjour Ă  tous,

Déjà une semaine de mer et beaucoup de distance avalée. Mais grosse
erreur du capitaine de vouloir raser Santo Antao, espérant découvrir
cette merveille par la mer cette fois.

D’une part nous n’avons rien vu, la belle s’étant parée de brume et
d’autre part nous avons dû subir ses effets dévastateurs sur
l’aérologie du coin. Quelle soirée ! Quel début de nuit ! Harmattan
galopant sous grand voile seule Ă  trois ris dans des surventes pas du
tout stables en direction, pas question de dîner.

En début de nuit, je passe mon temps à monter dans le cockpit toutes
les deux ou trois minutes pour vérifier l’évolution de la direction du
vent et reprendre un peu d’angle, le but étant d’éviter à tout prix
l’empannage. Puis je redescends m’allonger sur la banquette du carré
et ainsi de suite.

Je suis relativement tranquille car j’ai des freins de bôme Walder sur
la bôme de grand voile et sur celle d’artimon. Merci Monsieur Walder,
ils sont terriblement efficaces. Tout d’un coup, je suis jeté à bas de
ma couchette et j’entends le bruit caractéristique de la bôme qui a
décidée de changer d’amure. Sans prendre le temps d’enfiler mes Crocs,
je jaillis dans le cockpit pour gérer la situation.

La chose s’est compliquée, les brins d’écoute de grand voile se sont
prises dans l’arceau. Je commence par donner au bateau un cap lui
permettant de rester sur cette nouvelle amure mais, pendant que
j’essaie de les libérer le vent change à nouveau de direction et vlan,
cette fois empannage avec fracas ! J’ai mal pour Harmattan.

Ce n’est qu’aujourd’hui que j’ai fini par comprendre, les rivets de
fixation du frein de bôme se sont cisaillés, permettant à celui-ci de
reculer dans la gorge de quelques centimètres, résultat : plus aucun
effet de frein.

Les ennuis s’enchainent, voyant mon frein de bôme tout près de la
fixation du hâle-bas, je pense que c’est celle-ci qui a lâchée. Je
veux aller voir et bascule l’interrupteur qui allume l’éclairage du
pont : rien ne se passe ! Pourtant j’ai vérifié et remis en état avant
de partir, c’est tellement important pour une grande traversée de
pouvoir éclairer le pont la nuit quand ça va mal.

Finalement nous ne tardons pas à arriver sous le vent de l’île, le
vent se calme totalement et nous arrive maintenant de face. Je n’ai
plus qu’une idée, calmer le jeu et attendre le jour pour faire le
bilan des dégâts. Je mets le moteur pour m’éloigner de l’île, puis
vers trois heures du matin je coupe le moteur, prends une espèce de
cape courante qui nous fait avancer à un demi nœud sous 22N de vent et
vais dormir.

Dès que la nuit commence à s’éclaircir, le soleil n’est pas encore
levé, je suis déjà sur le pont pour faire le point des dégâts. Après
avoir ramassé le feu à retournement qui a clignoté toute la nuit
remorqué par le bateau, j’inspecte. Je commence par reprendre de la
balancine ce qui me permets de larguer le ris numéro trois.

C’est alors que je découvre une déchirure sur le guindant de la grand
voile au niveau d’un coulisseau intermédiaire. Ce n’est pas
catastrophique, je démonte le coulisseau mais il va falloir qu’un jour
je me décide à commander une nouvelle grand voile, celle-ci ayant un
tour du monde et demie est totalement usée.

Moralité, comme je le préconise en permanence, ne jamais s’approcher
de la terre, j’aurais dû rester à une trentaine de miles de celle-ci.

Aujourd’hui, l’alizé est encore très rude et peu souffler jusqu’à
trente nœuds mais comme nous sommes maintenant plein sud, l’angle avec
le vent est meilleur et nous avons navigué une grand partie de la
journée avec génois, GV 3 ris et artimon un ris. Harmattan est plus
stable et file comme le vent.

Hier nous n’avions qu’une idée, avoir du réseau pour téléphoner. Nous
nous sommes gavés mais désenchantement, hier au soir, alors que nous
sommes en limite de réseau, Jacky reçoit un message de SFR : Vos
appels seront facturés 2,90€ la minute ! Quel piège, ils auraient put
le dire avant. Avec mon téléphone satellite c’est un euro la minute.
Nous sommes vraiment intoxiqués !

Malgré notre stop de la nuit, c’est encore 168 Miles engrangés, soit
1198 depuis le départ.

A bientĂ´t

Jean-Louis


"J'espère que la journée à été plus calme. Une amicale pensée pour Jacky accompagnée de bisous pour son anniversaire.
Bonne traversée."


Envoyé par Lucas Marylène le 20-01-2015 à 20:42

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