Journal de bord de l'Harmattan
Sun, 18 Jan 2015 19:00:00 - 17° 14 N, 23° 13 W
N° 758 - Ilha de Santo Antao

20h00 en France, 19h00 heure du bord.



Bonjour Ă  tous,

Je veux revenir un instant sur le sujet d’hier, la tranquillité. Cette
nuit, je ne dormais pas et tout d’un coup une clarté s’est faite en
moi. Lorsque je cherchais Ă  acheter un bateau, je faisais les petites
annonces des revues spécialisées et je suis tombé sur « A Vendre,
Ketch type Homme Tranquille …. »

Etonnant non ? C’était Harmattan. Un premier bateau a été construit
par les chantiers Rameau Ă  Etel. Un bateau en bois donc, que son
propriétaire, Emmanuel Allot, avait baptisé « L’Homme Tranquille ».
Puis, Harmattan a été construit sur les mêmes plans à Abidjan en Côte
d’Ivoire.

Je me suis toujours dit « Quel drôle de nom pour un bateau !». Hé bien
j’ai compris maintenant, la boucle est bouclée.

Ce soir, nous longeons la côte de l’île de Santo Antao, tout à fait à
l’Ouest de l’archipel Cap Verdien. Nous le savons car elle apparaît
sur le radar et surtout car nos téléphones portables ont retrouvés vie
ce qui nous a permis d’effectuer une débauche d’appels à la famille et
aux amis. Mais la brume ne nous a pas permis de voir la terre alors
que nous ne sommes qu’à 5 Miles de la côte. Nous n’avons
qu’entre-aperçu les sommets dans les nuages (plus de 1800 mètres).

Autant je n’aime pas l’ambiance qui règne dans l’archipel,
l’insécurité et surtout cette attitude couramment admise que je peux
résumer ainsi « Tout ce qui est à toi est à moi et tu dois payer pour
que je ne te vole pas ».

Les incivilités que j’y ai connues sont légions, mon frère qui s’est
fait vider son bateau pendant qu’il était au restaurant ou bien
Francine qui s’est fait voler le portefeuille dans le sac à dos, des
billets de 20€ qu’il faut donner à un « gardien » pour qu’il ne vous
vole pas votre moteur hors-bord …

Mais surtout, j’y ai perdu un copain, massacré à coup de manivelle de
winch dans son bateau Ă  Mindelo pour un portable et quelques euros. Je
n’ai plus envie de m’arrêter ici et pourtant, il existe dans cet
archipel un véritable trésor, une perle dans un écrin, une des
quelques dizaines de merveilles de part le monde.

C’est l’île de Santo Antao, d’une incroyable beauté, avec des
montagnes imposantes et de profondes vallées. Le diamant brut étant
cet incroyable parcourt qui part du cratère de Cova à 1170 m et qui
permet de descendre jusqu’à Ribeira do Paul par un chemin pavé classé
au patrimoine mondial. Je pense ce soir Ă  tous ceux qui, comme moi, en
sont tombés amoureux.

Malheureusement nous n’avons pas le temps de nous y arrêter, le
Carnaval n’attend pas !
Cet archipel du Cap Vert est bien nommé car c’est réellement un cap
qu’il faut franchir. Dès cette nuit je vais devoir incurver notre
route pour descendre plein sud, peut-ĂŞtre mĂŞme pour mettre un peu
d’Est dans cette route afin d’être en bonne position, lorsque nous
allons attaquer l’hémisphère sud. Nous pourrons alors profiter à fond
de l’alizé de Sud Est que nous devrions y rencontrer.

A bord la vie s’est bien améliorée, le vent a un peu faiblit, il
souffle maintenant entre 20 et 25N et en début d’après midi j’ai pu
renvoyer le ris numéro 2. La mer est légèrement moins virile et cela
va aller en s’améliorant. Je viens tout de même de reprendre ce ris
pour la nuit, le vent se renforçant à nouveau. D’ici deux ou trois
jours nous allons pouvoir sortir le spi et nous régaler.

Encore 184 Miles Ă  ajouter ce soir au totalisateur.

A bientĂ´t.

Jean-Louis
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