Journal de bord de l'Harmattan
Vendredi 17 fĂ©vrier 2023, Ă  16 h TU, 17 h en France. - Ŕ Cormeilles en Vexin
N° 1340 - Une promesse de remise Ă  l’eau

Bonjour Ă  tous,

Le printemps arrive déjà, les jours rallongent, mes hortensias sont en bouton et les après-midis commencent à radoucir. L’hiver n’est pas encore terminé, début mars les gelées peuvent revenir, mais, comme les oiseaux qui se mettent à retaper leurs nids, le besoin de remise à l’eau d’Harmattan se fait de plus en plus violent.

Je suis descendu dans le sud en début de mois et j’ai passé huit jours sur mon bateau. Cela me fait toujours un bien fou. Il n’y a plus grand-chose à faire pour qu’il soit prêt à remettre à l’eau. J’ai remis en marche le frigo principal et j’ai commencé à installer le chauffage. En effet, avec l’augmentation du coût de l’électricité, le patron du port à changé les disjoncteurs 16 A par des 4A. De ce fait il n’est plus possible de chauffer le bateau à l’électricité l’hiver.

En réalité j’installe même deux chauffages. Le premier est un chauffage à air pulsé de 5 kW qui fonctionne avec le réservoir à gasoil du bateau. C’est très bien au port et dans les criques. Le second va fonctionner avec l’eau chaude du moteur, tout comme le chauffage d’une voiture. Il chauffe en mer lorsque l’on marche au moteur. J’ai mis deux radiateurs avec ventilateur. Chacun a une puissance de 2kW.

Hier j’ai vu mon cardiologue, avec la dégradation de mon greffon, il a revu le traitement pour mon cœur. Je dois maintenant faire une prise de sang tous les trois jours. Du coup, mes espoirs de partir avec mon bateau en Turquie ont été douchés. Je ne suis pas sûr que cela puisse se faire. Et puis je sens bien que mon greffon lâche prise de plus en plus, je suis constamment fatigué et je n’arrive plus à marcher 100 mètres sans devoir me reposer. Je me retrouve dans le même état physique que celui dans lequel j’étais avant d’être dialysé.

Combien de temps cela va-t-il encore tenir avant d’être à nouveau dialysé ? Je n’en sais rien, mais je crains de ne plus pouvoir faire de longues balades comme j’aime tant le vivre. Alors je me fais à l’idée, et je m’organise pour laisser mon bateau à l’eau l’hiver prochain dans la rade de Marseille.

Par exemple si je laisse Harmattan sur les îles du Frioul, je peux y vivre et aller facilement à Marseille en prenant la navette pour gérer mes obligations de santé. Je peux y recevoir mes petits enfants et je peux même offrir une base à mes deux garçons pour aller plonger sur l’île Riou. Ils adorent cela et nous pourrons ainsi passer de merveilleux moments.

De toute façon la vie est ainsi faite, tout comme aux Marquises, gémir n’est pas de mise, cela ne sert à rien. Il faut accepter ce que l’on nous donne et faire avec, nous n’avons pas le choix. Et en plus, il faut dire merci, car il y a souvent bien pire.

Dès que je peux, je vais retourner passer quelques jours sur mon bateau, je dois terminer le montage des chauffages puis remonter ma pompe à eau douce et ma pompe à eau de mer. Ensuite je dois terminer le branchement du groupe électrogène puis vérifier le fonctionnement des WC. Il me restera à passer la peinture antifouling, réarmer le bateau et tout vérifier avant la remise à l’eau.

Il est à terre depuis mi 2019 ! C’est fou comme le temps passe ! Avec la crise du COVID puis mes problèmes de santé, je n’ai pas avancé comme j’aurais voulu. Mais je n’ai pas à me plaindre, j’ai pu passer 12 ans au milieu des océans malgré mes problèmes de santé, c’est incroyable.

Au sujet de ma piscine, c’est un trou avec de la boue au fond. Il faut attendre les beaux jours pour que tout cela sèche. J’ai quand même pu réaliser le branchement du tout-à-l’égout et passer depuis mon garage l’eau et l’électricité. Maintenant je dois effectuer les branchements dans mon garage.

Mon carnet de voyage « Hors Limites » avance bien, j’ai mis le point final au premier tome et j’ai déjà bien avancé le second. Quel boulot !

Je suis extrêmement triste pour mes amis turcs. Ces catastrophes sont fréquentes dans ce pays depuis la nuit des temps. Aujourd’hui les sauveteurs ont sorti une jeune fille de 17 ans, elle était souriante et parlait calmement après dix jours sous ces gravats sans eau ni nourriture. Il faut une force de caractère étonnante pour rester en vie si longtemps. Elle racontait que pour tenir elle a pensé à autre chose qu’à la situation catastrophique dans laquelle elle se trouvait. Bravo !

A bientĂ´t
Jean-Louis
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