Journal de bord de l'Harmattan
Mardi 8 juin 2021 Ă  17h00 TU, 19h en France - A Cormeilles en Vexin
N° 1291 - Responsables de notre santĂ©

Bonjour Ă  tous,

Tout d’abord je veux revenir sur mon dernier sujet « Ces objets qui ont une âme ». Je suis resté très proche du néphrologue qui m’a greffé, c’est un homme extraordinaire, d’une grande humanité. Il s’agit du Professeur Bruno Hurault de Ligny. Il est maintenant en retraite mais nous continuons à correspondre et c’est toujours un bonheur de recevoir un mot de lui. Il m’a fait découvrir une citation d’Alphonse de Lamartine que je voulais partager avec vous car je la trouve si belle et surtout elle correspond exactement à mon propos : « Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? ». C’est simple mais si bien écrit.

Comme beaucoup d’entre vous, il m’a également demandé des nouvelles de ma santé. Eh bien voilà, ces trois derniers mois j’ai retrouvé progressivement une forme que je n’ai pas connu depuis de nombreuses années. J’ai l’impression d’avoir rajeuni de dix ans. En fait j’ai réussi à me débarrasser de mon infection urinaire permanente qui me provoquait fièvre et fatigue. J’ai enfin réussi à trouver l’urologue qui a pris le problème à bras le corps et qui a su me proposer une solution qui fonctionne.

Trois fois dans ma vie j’ai dû lutter pour trouver la solution à un problème qui semblait insoluble. La première fois j’avais 29 ans. J’avais en permanence des infections urinaires qui se terminaient en prostatite avec énormément de fièvre. J’avais rencontré de nombreux médecins et des urologues mais personne ne comprenait ce qui se passait. Je pensais que ma vie allait se terminer. Puis, sur les conseils d’un ami, j’ai rencontré un urologue de plus, le Professeur Jacques Bruezière qui avait exercé aux enfants malades à Necker. Il était en retraite et il m’a tout de suite dit « Je sais ce que vous avez, j’ai vu cela une fois dans ma vie ». Il a opéré deux fois ma malformation ce qui m’a permis de vivre une trentaine d’années sans trop de problèmes.

Puis, vers l’âge de 57 ans les infections ont repris de plus en plus souvent avec des prostatites qui me mettaient à l’agonie. J’ai recommencé à nouveau le tour des urologues. Comme la fois précédente personne n’avait la solution. Mais j’ai insisté, j’ai cherché et j’ai trouvé à l’hôpital Américain de Neuilly le Professeur Bertrand Dufour, retraité de Necker également. J’avais un cancer de la prostate et il fallait la retirer alors je l’ai supplié de tenter en même temps l’ablation de ma valve (ma malformation). Après beaucoup d’hésitation il l’a réalisé. Ce fut une très longue opération mais elle m’a permis de pouvoir enfin uriner normalement.

Enfin, après ma greffe, les infections ont repris. J’ai encore vu énormément d’urologues et d’infectiologues, j’ai été hospitalisé plusieurs fois mais personne n’avait la solution. J’ai pris pendant deux ans des antibiotiques de toutes sorte sans succès. Alors j’ai décidé de vivre ainsi. Mais, il y a un an et demi j’ai repris le problème à bras le cops car ma santé déclinait fortement. J’ai passé énormément de temps à effectuer des recherches sur Internet. Et finalement, au début de 2021 je me suis retrouvé à Rouen devant le Professeur Jean-Nicolas Cornu qui se trouve avoir été formé à Necker par le Professeur Bertrand Dufour.

C’était l’homme de la situation, il a su analyser le problème avec précision et m’a demandé de pratiquer pendant trois mois des auto-sondages trois fois par jour. C’était la solution. Je ne le fais plus qu’une fois par jour au moment de la toilette, cela recalibre le canal et adieu les infections. C’est un véritable miracle.

Toutes ces rencontres, toutes ces péripéties, la dialyse, la greffe, les cancers de peau m’ont fait découvrir plusieurs choses. Nous devons être acteurs de notre santé. Celui qui a le plus d’intérêts est le patient lui-même. Le professionnel de santé n’a pas exactement les mêmes buts que le malade. Le généraliste souhaite que le patient vive le plus longtemps possible alors que le patient est près à prendre des risques pour avoir une vie la plus positive possible. Le cardiologue va mettre tout en œuvre pour protéger le cœur du malade alors que le néphrologue de greffe va tendre à ce que le greffon soit au mieux et le dermatologue va vouloir que le système immunitaire soit le plus performant possible afin de lutter contre les agressions. Tout cela peut être incompatible et le patient doit être un chef d’orchestre qui modère les ardeurs de chacun.

Enfin, le corps humain et la médecine sont tellement complexe, que les meilleurs spécialistes ne peuvent pas tout connaître. Il ne faut pas hésiter à rechercher celui qui, par son parcours, aura le plus de chance de trouver la solution.

Pour finir, les relations entre le malade et les professionnels de santé doivent être d’une extrême clarté, la franchise doit être permanente. Et puis il faut toujours se rappeler que nous ne sommes pas éternels, que la guérison n’est pas systématiquement possible. Le rôle du médecin est souvent de faire durer en apportant la meilleure qualité de vie possible.

A bientĂ´t
Jean-Louis

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