Journal de bord de l'Harmattan
Thu, 19 Jul 2018 17:00:00 - 36°40’N 2°25’W
N° 1177 - La Golden Globe Race

19h00 heure du bord, 17h00 TU, 19h00 en France

Bonjour Ă  tous,

Un peu d’histoire, tout a commencé ou presque lorsqu’en mars 1968 le
Sunday Times lance un challenge, la première course autour du monde en
solitaire et sans escale par les trois caps baptisée « Golden Globe »
!

Bien entendu, il y avait eu avant Joshua Slocum, ce canadien
naturalisé américain qui quitte le port de Boston en avril 1895 sur
son fameux Spay et réalise le tout premier tour du monde en solitaire.
Il écrira ensuite une conclusion qui incite encore aujourd’hui de
nombreux aventuriers à tenter leur chance : « La mer la plus démontée
n’est pas si terrible pour un petit bateau bien conduit »

Mais revenons à 1968, vous connaissez certainement l’histoire tant
elle est mythique. Parmi les participants le plus connu est bien
entendu Bernard Moitessier qui sur son Joshua (en hommage Ă  Slocum)
décide d’abandonner la course, alors qu’il a déjà fait le plus
difficile et de repartir dans l’océan indien pour rejoindre Tahiti. Il
transmet cette décision au comité de course en lançant un message à un
cargo à l’aide d’un lance-pierre.

Pour fĂŞter les 50 ans de cette course mythique la Golden Globe Race
est partie des Sables-d’Olonne le premier juillet. Ils sont 18 marins
(dont une fille) navigant sur des vieux bateaux à quille longue. C’est
une Ă©preuve Ă©norme car contrairement aux courses actuelles qui ne
durent qu’une quarantaine de jours étant donné la performance des
bateaux modernes, celle-ci va durer autour de 9 mois !!!!!

Les skippers vont devoir supporter environ 270 jours de solitude,
c’est un challenge considérable. D’ailleurs l’un d’entre eux a déjà
jeté l’éponge. Le gagnant de la course fondatrice en 1968, Sir (car
anobli par la Reine suite Ă  cet exploit) Robin Knox-Johnston explique
« Ça a changé ma vie. Cette course aura un impact énorme sur ces
marins, sur leur personnalité, sur leur confiance en eux-mêmes… Ils
reviendront très différents. Ce seront des gens transformés. Je crois
qu’ils reviendront meilleurs. Sur moi, cette course a eu un effet
immense … »

Lorsqu’on se confronte à la solitude et à la mer pendant de nombreuses
semaines on ne revient pas indemne. Je peux en témoigner à mon tout
petit niveau. Mon tour du monde sous dialyse m’a profondément
transformé. C’est comme un aboutissement, un accomplissement, un
achèvement, le couronnement d’une vie, la conquête du graal, le but
ultime.

Mais pour l’instant je longe la Costa Del Sol. C’est une côte plate et
sableuse surmontée en second plan de petites montagnes orientées vers
le Sud et baignées de soleil comme son non l’indique. Depuis Gibraltar
je ne vois que des complexes touristiques en béton et d’immenses
Ă©tendues couvertes de serres pour la culture des primeurs.

Malgré les très nombreuses marinas (très chères par ailleurs) je ne
vois aucun bateau en mer. Il n’y a pas non plus de pêcheurs, c’est la
conséquence de l’absence de poissons disparus à cause de
l’exploitation intensive de la ressource et de la pollution. Résultat
positif, cette nuit j’ai dormi comme un bébé.

Il fait un temps magnifique, la mer est plate comme une limande et le
vent est quasi nul. Je marche au moteur mais cela ne me gĂŞne pas. Pour
beaucoup c’est une horreur mais je marche à très faible vitesse et le
bruit reste très acceptable quant à ceux qui trouvent que « ça pue »,
ils n’ont qu’à régler leur moteur.

Je passe ce soir devant Almeria, je vais contourner le Cabo de Gata,
ce cap qui sépare la Costa Del Sol de la Costa Blanca entre 21 et 22
heures. Mon compteur journalier indique 132 Miles, 474 depuis
Lisbonne.

A bientĂ´t


Jean-Louis
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