Journal de bord de l'Harmattan
Wed, 18 Jul 2018 17:00:00 - 36°24’N 4°55’W
N° 1176 - De retour en mĂ©diterranĂ©e



19h00 heure du bord, 17h00 TU, 19h00 en France


Bonjour Ă  tous,

Lorsqu’on navigue il y a toujours des moments exceptionnels, des
moments qui nous marquent et dont le souvenir revient régulièrement.
La traversée des canaux, le canal de Corinthe, le canal de Panama font
partie de ces instants inoubliables. Mais il y a Ă©galement la
traversée des détroits. Même si je l’ai déjà passé de nombreuses fois
le passage du détroit de Messine est toujours pour moi un très grand
moment.

Il en est de même pour le détroit (l’estrecho comme c’est marqué sur
la cartographie) de Gibraltar. Ici, venant de l’Ouest la phase
d’arrivée est très longue puisque les courants se font sentir à
plusieurs dizaines de Miles dans l’océan Atlantique.

J’ai ainsi passé une nuit épouvantable avec un peu de vent dans le
nez, un peu de mer dans le nez et un peu de courant dans le nez (2
NĹ“uds) alors que je dois slalomer entre les monstrueux filets de pĂŞche
et les cargos au mouillage. Ma vitesse fond est de l’ordre de 1,20
Nœuds et j’ai l’impression que je ne vais jamais arriver à Tarifa,
l’entrée du détroit.

Je finis par comprendre que le rédacteur du guide de navigation Imray
s’est totalement fourvoyé, en fait lorsque la marée est montante côté
Atlantique le courant va de la méditerranée vers l’atlantique. Il est
donc normal que je peine ainsi pour arriver Ă  Tarifa. En fait il faut
arriver Ă  Tarifa en PM (pleine mer) et non en BM (basse mer) comme il
le prétend.

Du coup, mon moral remonte de plusieurs crans car je préfère toujours
garder le meilleur pour la fin. Je comprends alors qu’en arrivant au
petit matin à l’entrée du détroit je vais pouvoir profiter d’un bon
courant portant pour le traverser.

Effectivement, lorsque le soleil se lève le courant réduit
progressivement sa force. Puis le vent s’oriente travers et la mer
s’aplatie, Harmattan allonge la foulée et j’arrive devant Tarifa vers
11 heures. Le courant s’est inversé et je bénéficie d’un courant
portant à plus de trois Nœuds pour traverser le détroit. Comme dirait
Pierre-Yves, je passe en Méditerranée comme un suppositoire !

Je me retrouve dans mon jardin pile à l’heure de l’apéro, quel heureux
hasard ! Le détroit est assez long, il me laisse le temps de déjeuner
et j’en ressors juste au moment où le courant de marée s’inverse, il
était temps car ce courant contraire peut atteindre trois nœuds,
c’aurait alors été beaucoup moins rigolo. D’ailleurs pendant quelques
Miles je dois luter contre un courant qui monte jusqu’à 1,5 Nœud avant
de se réduire peu à peu.

Je positionne maintenant mon « Aller à » directement sur Marbella et
la Costa Del Sol. Je n’ai plus qu’à attendre un peu d’avoir doublé les
cargos et suppliers à l’ancre pour aller me jeter dans ma couchette
pour une sieste bien méritée.

En milieu d’après midi je sors sur le pont, c’est la canicule ! Quel
changement. Je suis en mer d’Alboran, elle est d’huile et du coup je
découvre qu’elle est remplie d’une multitude de micro particules
blanches, légèrement transparentes. Est-ce du plastique ? Si cela en
est c’est absolument terrible, je n’aimerai pas être un poisson et je
n’aimerai pas consommer un poisson pêché ici.

Et puis un peu plus tard je traverse d’énormes plaques de
microparticules rouges très denses. Je me souviens que lors de mon
dernier passage j’avais déjà noté l’état de la mer. L’Algérie ne
traitait pas ses déchets, ils étaient purement et simplement jetés à
la mer. En est-on toujours lĂ  ?

Je suis ce soir devant Marbella, 113 Miles au compteur journalier, 342
depuis Lisbonne.

A bientĂ´t


Jean-Louis
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