Journal de bord de l'Harmattan
Fri, 24 Mar 2017 22:00:00 - 45°17S 73°29W
N° 991 - Fini l’isolement



19h00 heure du bord, 22h00 TU et 23h00 en France.
Canal Pilcomayo

Bonjour Ă  tous,

Ce matin la route est sinueuse et comme la cartographie n’est pas très
précise il faut être en permanence dans le cockpit pour surveiller la
navigation en essayant d’estimer les distances afin d’éviter hauts
fonds et rochers sournois à fleur d’eau.

Et il fait froid. Il n’y a pas de vent mais la seule vitesse du bateau
suffit à nous glacer et nous geler les doigts. Qu’il est bon de se
réfugier régulièrement à l’intérieur du bateau, dans le carré où la
douce chaleur d’hier ne s’est pas encore totalement évanouie. Une
bonne tasse de café brulant réchauffe les mains engourdies.

Nous traversons maintenant une région où les journées sont agréables
mais où les petits matins et les soirs sont très frais. Les paysages
ont beaucoup changées. Nous sommes dans une région de petites
montagnes, il pleut beaucoup moins, il fait plus chaud et la
végétation est luxuriante.

Le moindre rocher est surmonté d’arbustes et comme nous sommes
entourés de multiples îlots nous avons un peu l’impression d’être en
Thaïlande. Il n’y a absolument pas de vent, la mer est lisse et nous
avons beaucoup plus le sentiment de convoyer un bateau que de faire
une navigation dans les « difficiles » canaux de Patagonie.

Encore une fois nous avons pu déjeuner dans le cockpit. Avec le soleil
le temps s’est réchauffé et même si le fond de l’air reste frais il
fait bon sous les plexiglas. Signe que tout a changé, nous trouvons
sur notre route de nombreux Ă©levages de saumons.

Ils sont à chaque fois équipés d’un véritable petit immeuble flottant
qui, sur trois niveaux permet de loger le personnel et le matériel.
Apparemment tout le confort existe Ă  bord, des paraboles permettent
les communications et la réception de la TV, des éoliennes et des
panneaux solaires produisent l’électricité mais très certainement des
groupes électrogènes également.

Par contre nous ne voyons presque plus d’animaux. Où sont passés tous
les oiseaux et tous les mammifères marins que nous croisions en
permanence plus au Sud ? Nous avons vu trois dauphins ce matin,
quelques cormorans, des pétrels mais ce n’est plus du tout l’abondance
rencontrée dans le Beagle ou le Magellan.

Puis, en milieu d’après-midi on peut apercevoir de temps en temps une
maison isolée sur la côte avec parfois une grande barque de pêche.
Nous rentrons progressivement dans la civilisation, la nature devient
de moins en moins sauvage.

La végétation change rapidement d’un jour à l’autre. Cette fin
d’après-midi nous longeons de véritables forêts avec de très grands
arbres. Et puis une grande trainée blanche dans le ciel bleu est
formée par un avion de ligne, c’est vraiment le retour à la
civilisation.

Nous arrivons ce soir Ă  quelques miles de Puerto Aguirre. Nous allons
passer la nuit dans une caleta et débarquer demain matin dans ce gros
bourg d’environ 1200 habitants.

A bientĂ´t


Jean-Louis
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