Journal de bord de l'Harmattan
Thu, 23 Mar 2017 22:00:00 - 45°48S 74°23W
N° 990 - La fin du grand Sud



19h00 heure du bord, 22h00 TU et 23h00 en France.
Caleta MariĂşccia

Bonjour Ă  tous,

Je suis un peu amorti ce matin. Je viens de passer une nuit blanche
pour surveiller Harmattan qui progressait le long de l’énorme falaise
de la « Peninsula de tres Montes ». En pleine mer je peux dormir car
tous mes systèmes d’alarme sont en surveillance mais en longeant la
terre à 2 ou 3 miles ce n’est pas possible. Trop dangereux !

Et malheureusement il faut faire le tour presque complet de cette
monstrueuse péninsule. Comme son nom l’indique elle comporte trois
monts, le plus grand, le « Co Yunque » atteint 1066m à 1 Mile de la
cĂ´te et les fonds sont Ă  -3000m Ă  seulement 5 Miles de la cĂ´te !

Avec une mer mal rangée et entre 12 et 15N de vent en plein dans le
nez la progression n’est pas facile. Heureusement, à 5 heures, lorsque
j’arrive de l’autre côté de la péninsule la route me conduit à travers
un grand plan d’eau dégagé sur une quarantaine de Miles et je peux
aller me reposer. Comme un bonheur ne vient jamais seul, le vent
devient portant et Harmattan se met Ă  gambader joyeusement.

Après déjeuner nous sommes rattrapés par l’Evangelistas de la
compagnie Navimag. Il assure deux fois par semaine l’aller et retour
entre Puerto Montt et Puerto Natales. Cela fait déjà plusieurs fois
que nos chemins se croisent et nous nous connaissons. Mon frère et ma
belle-sœur l’ont emprunté il y a environ deux mois.

Il envoie plusieurs grands coups de sirène PFFFFOOOOOOONNNNN alors que
je le salut en retour de plusieurs coups de klaxon tuuuuueeeettttt. Le
canal est étroit, il nous double à quelques dizaines de mètres
seulement. Comme il fait beau tout le monde est dehors.

Les appareils photos crépitent des deux côtés. Les passagers nous font
des grands signes, les hommes d’équipage également. Même les officiers
sortent et vont au bout de l’aileron de passerelle en agitant
frénétiquement les deux bras levés.

Le grand Sud est définitivement dans les rétroviseurs, cet après-midi
la température monte à 21 degrés dans le carré. Comme c’est bon !
Après le golfe de Penas, nous commençons à entrevoir l’arrivée, à
pouvoir donner une date.

Et puis, je dois bien le reconnaître, cela fait deux mois et demi que
je suis parti, j’ai ma dose d’aventures, j’ai ma dose de bateau. Ma
famille commence à me manquer, je manque à mes proches et j’ai
maintenant envie de retrouver mon autre vie, celle du clan familiale,
celle du travail, celle de ma maison.

Nous affichons ce soir 174 Miles au compteur alors que nous mouillons
l’ancre dans la Caleta Mariúccia qui se trouve sur le Canal
Abandonados, lui-même non cartographié. L’endroit est encore une fois
sauvage, calme et grandiose et le temps magnifique de cette fin
d’après-midi le rend encore plus beau.

A bientĂ´t


Jean-Louis
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