Journal de bord de l'Harmattan
Sun, 05 Mar 2017 22:00:00 - 51°55S 73°03W
N° 977 - Le passage des rapides



19h00 heure du bord, 22h00 TU et 23h00 en France.
A Puerto Natales

Bonjour Ă  tous,

Ce matin tout l’équipage est excité car nous attend devant l’étrave le
fameux « Angostura White » que j’ai traduis par « Rapides blancs ».
Comment va se passer cette nouvelle aventure ?

En effet, Puerto Natales se situe dans l’énorme bassin appelé « Ultima
Esperanza ». A chaque marée cet immense plan d’eau ne peut se vider ou
se remplir que par deux étroits passages, « Angostura Kirk » et «
Angostura White ».

Dans ces véritables goulets d’étranglement le courant de marée est le
plus important de toute la côte chilienne, il peut atteindre jusqu’à
14 Nœuds !!!! J’ai cherché à traduire le mot « Angostura » mais mon
traducteur ne le connait pas. Sans imaginer des chutes, j’ai quand
même pensé à « Rapides blancs ». C’est très impressionnant !

L’Angostura Kirk est recommandé, c’est celui-ci qu’empruntent les
pêcheurs. Mais, d’après le guide, le fjord menant à l’Angostura White,
le Canal Santa Maria offre des paysages spectaculaires aussi nous
n’avons pas pu résister à emprunter ce passage. Nous avons d’ailleurs
été émerveillés pas ce parcours.

Il n’est bien entendu pas pensable et même impossible de passer ces
rapides avec un tel courant. Cela peut mĂŞme ĂŞtre extrĂŞmement dangereux
avec beaucoup moins de courant. Aussi, l’idéal est de passer à l’étale
de pleine mer. Reste maintenant à déterminer à quel moment exact se
produit celle-ci à cet endroit précis.

L’exercice s’avère difficile car les trois sources d’information que
nous avons à bord ne sont pas d’accord entre elles. Comme toujours,
dans les cas compliqués, Pierre-Yves est notre sauveur. Contacté par
mail il nous précise que cela devrait se passer à 10h37.

Nous décidons d’arriver dans ce passage difficile qui s’étend sur
environ 2 Miles un peu avant d’une part pour ne pas rater l’heure et
d’autre part pour bénéficier d’un courant portant plus favorable qu’un
courant contraire.

Je remonte l’ancre à 8 heures, il fait un temps magnifique, pas un
souffle d’air, grand soleil sur les sommets enneigés environnant, la
mer est un lac, un véritable miroir. Tout l’équipage est sur le pont
mais finalement nous ne voyons rien de spectaculaire.

A deux endroits nous passons dans des petits remous et des tourbillons
mais le courant ne dépasse pas 2 Nœuds. A un moment Harmattan part
brutalement sur tribord mais le ramener dans la bonne direction est un
jeu d’enfant. Nous qui pensions passer comme un suppositoire en avons
pour notre argent.

Ensuite c’est la remonté du très peu profond Golfo Almirante Montt.
Nous sommes surpris de découvrir un environnement totalement
différent. Devant nous il n’y a plus de montagnes, ce ne sont que des
paysages plats à perte de vue. En fait la cordillère est derrière
nous.

Puis vient le Canal Seńoret et l’approche de Puerto Natales. A 11h15
nous commençons à apercevoir les premières traces de civilisation
depuis notre passage devant Ushuaia le 17 février. Puis la ville se
dévoile progressivement. La population est d’environ 17 000 personnes,
c’est déjà assez grand.

Nous passons une amarre sur une bouée, juste devant le centre ville à
13h25 et partons rapidement nous dégourdir les jambes en allant à la
banque, à la gare centrale des bus et à la recherche d’un bar qui
combine bière et WIFI. Ce n’est pas facile mais nous finissons par
trouver.

En ville il fait une chaleur pas possible, nous Ă©touffons avec nos
sous-vêtements thermolactyls. Je ne vais pas m’attarder ici, je
connais déjà et il n’y a pas grand-chose à y faire.

A bientĂ´t


Jean-Louis
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