Journal de bord de l'Harmattan
Mon, 24 Oct 2016 18:00:00 - En Bus entre Santiago du Chili et Buenos Aires
N° 914 - TraversĂ©e de la Cordillère des Andes



15h heure locale, 18hTU, 20h en France.


Bonjour Ă  tous,

En quittant l’appartement à 7 heures ce matin nous avons pu remercier
Alan pour son accueil. A deux stations de métro nous trouvons notre
bus « semi cama » (semi lit) qui part à 7h45 pour Mendoza. Je suis
excité comme une puce par cette nouvelle journée merveilleuse qui
s’annonce, 1500 kms, 24 heures de bus. Que la vie est belle !

Dès que nous quittons Santiago nous sommes entourés de vignes, c’est
la fameuse « Vallée Centrale » où sont produits la plus part des
excellents vins chiliens. Puis, vers 9 heures nous traversons « Los
Andes » et quittons l’autoroute pour attaquer la montagne. La route
longe un torrent dont la fameuse couleur de petit lait indique avec
certitude qu’il provient de la fonte d’un glacier.

BientĂ´t les Ă  pic se creusent, nous sommes au pays des cactus et des
ponts suspendus. Nous en avons traversé un dans le parc Torres del
Paine, c’est assez impressionnant. La pente est rude, le bus peine,
Mendoza n’est plus qu’à 200 kms mais nous n’y serons que dans 6 heures
!

De chaque côté de la route la montagne s’élève presque verticalement
et les sommets atteignent des altitudes incroyable. Nous avons laissé
les nuages bas dans la vallée et les cimes faites de roche et de neige
se découpent parfaitement dans le ciel bleu. Par endroit des morceaux
de coton tout blanc s’accrochent aux rochers.

Nous attaquons maintenant une pente incroyable, presque une falaise,
les virages en épingle se succèdent à l’infini puis tout en bas de la
pente, de là où nous venons, les camions que nous avons croisés nous
apparaissent tels de toutes petites fourmis. Par endroits de
magnifiques condors glissent dans le vent Ă  la recherche de
nourriture.

A 10 heures nous atteignons la frontière à 3200 mètres d’altitude. Un
tunnel a été creusé qui évite de devoir monter à 3800 mètres comme
cela était le cas avec l’ancienne route. Nous ne nous arrêtons pas, il
faut redescendre pendant une demi-heure avant d’atteindre le poste
frontière « integrado » entre les deux pays. Dans la guérite une
chilienne et un argentin se passent les passeports. Mais il faut tout
de même passer par la douane argentine qui scanne et vérifie tous les
bagages. Nous repartons passé midi.

Un peu plus loin sur la droite je découvre « Le pont de l’Incas » avec
ses belles couleurs ocre jaunes et rouges. Quelle chance car rien ne
l’indique. Heureusement je savais qu’il se situait à 2700 mètres
d’altitude et je suis en permanence notre route grâce à mon GPS. C’est
un pont semi-naturel, une grande arche réalisé par les Incas qui
avaient compris que l’eau chargée de sel et de souffre déposait des
sédiments. Ils en avaient détourné le cours afin de former cette
arche.

Comme c’est étonnant ! Le paysage, la topographie des lieux, tout à
changé. Nous redescendons côté argentin par l’ancien lit d’un glacier.
Sur plusieurs dizaines de kilomètres cette vallée presque rectiligne
descend jusqu’à des altitudes plus raisonnables.

Je n’ai jamais rien vu de tel ! Cette vallée absolument plate, où ne
pousse que de l’herbe rase, descend régulièrement entre deux immenses
falaises presque verticales de couleur marron, rouge ou jaune. Sa
largeur doit être comprise entre 2 et 3 kilomètres. Au milieu est
creusée une tranchée, le lit d’un énorme fleuve.

Les flans en sont absolument verticaux. Elle mesure 50 mètres de
profondeur sur environ 200 mètres de large. Son fond est absolument
plat mais au milieu, encaissé de quelques mètres circule une petite
rivière d’une quinzaine de mètres de large !

C’est un véritable décor de western d’autant plus que la route est
longée par un chemin de fer à écartement super étroit comme dans
l’ouest américain. Par endroit il franchit des ravins sur de tout
petits ponts en acier posés sur des tours en pierre et régulièrement
des petites gares en bois peint de couleur vive sont équipées des
fameux châteaux d’eau tout rond, en acier rouillé, surplombant une
gouttière mobile permettant d’alimenter la machine à vapeur en eau.

Vers 13h30 nous avons atteint la fin de cette vallée glacière, il y a
une petite ville puis, à la sortie un parking permet d’apercevoir
l’Aconcagua. Dommage, le bus de ligne ne s’arrête pas mais ce n’est
pas très grave, je suis déjà totalement comblé.

Maintenant nous sommes dans d’étroites gorges formées par le torrent
de fonte. Le temps s’est gâté, il pleut, le ciel est bouché et nous
continuons notre descente sur cette route sinueuse et encaissée vers
la fameuse vallée de Mendoza, là où sont produits les excellents vins
argentins.

La couleur des roches friables et de la terre durant toute cette route
m’a émerveillé. Il y toutes les nuances de rouge, de pourpre, de
jaune, de vert. Les excroissances de roche dure, les canyons, les
petits buissons verts sur ces paysages me font penser aux films de
western.

A 14h nous voyons les premières vignes puis ce sont les « Cavo de Vino
». Nous arrivons enfin au terminal de bus de Mendoza à 14h30 avec une
heure d’avance. Nous devons maintenant attendre notre bus « Premium
Class » qui part pour Buenos Aires ce soir à 18h45.

A bientĂ´t


Jean-Louis
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