Journal de bord de l'Harmattan
Sat, 08 Oct 2016 22:00:00 - Aires, à 34°39 S 58°08 W
N° 903 - Bonjour Argentine



Juste devant Buenos

Bonjour Ă  tous,

C’est toujours très excitant d’arriver dans un pays que l’on ne connait pas. En effet je ne suis passé en Argentine que quelques heures lors de ma visite aux chutes d’Iguaçu.

Je vais bientôt mouiller juste devant Buenos Aires car je suis épuisé. La traversée a été pénible, Ce fut un moment que tous les marins connaissent, lorsque l’on se demande qu’est-ce que l’on est venu foutre ici. Cela a duré toute la nuit, vent et courant dans le nez pour essayer de passer Montevideo avec au programme froid, pluies et orages.

Le bateau n’avance pas à plus d’un nœud au moteur, il saute dans tous les sens et la nuit n’en finie pas. J’ai l’impression de passer le cap Sicié par fort mistral. Je n’ai pas encore pu monter ma grand voile alors j’envoie un peu de génois mais seul au près ce n’est pas terrible d’autant plus que le vent tourne et il n’y a pas d’espace pour louvoyer.

Ce n’est que ce soir que les choses se calment complètement et j’en profite pour ranger le désordre indescriptible qui règne dans ce bateau. J’ai été pas mal barbouillé et je n’ai pas pu avaler grand-chose. Les médicaments de ce matin pris avec un peu de jus d’orange sont partis à la cuvette en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire.

Ah ! J’oubliais, mais pour que la remise en jambes soit parfaite et pour améliorer l’ambiance alors que je n’ai pas besoin de cela j’entends soudain un couinement. C’est l’alarme de souillarde pleine. Je commence par lancer la pompe et je cherche d’où peut bien venir toute cette eau.

C’est assez facile et je trouve rapidement. Le soufflet entre le tube d’étambau (la coque) et l’arbre d’hélice fuit comme une passoire. Impossible de réparer, tout cela est en mouvement. Je me résigne donc à pomper toutes les heures et j’en profite pour faire l’inventaire de mes moyens d’épuisement au cas où la pompe électrique me lâcherait.

Mais tout cela est du passé, ce soir le ciel est bleu et c’est calme plat aussi bien au niveau du vent que de la mer. Par contre pour l’eau ce n’est pas ça du tout. Sa couleur café au lait ressemble à celle de tous les grands fleuves qui charrient les alluvions des espaces qu’ils traversent.

J’aime à la folie l’eau pure, celle que l’on rencontre dans les criques sauvages de Corse, de Croatie, de Grèce, de Turquie… J’aime pouvoir compter les petits grains de sable alors qu’il y a 6 mètres d’eau sous la quille. J’ai adoré plonger dans le parc des calanques à Marseille car je m’imaginais être dans un aquarium remplie à l’eau d’Evian.

J’ai vu un groupe d’amateurs à Piriapolis qui s’apprêtaient à plonger. Equipés de combinaisons et de bouteilles je me suis bien demandé qu’est-ce qu’ils pouvaient attendre de ce moment alors que la visibilité n’excède pas le mètre. Et je ne vous dis même pas mon sentiment, cette nuit et aujourd’hui, en voyant le pont d’Harmattan recouvert en permanence de ce liquide marron.

Du coup ma capote a subit son baptême du feu. Il va falloir que je trouve quelqu’un afin de faire reprendre les défauts les plus importants car si je descends ainsi en Patagonie elle va partir immédiatement en lambeaux. Un seul exemple, pour la fenêtre de devant Adriana s’est contentée de la découper et de coudre avec une seule couture une fermeture éclaire sans même faire un ourlet n’y apposer un renfort ! Et le pire c’est que je n’ai rien vu !

Demain j’ai encore une matinée de navigation avant d’arriver à la marina, puis ce sera les formalités d’entrée.

Je n’ai pas dormi depuis 36 heures et je regarde ma couchette avec beaucoup d’envie. Malheureusement il va falloir que je trouve autre chose car elle est totalement trempée par les paquets de mer.

162 Miles au compteur depuis Piriapolis.

A bientĂ´t

Jezan-Louis
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