Journal de bord de l'Harmattan
Sat, 25 Jun 2016 17:00:00 - A Arromanches
N° 889 - Weekend Ă  Arromanches les Bains



19h heure locale, 17hTU.


Bonjour Ă  tous,

Je me promène sur le bord de mer à Arromanches ce vendredi soir 24
juin 2016, regardant les restes du port artificiel construit par les
alliés lors du débarquement du 6 juin 1944. Sur les trois « chalets »
du bord de mer deux sont toujours debout, magnifiques avec leurs
vieilles pierres au milieu de toutes ces constructions un peu trop
modernes.

Ils existaient déjà en 1944 et j’imagine avec beaucoup d’émotion le
tableau qui s’est dessiné lorsque l’aube a pointée en ce matin
historique du D Day, 4266 navires de transport et 722 navires de
guerre s’approchant des côtes normandes, un front de 35 kilomètres de
large, la mer remplie de ces milliers de bateaux.

Les allemands qui occupaient ces chalets ont écarquillé les yeux,
croyant certainement avoir un peu trop forcé sur le Calva la veille au
soir. Du soldat de base au chef le plus haut gradé ils n’y croyaient
pas, se frottant les yeux avec les deux poings. Ils se sont pincés,
ils ont échangé entre eux, et voyant que tous vivaient le même
cauchemar les « Schnell » ont fusés dans tous les sens.

Pendant ce temps, Ă  quoi pensaient ces dizaines et ces dizaines de
milliers d’hommes dans les bateaux, beaucoup à peine sortis de
l’adolescence, venant de tous les endroits du monde, remplis
d’angoisse face à ces ennemies qui voulaient conquérir le monde et
qu’ils allaient devoir combattre ?

Quelle journée, quelle victoire, combiens d’actions héroïques, mais
combien de sacrifices ? Combien de vies perdues ? Combien de
lendemains douloureux pour les familles ? Il suffit de prendre une
carte et de constater le nombre et la taille des cimetières de la
région, cimetière américain, cimetière anglais, cimetière canadien,
cimetière allemand …

Les guerres ont toujours existées, depuis la nuit des temps elles ont
fait rage en Europe, nous avons passé notre temps à nous battre contre
nos voisins anglais, allemands, italiens, espagnols …

Mais depuis quelques dizaines d’années nous avons battis l’Europe, le
marché unique, l’Euro, la libre circulation des biens et des
personnes. Aujourd’hui les allemands sont nos amis, nous allons en
vacance en Espagne, nous aimons les italiens, nos jeunes vont
travailler en Angleterre. Aujourd’hui, grâce à l’Europe nous vivons
une situation « anormale » au sens premier du terme par rapport aux
siècles passés, nous vivons en paix !

Et puis ce matin patatras, grand coup de tonnerre dans un ciel qui
n’est certes pas tout bleu, le Royaume Uni vote pour quitter l’Europe.
Est-ce un bien où est-ce un mal ? Je suis sidéré de voir certains
exploser de joie devant cette nouvelle. Je ne suis pas non plus
persuadé que la terre va s’arrêter de tourner comme le pensent
d’autres.

A l’époque où nous vivons l’économie est mondiale, il faut être fort
et un pays isolé, même de la taille du Royaume Uni aura je pense,
beaucoup de mal à exister. D’autant plus que le fameux Royaume risque
de ne plus être uni très longtemps.

Je me souviens de l’état de ce pays lorsqu’il a sollicité son entrée
dans l’Europe, ses difficultés étaient immenses et le niveau de vie
très bas. Mais le divorce était inéluctable, lorsque l’on se marie on
ne peut pas vouloir toujours ne profiter que du meilleur.

Je pense que l’Europe doit absolument se réformer, ce n’est pas son
rĂ´le de se mĂŞler de tout (exemple : la normalisation de la courbure
des cucurbitacées !!!!). Mais comme pour la France, c’est une question
d’homme, il faut avoir une vrai vision de l’avenir et ne centraliser
que ce qui est absolument nécessaire en laissant tout le reste au plan
local.

Ne sommes nous pas là aux limites de la démocratie ? Le peuple a-t-il
les compétences pour répondre à une telle alternative ? Il peut
exprimer son désaccord sur la situation mais je pense que seuls
quelques économistes sont capables de juger s’il vaut mieux que le
pays reste dans l’Europe ou en sorte afin d’obtenir la meilleure
situation sociale et Ă©conomique Ă  moyen et long terme.

Toute difficulté porte en elle les germes du mieux, l’électrochoc
sera-t-il assez puissant pour faire évoluer le système dans le bon
sens ?

A bientĂ´t

Jean-Louis
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