Journal de bord de l'Harmattan
Thu, 09 Jun 2016 16:00:00 - A Cergy Pontoise
N° 888 - La France en ALD



18h heure locale, 16hTU.


Bonjour Ă  tous,

Lorsque le néphrologue vous annonce « Nous allons devoir vous dialyser
» c’est comme un énorme coup de tonnerre dans un ciel sans nuage.
L’hémodialyse avec toutes ses contraintes est suffisamment répandue en
France pour que tout un chacun sache à quoi s’en tenir sur ce que va
ĂŞtre sa nouvelle vie.

Pour ma part je suis prévenu depuis une quinzaine d’années, je m’y
attends et pourtant j’ai l’impression de rentrer dans une forteresse
et juste derrière moi une énorme grille d’acier se referme sur ma vie
antérieure faite d’une totale liberté. A côté l’annonce de mon premier
cancer, « j’ai trouvé des cellules mauvaises », m’avait laissé tout à
fait froid.

Et pourtant, je ne l’ai jamais dit, j’ose à peine le formuler
tellement j’ai peur de choquer mais pour être franc je trouve
aujourd’hui que cette maladie est pour moi une énorme chance. Les
contraintes que je craignais ont été minimes, par contre la maladie et
ce challenge à relever m’ont énormément apporté, ma vie a pris une
intensité jamais égalée.

Les difficultés peuvent souvent être un point d’appuie formidable pour
rebondir. Comme pour la boule qui roule dans le flipper, la rencontre
d’un bumper vous relance avec une énergie nouvelle. Mais,
malheureusement beaucoup trop baissent les bras, c’est le « Tilt » et
la boule descend inexorablement vers son destin final.

La création de mon blog et la résonnance médiatique liée à l’exploit
m’ont apporté des contacts dans le monde entier. Mon blog est lu plus
ou moins régulièrement dans des dizaines de pays à travers le monde.
Certains des lecteurs sont des amis avec qui je reste en contact et
j’ai ainsi une idée assez précise de la perception de notre pays à
travers le monde.

Il y a deux mois j’ai déjeuné sur Paris avec Cybèle qui vit depuis des
dizaines d’années sur la côte Est des Etats Unis (New-York).
Dernièrement j’ai rencontré Denis et Marie-Hélène qui vivent
maintenant en Uruguay après avoir parcouru le monde pour le travail de
Denis en tant qu’émigrés. La semaine dernière j’ai déjeuné sur Paris
avec Dominique et sa femme Yvonne. Dominique a fait sa vie au Panama.

Mardi j’ai passé la journée avec Gilles et Suzy de Portland sur la
côte Ouest des Etats unis. Gilles, un copain d’armée a parcouru le
monde entier en tant que spécialiste des engins de forage au fond des
mines. Et Hier c’était avec ma copine Li, guide touristique à Pékin.

Bien sûr tous m’ont parlé de l’état de la France vue de leurs pays
respectifs. Nous n’en avons pas forcément conscience mais les
télévisions nationales de tous les pays du monde se penchent sur notre
pays comme le médecin sur un malade atteint d’une ALD (Affection de
longue durée).

Il y a le déclin économique constant, Charlie, le Bataclan,
l’incompétence abyssale de notre gouvernement, la chemise arrachée du
directeur des ressources humaines chez Air France et maintenant les
inondations et surtout le climat social avec toutes les dérives de
violences, les pneus en feu, les casseurs cagoulés, les policiers
grillés dans leurs véhicules ...
Aux Ă©tats unis deux points reviennent en permanence :
- Rien ne tombe du ciel, si tu veux quelque chose tu bosses
- Le droit de grève est là mais « on ne se souvient même plus quand a
eu lieu la dernière » et la police fait régner l’ordre.
En chine c’est plus simple, la grève est interdite. J’explique à Li
que nous sommes favorables au droit de grève mais que celui-ci ne
comporte pas le droit de tout bloquer. « Il faut l’interdire ! »

Comment lui expliquer qu’en France les gouvernements successifs font
preuve de laxisme et qu’il y a bien longtemps que plus rien n’est fait
pour faire respecter la loi ? Comment lui dire que notre pays n’est
plus une démocratie, que ce n’est plus la majorité qui gouverne mais
la minorité qui possède le privilège de pouvoir bloquer le pays ?

La situation est grave, l’image du pays est extrêmement dégradée.
L’impacte sur la fréquentation touristique va être catastrophique.
Comment sortir de ce chemin qui nous conduit droit dans le mur ? Une
révolution serait une énorme catastrophe, une dictature également. Il
faudrait comme je l’ai vu à Singapour une démocratie autoritaire.

Nous avons juste besoin d’un gouvernement capable de faire respecter
les lois, de dissoudre immédiatement un syndicat qui ne respecterait
pas celles-ci tel bloquer les routes, couper les approvisionnements,
faire des opérations escargot, empêcher le travail des non grévistes,
bloquer les postes d’aiguillage …

Le pays a besoin d’autorité. L’homme ou la femme capable de faire
régner l’ordre afin de remettre la France sur les rails arrivera-t-il
Ă  temps ?

A bientĂ´t

Jean-Louis
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