Journal de bord de l'Harmattan
Tue, 09 Feb 2016 22:00:00 - 24°00 S 46°19 W
N° 853 - Route vers Baia de Santos



20h00 heure du bord, 22hTU et 23h00 en France.


Bonjour Ă  tous,

Il fait encore nuit noir ce matin lorsque je relève mon ancre.
Heureusement j’ai ma frontale et je connais la manœuvre. Le Carnaval
se terminait hier soir mais sur la plage c’est encore la fête en cette
heure si matinale. Malgré le bruit et les rafales de vent qui
dégringolaient de la montagne j’ai dormi comme un bébé.

Lorsque je sors du chenal entre São Sebastiào et Ilhabella, l’aube
commence Ă  pointer au dessus du Mont Serraria sur Ilhabella. Il
culmine à 1269 mètres. Les couleurs sont belles, du jaune, de
l’orange, du violet, la mer est absolument plate et Harmattan écarte
l’eau de son étrave en faisant un bruit de soie déchirée. Je suis
bien, encore un moment béni des Dieux.

Je repense à ces centaines de yachts croisés hier et je me rends
compte combien les différences sociales peuvent être importantes au
Brésil. Pedro mon copain plaisancier brésilien rencontré hier matin
sur Ilha Anchieta me disait avoir 61 ans et avoir pris sa retraite. Il
était dans les photocopieurs. Quel discoure différent de celui de Luiz
qui me disait que les retraites n’existaient plus.

Je crois qu’ici, comme dans beaucoup de pays, l’éducation est un
facteur essentiel de la réussite. La maitrise de la langue anglaise
est primordiale, elle permet d’accéder au commerce international et
comme extrêmement peu de brésiliens pratiquent cette langue il est
très facile de se faire une place au soleil. Celui qui veut et qui est
tenace peut avoir une réussite exceptionnelle. Je pense cependant que,
comme dans beaucoup de pays, c’est plus facile pour ceux qui ont la
peau claire.

Il est 10h45, le capitaine est lavé, il sent bon. Il fait encore frais
dans le bateau avec un petit courant d’air agréable alors que dehors
le soleil commence à taper très fort. J’ai refait ma couchette, tout
est propre, le milieu de matinée est souvent un moment sympa. Il n’y a
pas de vent, le moteur ronronne gentiment, la radio diffuse de la
musique brésilienne et je viens d’apercevoir ma première baleine.

C’est une longue journée qui m’attend car je dois mouiller ce soir
dans la baie de Santos, le grand port brésilien qui approvisionne São
Paulo. Je suis obligé de faire un stop car je dois pointer en entrée
et en sortie de chaque Ă©tat Ă  la Capitania Dos Portos. Ici je vais
faire d’une pierre deux coups et je vais déclarer mon entrée et ma
sortie en mĂŞme temps.

Midi, dehors la chaleur est intenable, le soleil tape fort dans un
ciel sans nuages. Pourtant je ne suis plus sous les tropiques car j’ai
croisé le Tropique du Capricorne (23° 26’ 14’’) avant-hier, encore une
fois je n’ai rien vu. Sur la FM Adèle passe en boucle, je pourrais
être dans la baie de Marseille en plein mois d’Août.

Puis, juste avant la sieste un petit vent de travers se lève et
Harmattan se met Ă  filer en labourant la mer joyeusement. Mais cela ne
dure pas très longtemps, à 16h30 j’enroule le génois qui bat et pousse
les chaudières.

C’est maintenant le moment de la vaisselle, je la fais une fois par
jour, après la sieste. Je regarde par le hublot un bateau de pêche, il
est ancré là, en pleine mer et attend certainement des heures plus
propices pour reprendre le travail.

La terre s’est beaucoup rapprochée, je longe maintenant Ilha de Santo
Amaro dont je vais devoir faire le tour, le port se trouvant sur
l’autre côté, à une quinzaine de Miles. Je passe devant la station
balnéaire de Guaruja qui se trouve à seulement 80 Kms de São Paulo.
Sur une dizaine de kilomètres la côte est déformée par les immenses
tours d’habitation secondaire des Paulistes aisés.

Je jette l’ancre à 19h45 dans l’entrée du port de Santos. 14 h de mer,
57 Miles, longue journée.

A bientĂ´t


Jean-Louis
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