Journal de bord de l'Harmattan
Tue, 12 May 2015 19:00:00 - 22°58S 42°01W
N° 804 - Et puis il faut bien se quitter



16h00 heure du bord, 19h00 TU, 21h00 en France.
A Arraial do Cabo


Bonjour Ă  tous,

Le principal attrait des voyages et surtout des voyages en solitaire
est que naturellement les rencontres se succèdent et le bonheur se
trouve souvent au rendez-vous.

Mais parfois c’est encore plus fort. Je viens de faire une rencontre
réellement exceptionnelle, une rencontre qui va marquer le fil de ma
vie d’une pierre blanche, une rencontre qui a créé des liens si sérés
qu’ils seront indestructibles pour le reste de mes jours. Merci le
hasard, merci la vie.

Il faut dire que tout était en place puis tout s’est encliqueté pour
concourir à faire du croisement de nos routes une véritable explosion
de sentiments d’une intensité rare. Il est dix heures ce matin et
Ornella vient de se rapprocher une dernière fois d’Harmattan, photos,
envoie de bisous, agitation de mains, promesses de se revoir très vite
et puis, quand même, ce petit sentiment de tristesse au fond du cœur.

Il faut dire que depuis douze jours, mis Ă  part quelques rares
exceptions nous avons déjeuné et dîné ensemble tous les jours et
souvent pris le petit déjeuner également ensemble.

Cette fameuse nuit, ces instants oĂą il a fallu agir pour Ă©viter
qu’Ornella finisse à la côte reviennent souvent dans nos conversations
et je pense que ce moment est le béton qui a scellé à jamais notre
amitié.

Mais revenons quelques jours en arrière. Mercredi dernier nous avons
réussi à mettre en place le hauban neuf sur Ornella, plus rien ne me
retient ici mais des liens si forts se sont tissés entre nous que je
n’ai plus envie de partir. A un moment donné il faut bien prendre une
décision, ma famille me manque également et vendredi je décide de
bouger le lendemain matin, de passer une dernière journée dans une
petite crique sympa un peu plus loin puis de prendre la mer pour Rio
le soir mĂŞme.

Je lève donc l’ancre samedi à 6 heures, Ornella doit venir me
rejoindre dans cette crique vers 9 heures afin de passer une dernière
journée ensemble. Mais les évènements en ont décidés autrement. A 6h45
je mouille à nouveau dans l’Enseada dos Anjos (La baie des anges).

Le moteur ratatouille, ne prend pas ses tours, le lock est Ă  nettoyer
et l’alarme « moteur chaud » est active en permanence. Je passe une
partie de la journée à réparer (nettoyage décanteur, changement filtre
GO …) et le programme est reporté d’une journée.

Donc, dimanche matin je lève à nouveau l’ancre à 6 heures. Pour aller
Ă  cette crique il faut passer par un passage difficile avec un seuil Ă 
1,8m alors qu’Harmattan a un tirant d’eau de 2 mètres. C’est marrée
haute avec 90 cm d’amplitude, cela doit passer. Mais au moment où je
me présente mon écran de navigation tombe en panne. Emmanché dans la
passe je suis obligé de continuer mais je suis maintenant bloqué dans
cette crique.

Vers 8h30 Ornella se présente, par VHF j’explique à Christian mon
problème et je lui demande de me guider pour ressortir de cet endroit.
Nous allons ensuite mouiller dans une crique plus abritée et plus
proche de la ville. Dans cet endroit nous sommes trois bateau,
Ornella, Harmattan et …. un sous-marin brésilien. Pas commun !

Lorsqu’il a remonté son ancre, Christian a découvert que la verge est
tordue d’une trentaine de degrés, ceci explique très certainement
qu’Ornella dérapait alors que le vent n’était pas si fort. Nous avons
donc un peu de pain sur la planche pour tout remettre en ordre.

Avec mon écran en panne je suis très handicapé, plus de cartographie,
plus de radar, plus d’AIS, plus rien. Heureusement j’ai le logiciel de
cartographie sur mon ordinateur, je sors un cordon dont la prise USB
qui a fait la tour du monde est toute rouillée et, miracle, j’arrive à
faire apparaître la carte sur l’écran de mon PC. C’est déjà énorme.

Mais hier matin j’arrive à joindre le technicien du constructeur, le
problème de mon écran est un bug, le disque dur est rempli par les
traces de toutes mes pérégrinations à travers le monde. Il me donne
une manipulation (tenir un bouton enfoncé avant de mettre en marche)
l’écran fait une remise à zéro usine et remarche normalement. Je n’ai
plus qu’à refaire mes paramétrages personnels. Ouf !!!!!

J’arrive sur Ornella à 8 heures ce lundi matin, j’ai sorti ma grosse
ancre Fortress, nous remontons le mouillage et nous la mettons Ă  la
place de la Spade. Nous n’avons plus qu’à aller en ville pour trouver
une presse afin de remettre cette verge en ligne. Puis dans
l’après-midi Christian plonge pour nettoyer mon hélice et changer mon
anode.

Tout va bien, ce matin le vent est favorable pour remonter sur Bahia
et mes amis en profitent. Pour moi mon tour viendra certainement jeudi
lorsque le vent aura tourné.

Depuis qu’ils sont partis je vais en permanence au hublot pour
observer l’entrée de la baie, là où Ornella a disparue. Il n’y a rien.
J’aimerais tellement voir apparaître à nouveau ce catamaran mais comme
je détesterais également cette éventualité signe d’un problème pour
mes amis. Comme nous sommes contradictoires parfois, séquence
nostalgie….

A bientĂ´t

Jean-Louis


"Très touchée de voir mes amis BB, CRICRI et DIDI à travers vous, c'est émouvant ! Ils vous estiment énormément et je vous remercie pour tout ce que vous avez fait pour eux ! Je vais vous suivre régulièrement avec plaisir ! Avec toute mon admiration, je vous souhaite bon vent !"

Envoyé par Elisabeth le 14-05-2015 à 21:42

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