Journal de bord de l'Harmattan
Thu, 05 Feb 2015 10:00:00 - 12° 59 S, 38° 31 W
N° 774 - Premier jour Ă  Salvador de Bahia

21h00 en France, 7h00 heure du bord.



Bonjour Ă  tous,

L’arrivée d’une longue traversée voit le cours de la vie s’accélérer
brutalement au point d’être totalement débordé par les urgences. C’est
ce qui s’est passé mardi soir lors ce que nous sommes entrés dans la
baie de tous les saints.

Dès que nous contournons le phare Santo Antônio da Barra qui marque
l’entré de la baie, le vent forcit brutalement à plus de 20 Nœuds et
il va être difficile d’entrer dans une marina inconnue avec Harmattan
et sa quille longue qui le rend quasi in-manœuvrable au port.

Nous approchons de Bahia Marina, multiples appels Ă  la VHF sans
réponses. Le guide nautique dit « Attendre l’arrivée de l’employé du
port en canot pneumatique ». Nous avons beau attendre rien ne se
passe. Le guide est de 2009, il a pu s’en passer des choses depuis ce
temps.

Je décide alors d’aller voir l’autre marina mais, même déception. Il
n’est que 17 heures, est-ce trop tard ? Finalement je rejoints un
emplacement de mouillage et jette l’ancre pour la nuit. Tout s’arrête
alors, le bateau flotte doucement, tout est calme, que c’est bon de se
retrouver ainsi au mouillage après 22 jours de mer.

Après avoir mis à jour mon livre de bord j’entreprends de tester le
moteur hors-bord avant de mettre à l’eau l’annexe, de l’équiper du
moteur et nous partons en reconnaissance Ă  Bahia Marina. Quelle
impression avons-nous pu faire en débarquant ? Deux baroudeurs la peau
tannée par le soleil, l’un avec une grande barbe et un chapeau à
l’Indiana Jones l’autre avec une barbe de plusieurs jours qui titubent
en marchant comme s’ils étaient totalement saoulent.

Heureusement, après quelques minutes notre cerveau se rend compte que
nous sommes sur la terre ferme et notre comportement s’améliore
rapidement. Cette marina ne comporte pratiquement que de très gros
yachts à moteur, tout est hyper chic et manifestement ce n’est pas
pour nous. Nous discutons avec un passant qui nous confirme que nous
serons certainement mieux à l’autre marina.

Néanmoins, après être revenus au bateau pour le préparer pour la nuit,
nous changer et prendre les médicaments, nous retournons à Bahia
Marina pour fêter cette superbe ballade. C’est délicieux, j’apprécie
l’excellente viande rouge dont je n’ai pas mangé un morceau depuis
trois semaines.

Après une nuit agréable, je relève l’ancre et nous nous dirigeons vers
la marina Terminal Nautico. Comme hier la capitainerie ne répond pas,
mais comme le vent est tombé je peux entrer dans la marina et nous
sommes accueillis par une bande de français qui représentent la
quasi-totalité des bateaux amarrés ici. On nous aide, Harmattan est
amarré et c’est à ce moment que se termine réellement la traversée.

La journée entière est consacrée aux formalités qui sont extrêmement
longues ici. La palme revenant Ă  cette jeune fonctionnaire des douanes
qui, possédant une cuillère à café de pouvoir, s’emploie à la faire
mousser de façon à en obtenir un plein saladier. Elle s’est ainsi
taillé une belle réputation auprès des randonneurs d’océans.

Ma première impression sur la ville est l’étonnement. Aux Canaries,
avec la langue espagnole, il est très aisé de se comprendre et j’étais
persuadé que ce serait pareil ici avec le portugais. Il n’en est rien,
tout est absolument incompréhensible et comme l’anglais est très peu
parlé la communication est difficile. Peut-être faut-il patienter, je
vais apprendre des mots et cela va mettre un peu d’huile là dedans.

Une autre surprise est l’état de délabrement de cette partie de ville
avec de nombreux grands immeubles abandonnés et sur le point de
s’effondrer pour certains, des favélas par ci par là et une population
bigarrée avec absolument partout des vendeurs à la sauvette.

Bien qu’étant très bien placés, en plein centre ville, au pied de
l’elevador Lacerda qui permet d’atteindre la ville haute, le centre
historique et touristique de Salvador, la marina est entourée de
hautes grilles métalliques et gardée en permanence. La porte est
fermée et le gardien vous ouvre à chaque passage. Il est très
fortement déconseillé de sortir après la tombée de la nuit.

Aujourd’hui je vais m’occuper du bateau, rincer, nettoyer, laver,
réparer … il y a du boulot.

A bientĂ´t

Jean-Louis
Sommaire
Commentaire
Précédent
Suivant