Journal de bord de l'Harmattan
Sat, 25 Oct 2014 18:00:00 - 34° 48’ N 7° 38’ W
N° 735 - La flemme

20h00 en France, 19h00 heure du bord.
Dans l’Atlantique, à 60 Miles au large de Rabat



Bonjour Ă  tous,

Quel énorme coup de flemme ! Je n’ai envie de rien, je n’ai besoin de rien,
je me laisse vivre et c’est tout. Mais que c’est bon ! Depuis mon retour de
Turquie, mi-octobre 2013, je n’ai pas arrêté. Que ce soit à Cergy « au
boulot » ou à Port Saint Louis du Rhône lorsque je suis « au bateau », je
travail en permanence sans trop prendre de repos.

J’ai toujours fonctionné ainsi, pour moi le samedi et le dimanche sont des
jours comme les autres. L’interdiction du travail le dimanche me hérisse au
plus haut point. Au fronton de toutes nos mairies il me semble qu’il est
écrit « Liberté ». On l’oublie beaucoup trop souvent.

Je ne me souviens plus du dernier livre que j’ai lu, c’était il y a bien
plus d’un an. Pas le temps. Du coup j’emporte avec moi un grand sac plein de
livres que l’on m’a offert à diverses occasions mais que je n’ai jamais
ouvert. Maintenant j’attends que l’envie revienne. Pour l’instant elle n’est
pas lĂ .

A bord, Jacky est passager, il se repose, il lit, il profite du soleil et
tourne quelques winchs de temps en temps. Pour ma part je m’occupe du bateau
comme si j’étais en solitaire et cette organisation nous convient
parfaitement. C’est moi qui prépare les repas et Jacky fait la vaisselle.
Parfois il me met la pression, en milieu de matinée c’était « Ha c’est
samedi, on va avoir un bon repas ! »

En fait, je passe beaucoup de temps à préparer non seulement de bon repas
mais également des repas bien présentés. Pour moi un bon repas n’existe pas
sans commencer par le plaisir des yeux. J’adore cuisiner mais il faut du
temps et souvent je n’en ai pas. Alors dans le bateau je me rattrape sans
pour autant faire des recettes compliquées.

Sinon je prends du temps pour observer la mer, pour laisser mon esprit
galoper librement mais également pour méditer. J’observe aussi mon bateau,
je règle, j’ajuste, je retrouve mes marques et tout mon plaisir de naviguer.
Lorsque j’ai dû me lever au milieu de la nuit pour prendre un ris, je ne me
souvenais plus du bonheur que procure la satisfaction du travail bien fait
au moment oĂą je retourne dans ma couchette.

Jusqu’à présent mes nuits ont été très occupées. La nuit dernière comme nous
étions encore proches des côtes, toute la première partie de nuit j’ai dû
gérer le problème des pêcheurs. L’alarme collision n’a pas arrêté. La
journée je dois compléter mon manque de sommeil et je passe également du
temps à somnoler. L’endroit idéal étant le cockpit, abrité par la capote,
réchauffé par les rayons du soleil et bercé par les mouvements lents du
bateau. J’aime bien également les banquettes du carré.

Hier soir, en passant devant Tanger nous avons eu un peu de porteuse sur nos
téléphones. Ceux-ci se sont immédiatement mis à l’heure marocaine qui est
devenue l’heure du bord. Normalement j’aurais dû attendre d’avoir passé les
7,5 degrés de longitude Ouest. En général je procède ainsi : l’heure change
tous les 15 degrés de longitude (360/24). Comme le méridien de base, celui
de Greenwich, est le point zéro, le premier changement à lieu à 7,5 degrés
puis tous les 15 degrés.

C’est extrêmement agréable de retrouver l’Atlantique. J’aime
particulièrement cet océan. Il fait beau, la mer est calme, le vent est
faible et pas très stable en direction. Le moteur fonctionne souvent mais
cela ne nous gĂŞne pas. Au ralenti il ne fait que ronronner gentiment. Jacky,
dont la cabine jouxte la salle machine dit que le bruit du moteur le berce.

Nous avons droit tout de mĂŞme Ă  de bons coups de voile, exemple hier au soir
lorsqu’Harmattan filait 7 Nœuds sous grand voile seule à deux ris alors que
nous prenions notre dîner dans le carré en ne ressentant que quelques légers
mouvements du bateau. Nous avions l’impression d’être au port ou dans un
mouillage. Harmattan est vraiment idéal pour le grand voyage.

Ce soir c’est la « Saturday Night Fever » mais nous avons décidé de ne pas
sortir, nous la passerons dans nos couchettes.

Voilà pour aujourd’hui. Nous sommes ce soir à 459 Miles de Lanzarote, l’île
la plus proche et nous avons parcouru 1045 Miles depuis le départ.

A bientĂ´t

Jean-Louis
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