Journal de bord de l'Harmattan
Thu, 04 Oct 2012 17:00:00 - 36°24N 6°46W
N° 577 - Mutinerie au large des cĂ´tes de l’Algarve

19H00 en France, 19h heure du bord

Bonjour Ă  tous,

Comme je vous l’écrivais hier soir, à 19 heures, au moment d’envoyer la news quotidienne, je doublais le cap Saint Vincent. Il faut que je vous dresse le décor, ce cap est la partie la plus à l’Ouest d’une péninsule d’environ trois Miles de large s’avançant dans l’océan avec une orientation Nord Est / Sud Ouest. Cette péninsule est un plateau situé à environ 45 mètres au dessus du niveau de la mer. De celui-ci tombe de magnifiques falaises de roche tendre qui font comme un drapé de différentes couleurs.

Du côté NW, c’est donc le cap Saint Vincent qui s’avance dans la mer, il est surmonté de constructions très bien entretenues entourant un grand phare. Du côté SE, c’est la pointe de Sagres. Et puis une baie grandiose, l’ « Enseada do Belixe » relie en arc de cercle ces deux promontoires.

Au moment où je passe, le soleil est légèrement au dessus de l’horizon et il éclaire la scène d’une lumière orangée, vive et très pure. Le spectacle est absolument somptueux, j’en ai le souffle coupé. Comme souvent dans ce genre d’endroit de bout du monde, le vent s’est renforcé, il est autour de 18 Nœuds. Harmattan se régal, il file toutes voiles dehors, légèrement incliné, à plus de huit nœuds en taillant vaillamment la mer. C’est un moment magique comme on en vie peu. Mon copain Pierre-Yves dirait que c’est à pleurer tellement c’est beau. Pour vivre un moment comme celui-ci je serais près à affronter les mers les plus dures.

Je profite à fond du spectacle et passe à table la nuit tombée, le bateau marche bien et je vais me coucher heureux. Lorsque je me réveille vers une heure du matin, tout est à l’arrêt, le vent a tourné et le bateau n’avance plus. Je règle les voiles et remets en route avant de retourner dans ma cabine. Mais à trois heures, je me réveille et tout est à nouveau à l’arrêt, j’ai l’impression que l’on n’a pas fait beaucoup de route. Je suis un peu contrarié et constate que le vent est tombé totalement. J’en veux à Harmattan qui ne me laisse pas dormir normalement.

Je décide de mettre en marche le moteur, je tourne la clef, rien ! Pas le moindre Grrr, Grrr, pas même un tout petit clic indiquant que le relais colle. Seuls les témoins s’éteignent lorsque la clef est tournée puis ils se rallument lorsque je lâche la clef.

Je décide de mettre en marche le groupe électrogène pour avoir un peu plus de tension aux batteries. Il fait un drôle de bruit et je constate que le circuit de refroidissement par eau de mer n’est plus opérationnel. Je le coupe immédiatement et comprends que lui aussi fait parti de la mutinerie. Tout le monde à bord s’est révolté devant la perspective de passer l’hiver abandonné sur un ber en plein Mistral.

On est en plein milieu de la nuit et ma seule envie est de replonger dans les bras de Morphée. C’est moi le Capitaine et j’ai ce qu’il faut pour montrer à tout le monde qui est le chef. Je sors ma boîte à outils et prends mon plus gros tournevis. Je le plaque entre les deux grosses bornes du relais de démarreur et le moteur obtempère immédiatement dans une énorme gerbe d’étincelles. Je pousse la commande de gaz pour que le bateau marche entre 4 et 5 Nœuds et range les outils.

Après avoir passé un petit moment sur la navigation à faire le point, je me dirige vers ma couchette lorsque j’entends le régime moteur qui faiblit tout d’un coup. Non ! Je ne le croie pas. Je saute dans le cockpit et me jette sur la poignée des gaz pour débrayer l’hélice et mettre le moteur au ralenti. Après un moment d’hésitation, le moteur se met à tourner normalement à petite vitesse. Je vais voir dans la salle machine l’état de mon filtre décanteur, tout paraît normal. Je retourne dans le cockpit, essaie de réfléchir. Que faire ? Je retourne auprès de mon filtre décanteur, il y a un tourbillon dans la soucoupe avec plein de bulles puis tout redevient normal. J’essaye de remettre en marche et tout fonctionne normalement. Je pense qu’une saloperie bouchait l’arrivée de gasoil dans le réservoir.

Au petit matin je constate que le bateau n’avance qu’à deux nœuds. Le vent s’est levé de face. Je n’ai pas fait beaucoup de route cette nuit !

C’est une très belle journée qui se termine, encore une journée d’été avec un soleil brillant et pas de vent donc beaucoup de chaleur. Cette nuit va être difficile car je ne vais certainement pas beaucoup dormir, c’est le parcours d’approche de Gibraltar avec la traversée du détroit en tout début de matinée.

Tout de même 105 Miles au compteur aujourd’hui, merci au moteur (J’essaie de recoller les morceaux après la fâcherie de cette nuit).

A bientĂ´t.

Jean-Louis


"Merci pour votre réponse aussi rapide qu Harmattan déboulant sous spi au portant. Je m'enhardis donc pour une autre question. Utlisez-vous un logiciel de routage type MAXSEA et sinon de quels moyens disposez vous pour la prévision météo en haute mer? Bien amicalement"

Envoyé par BEUCHER le 05-10-2012 à 15:49



"Salut l ami, j espere que ton moteur ne fera pas des siennes dans le detroit.. je ne sais pas si tu vas t arreter a Gibraltar, je me suis arrete fin juillet a Queensway quay marina, a l entree a droite, c est tres bien, en plein dans la ville, nouis avons bien aime. Ensuite Agua Dulce dans la baie d Almeria est tres tres bien je t en ai parle par tel la semaine derniere, si tu y vas parles a Jessica ou a Helena de ma part, elles sont tres sympas. Bon vent et bon detroit.. amities JL"

Envoyé par Pierrefeu Jean Louis le 05-10-2012 à 20:24

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