Journal de bord de l'Harmattan
Mon, 2 Apr 2012 20:00:00 - 23° 54’W 15° 18’N
N° 486 - Il y a dĂ©jĂ  un an



22H00 en France, 19H00 heure du bord


Bonjour Ă  tous,

Il y a un an, j’étais en salle de réveil, Sophie venait de me greffer
un rein. Que le temps passe vite, j’ai l’impression que c’était il y a
un siècle. C’est vrai que je n’en parle pas beaucoup. Cette technique
est tellement au point que, pour moi, c’est un peu comme si j’avais
été malade, les médecins m’ont guéri et maintenant je suis redevenu
normal, c’est de l’histoire ancienne, c’est dans les rétroviseurs,
pourquoi revenir lĂ -dessus. Je ne suis plus malade.

C’est quand même fabuleux, je n’aurais jamais imaginé combien cette
greffe est efficace, combien elle solutionne parfaitement le problème
de l’insuffisance rénale chronique en phase terminale. Non seulement
la phase de dialyse est terminée mais j’ai l’impression d’avoir
retrouvé 100% de ma forme physique. Je suis redevenu normal après
quelques années de difficultés.

J’aurai, il est vrai, pu continuer à vivre avec ma dialyse
péritonéale, elle ne m’apportait que très peu de contraintes et
surtout elle m’a permis de continuer à vivre ma vie normalement et en
toute liberté. Mais la greffe c’est encore bien mieux, je n’ai plus à
gérer les problèmes de logistique et surtout j’ai retrouvé une forme
normale. C’est réellement La solution, avec un « L » majuscule.

Je veux en profiter pour remercier l’inconnu mais également sa
famille. Aujourd’hui c’est pour moi un jour de joie alors que pour eux
c’est un bien triste anniversaire. C’est dommage que je ne puisse pas
leur faire partager un tout petit bout de cette aventure, si seulement
ils pouvaient se douter de tout ce que m’apporte l’immense cadeau
qu’ils mont fait, je crois que leur peine serait un peu diluée.

Quelle belle journée, après une nuit ou l’alizé à complètement calé,
j’étais ce matin à 8h à la police maritime pour récupérer mes papiers.
C’était un peu trop tôt et j’ai dû aller en ville faire quelques
courses pour attendre que ces messieurs soient arrivés.

Après une visite super sympathique à bord de Jangada pour prendre le
café et faire nos adieux, c’est à 11h30 que je remonte l’ancre. J’ai
décidé de passer par le coté Ouest de l’île de Santiago et
éventuellement de passer la nuit à la pointe Nord Ouest de l’île, dans
la baie « Baia do Tarrafal ». Après un départ très musclé, trinquette,
grand voile Ă  trois ris et artimon, je tombe dans un calme plat. Les
alizés sont totalement stoppés par la chaine de montagne du centre de
l’île. J’ai droit à un tout petit vent de SW, correspondant aux
rouleaux de l’alizé derrière les montagnes.

C’est donc au moteur que je remonte cette côte. Très sauvage, que des
tons marron et ocre, très peu de vert, quelques villages écrasés de
soleil, par endroit, perdu au milieu de nulle part, d’énormes
propriétés dont les occupants adorent la solitude et l’isolement,
j’adore cet endroit.

Je pense que cette île doit être sympa à visiter, il faut louer un 4X4
et en faire le tour. Il y a de nombreux cratères, c’est typiquement
une île volcanique. La sécheresse y est totale, il n’y a pratiquement
pas de verdure, par endroit de grande crevasses fendent la montagne,
au pied, près de la mer se trouve souvent un petit village avec une
tache de verdure, une espèce d’oasis au milieu de ce paysage de
désolation.

Vers 16h je croise quatre requins, c’est un des problèmes de ce pays,
il y a beaucoup de requins et de temps en temps un baigneur se fait
croquer.

En milieu d’après midi, la côte s’orientant NNE, j’ai retrouvé du vent
de NE. Avec ma trinquette, ma grand voile Ă  trois ris et mon artimon
je remonte bien au vent et j’arrive à faire une route fond autour de
350° ce qui est excellent car la route pour Sao Vicente est au 324.
Malheureusement cela ne dure pas, le vent forci en s’orientant Nord.
Maintenant cela pète vraiment, j’ai l’impression d’être dans une
machine Ă  laver.

En allant dans la cabine avant, je découvre qu’elle est totalement
inondée. Pas étonnant, j’avais mal fermé le panneau de pont, une des
fermetures était en « ventilation ». Quelle guigne. Au fur et à mesure
que je m’éloigne de l’île, le vent reprend un peu d’Est mais la mer se
creuse. Mon cap est maintenant autour de 328, cela va encore.

Finalement ma route m’éloigne du mouillage au nord de Santiago et je
décide de continuer sur Sao Vicente dont je ne suis plus ce soir qu’à
113 Miles. Comme je fonce à 6N, je devrais être arrivé demain soir
avant la nuit.

DĂ©jĂ  36 Miles depuis ce midi.

A bientĂ´t.

Jean Louis


"Joyeux anniversaire mon Capitaine ! 1 an d'une nouvelle vie. "

Envoyé par Mullier le 04-04-2012 à 20:40

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