Journal de bord de l'Harmattan
Sun, 30 Oct 2011 16:00:00 - 41° 58’E 27° 53’S
N° 386 - Dans le sud du canal de Mozambique

17H00 en France, 19H00 heure du bord

Bonjour Ă  tous,

Vous avez changé d’heure, nous avons donc à nouveau deux heures de
décalage. Sous cette latitude, on ne change pas car la différence
entre l’été et l’hiver est insignifiante.

Je suis dans l’extrême sud du canal du Mozambique et pour cause de
repos dominical, Eole est aux abonnés absents. Il a pourtant bien
soufflé cette nuit, montant en puissance à partir de la soirée. Venant
de l’est, plein vent arrière, j’étais sous grand voile pleine, seule.
Dans ma couchette, je sentais et j’entendais le bateau se régaler,
vibrant et ronronnant de contentement Ă  plus de 8N, me demandant tout
de même s’il ne serait pas plus sage de prendre un ris.

Vers trois heures du matin je suis alerté par l’alarme anti collision.
C’est un gros cargo, il m’arrive droit dessus. Je vois très bien son
feu bâbord rouge, son feu tribord vert, ses deux feux blancs de proue
et de poupe alignés ainsi que sa vague d’étrave. Je le trouve
extrêmement large. Il est à deux miles et je l’observe pour voir s’il
va changer de route.

Le vent souffle bien, mes enfants ont eu la bonne idée de m’offrir à
la fête des pères, un anémomètre à main. Je mesure, il me donne 25N de
vent apparent à deux mètres au dessus du pont, soit, comme le bateau
marche à 8N et que le vent souffle en plein sur l’arrière, un vent
réel de 33N. Il y a de grosses vagues qui vont dans le même sens en
roulant dans des gerbes d’écume blanche.

Je reviens à mon cargo, rien ne se passe et lorsqu’il n’est plus qu’a
un mile, je me décide à réagir. Je ne peux m’échapper que sur tribord,
étant tribord amure, j’augmente donc mon cap de 40 degrés. Au même
moment je vois mon cargo qui commence à partir sur son bâbord, nous
sommes encore en route de collision ! Je n’aime pas ces moments qui
sont toujours extrĂŞmement stressant. Bon, il ne faudrait pas se faire
de politesse, il faut que je sois ferme dans mon action. Puis je vois
qu’il commence à partir sur son tribord et je commence à respirer à
nouveau. Il ne passe pas très loin de moi.

Puisque je suis levé et que Pierre-Yves, qui m’envoie quotidiennement
une prévision météo, me dit que cela risque de forcir à 35N, je décide
de prendre deux ris dans la grand voile, ce sera plus prudent. C’est
une bonne suée et une demi-heure de boulot.

Malheureusement, le vent commence Ă  faiblir et au petit matin je suis
obligé de larguer ces deux ris car le bateau n’avance plus. Toute la
matinée ça faiblit et à midi, plus de vent. Par contre, la mer est
très désordonnée et à bord c’est invivable. Harmattan part dans des
coups de gîtes bord sur bord extrêmement impressionnants ainsi que
dans de grands coups de tangage. Dedans tout bouge, tout s’envole,
tout se répands. Je n’en peu plus, je borde la grand voile à plat et
met le moteur pour essayer de stabiliser la situation et de vivre un
peu plus confortablement.

Souvent, ceux qui ne font pas de la voile se disent que lorsque le
bateau est « penché », lorsqu’il gîte, cela doit être inconfortable.
En fait, on, s’habitue à ce que le plancher ne soit pas horizontal et
on peut toujours trouver des coins pour se caler alors que lorsqu’on
est en vent arrière, que le bateau gîte bord sur bord, c’est difficile
à vivre. Rien que pour dormir par exemple, le corps roule d’un côté
puis de l’autre et il faut arriver à se caler avec des cousins. Il est
toujours difficile de trouver le sommeil dans ces conditions.

C’est encore bien pire lorsqu’il n’y a plus de vent, que le tangage
s’y met lui aussi et que le bateau bouchonne.

Puis progressivement, la mer s’est assagie. Ce soir c’est un lac et
j’ai presque l’impression d’être amarré à quai dans un port. Le moteur
ronronne gentiment Ă  1000 tours minute, nous propulsant Ă  3 N et
m’évitant de mettre en marche le groupe électrogène. Je crois que je
vais avoir enfin une nuit de complet repos, cela va me faire du bien.

La route pour Durban passe par un « way point » se situant 28° 30’ S
et 34° E. Cela permet d’éviter les dépressions passant plus sud et de
traverser le courant des aiguilles à l’endroit où il est le moins
large. Cela permet également de s’arrêter à Richards Bay si les
conditions météo ne sont pas bonnes pour continuer et d’attendre la
fenêtre météo permettant de poursuivre jusqu’à Durban.

Je dois donc continuer plein ouest pendant encore quatre jours, avant
de descendre vers le sud. Ce dimanche a été ensoleillé, sans vent il a
fait très chaud.

Pour l’instant c’est statut quo avec mon pilote, comme si nous nous
étions réconciliés. Je pense que tribord amure lui va mieux que bâbord
amure et qu’il faut surtout ne pas lui demander trop d’efforts.

Au niveau santé tout va bien, je suis en forme et je ne suis plus qu’à
environ six jours de l’arrivée.

114 miles au compteur ce soir, en grande partie dus Ă  notre cavalcade
nocturne, 866 depuis la RĂ©union, 590 en ligne droite pour Durban, 520
pour Richards Bay. Si tout va bien, je pense ĂŞtre Ă  Durban samedi.

A bientĂ´t

Jean Louis


"cher jean-louis,

Reviens vite, tu manques Ă 
tous et tu nous donnes souvent des angoisses
bisous"


Envoyé par jeanine Barbier le 31-10-2011 à 10:47



"Je viens de prevenir mon ami a R Bay de ton passage eventuel, il se nomme Jerry Hodgson, son cata est Quazami, c est yn Knysna 44 blanc et bleu, tout le monde le connait au Yacht Club, si tu decides de t arreter a R Bay passes moi un coup de fil avant je lui telephonerai, il parle Francais sa femme Michelle est Francaise, c est le parrain de mon fils, ( je n ai qu un fils..) nous sommes tres tres amis depuis ... 1972 et c est en grande partie pour etre avec eux lui et Michelle que je suis alle vivre 15 ans en RSA..Bon vent amities JL"

Envoyé par Pierrefeu Jean Louis le 31-10-2011 à 21:13



"Je viens de prevenir mon ami a R Bay de ton passage eventuel, il se nomme Jerry Hodgson, son cata est Quazami, c est yn Knysna 44 blanc et bleu, tout le monde le connait au Yacht Club, si tu decides de t arreter a R Bay passes moi un coup de fil avant je lui telephonerai, il parle Francais sa femme Michelle est Francaise, c est le parrain de mon fils, ( je n ai qu un fils..) nous sommes tres tres amis depuis ... 1972 et c est en grande partie pour etre avec eux lui et Michelle que je suis alle vivre 15 ans en RSA..Bon vent amities JL"

Envoyé par Pierrefeu Jean Louis le 31-10-2011 à 21:13



"salut capitaine,
enfin un moment pour bavarder avec toi. Je viens de lire tous les blogs depuis ton départ de la Réunion. Comme d'habitude toujours un peu périlleux mais maitrisé. C'est maintenant la grande chevauchée vers Durban et la... que vas tu faire ? remise à niveau du bateau et remontée vers le nord ou avion pour passer les fêtes en France. Qq nouvelles de la famille, nous sommes allés passer les vacances de la Toussaint à Callela et grace à Dieu du beau temps et une température de printemps "25/27°" ont aurait pu se baigner ! retour hier soir à fontaines et ce matin ramassage des feuilles avec un grand soleil.Hélas la pluie est revenue ce soir et le beau temps est sans doute terminé dans notre émisphère. J'espère que ce grand galop vers l'afrique du sud ne sera pas trop pénible pour toi et Harmattan. a bientôt bernard"


Envoyé par bernardlannion le 01-11-2011 à 21:07



"Salut, Amiral. J'avais pris du retard dans la lecture de vos messages mais je me suis rattapé depuis. D'ailleurs devrai-je dire "nous" puisque Thierry vous suit également avec intérêt.Week-end chez les ostréiculteurs de Marennes, c'est beaucoup plus calme que les déferlantes....
Courage. On vous suit. Amitiés GD"


Envoyé par GD le 02-11-2011 à 09:41

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