Journal de bord de l'Harmattan
Sat, 17 Sept 2011 13:30:00 - 76° 11’E 06° 03’S
N° 360 - En meilleur forme

15H30 en France, 19H00 heure du bord

Bonjour Ă  tous,

Cela va beaucoup mieux, je me sens aujourd’hui en pleine forme, la
preuve en est que j’ai commencé à nettoyer et ranger le bateau. Que
cela fait du bien. Je me suis également occupé de moi avec taille des
ongles de pieds et de mains, grande toilette avec lavage des cheveux,
sent bon … Un petit problème tout de même, au milieu de la douche, au
moment où je suis tout savonné et que je veux me rincer, elle se met à
m’envoyer un genre de crachin puis carrément de l’air à la place de
l’eau. Je comprends immédiatement que mon réservoir d’eau douce est
vide. Normal, la dernière fois que j’ai pu faire de l’eau c’est à
Phuket, en Thaïlande. Aux îles Andaman, aux Indes ou au Sri Lanka
impossible. C’est ma jauge qui m’a trompé, elle doit être bloquée par
de la mousse, il va falloir que je regarde cela. Du coup je dois
mettre en marche le déssalinisateur.

C’est la première nuit depuis plusieurs où je n’ai pas de fièvre, je
pense que les antibiotiques sont à l’œuvre. J’ai pu dormir
correctement et je n’ai plus cette impression de lendemain d’une
Ă©norme cuite.

Je vais quand mĂŞme vous faire une petite chronologie. Hier au soir, je
venais juste de vous envoyer la news du jour quand mon téléphone
sonne. C’est le CROSS qui m’appel pour me dire qu’ils ont eu les
américains, si je stop à Diego Garcia, ils vont m’envoyer me faire
soigner ailleurs. La seule possibilité c’est un billet sans retour
pour Singapour. Cela veut dire que je ne pourrais plus jamais
récupérer mon bateau. Je suis stupéfait, comment ose-t-on proposer une
chose pareille. J’ai travaillé pendant 10 ans sur ce bateau, c’est mon
bébé. Qui oserait, ne serais-ce que penser, proposer à quelqu’un de
donner un de ses enfants contre sa propre vie. Je trouve cela immonde.

Il y a une autre solution, c’est de rallier Addoo Atoll aux Maldives
qui se trouve 400 Miles au nord de Diego Garcia et Ă  Ă©gal distance de
la position où je me trouve. J’accepte et effectue la manœuvre de
virement de bord. Cependant ma nouvelle position par rapport au vent
fait que le bateau n’avance plus. Je suis à 2,8N sous voiles et moteur
Ă  1200 tours !

J’appel Pierre-Yves, nous en discutons et décidons qu’il vaut mieux
faire avancer le bateau, suivre la route initiale et attendre que la
nuit passe pour y voir plus claire. Le CROSS accepte cette solution et
je vais enfin me coucher.

Vers minuit, l’alarme retentit, ce sont de gros orages. Je réduis la
toile mais le vent ne monte pas et au bout de trois quart d’heure de
travail je retourne me coucher après avoir pris ma température : 36°8.
Je suis aux anges.

On m’a prêté une petite moto sportive, 800cc, très légère et très
maniable. Elle est belle, bleue et blanche. Je suis en train de
tourner sur un circuit bitumé. Je me régale, c’est le bonheur. Pour
rentrer je décide de couper à travers champs, je coupe la route qui
longe le circuit en faisant bien attention Ă  droite et Ă  gauche et
m’emmanche dans un chemin en terre caillouteux. Sur la droite un
champ, Ă  gauche une forĂŞt. Etonnant, la moto fille sur ce chemin dans
le même confort qu’une route goudronné, je n’en reviens pas, je suis
ravi. Tout à coup, une sirène retentit. Que ce passe-t-il ? Je me
réveil alors et m’aperçois que je suis dans le bateau et que c’est
l’alarme anticollision qui se manifeste.
Je vais Ă  la table Ă  carte, chausse mes lunettes et valide
l’alarme. Je laisse un peu tourner le radar, pas d’écho. Il doit
s’agir d’une vague plus grosse que les autres. J’augmente un peu la
distance minimum de ma zone de garde pour diminuer la sensibilité et
avant d’aller me recoucher, monte dans le cockpit où je pisse dans ma
bouteille en plastique. J’allume, mire mes urines (hé oui, je suis
comme ces sorciers des tributs sauvages qui lisent dans les urines
l’état de santé de leurs patients), jette les urines, range la
bouteille, éteint la lumière et me retourne pour redescendre dans le
bateau. Je n’en crois pas mes yeux, là, sur mon avant droit un énorme
bateau Ă  environ 1,5 Miles ! Je redescends Ă  la table Ă  carte, il y a
un tout petit écho, digne d’une grosse barque de pêche. Je constate
alors que ce bateau vient droit sur moi. Je remonte, regarde, il est
extrêmement éclairé. Qu’est ce que cela peut être ? Des pirates ? Non,
ce n’est pas dans leur zone et ils s’arrangeraient pour être
invisible. Un bateau de croisière ? Pas ici, au milieu de nulle part.
Un cargo ? Je n’ai jamais vu un cargo aussi éclairé.

Je me rends compte bientôt que nous allons à la collision, il est très
proche maintenant. J’allume mes projecteurs de pont et il me répond en
allumant un projecteur de recherche. Je comprends qu’il m’a vu et
éteint mes projecteurs de pont. Il commence alors à dévier. J’ai
allumé ma VHF à tout hasard. Je distingue maintenant la silhouette
caractéristique d’un bateau de guerre et comprends alors la faible
signature radar. Il fait environ 50 mètres et est extrêmement
puissant. Il passe au ralentit sur mon tribord en donnant de faibles
coup d’accélérateur qui font mugir ses moteurs. Il allume ses
projecteurs de côté pour m’éclairer, je sais que l’on m’observe mais
la VHF reste muette. Je constate au loin le halo lumineux d’un de ses
frères. Je pense que c’est la Navy de Diego Garcia.

A 6h45, à nouveau alarme. Cette fois-ci je vois très bien l’écho, il
est tout petit mais stable. Je règle mon radar pour que la zone de
garde ne couvre pas cet écho puis vérifie que l’écho est toujours là.
Il y a bien un petit navire ici, Ă  environ 1 Mile. Je monte dans mon
cockpit, procédure pipi, puis je cherche mon bateau, rien, disparu. Je
redescends à la table à carte, plus d’écho ! Etais-ce un sous marin ?

A 8h, des anglais m’appellent. Autorités des Chagos où de Diégo Garcia
? Nous discutons un peu, ils sont contents lorsque je leur dit que je
vais beaucoup mieux. Ils me demandent si je compte m’arrêter à Diego
Garcia et sont très soulagés lorsque je leur dit que je ne veux pas
perdre mon bateau et que je ne m’arrêterais pas.

Un peu après, c’est le CROSS qui se manifeste, il organise une
conférence avec un docteur du CCMM. Celui-ci me dit qu’il ne souhaite
pas que je continue sans faire un bilan médicale et qu’il est possible
de s’arrêter à Diego Garcia, de faire cette visite médicale, puis de
repartir. Le CROSS me confirme qu’il peut arranger cela. J’accepte
dans ces conditions de faire un stop et je devrais y ĂŞtre lundi soir.

A 12h30, c’est encore le CROSS qui a organisé une conférence à trois
avec Pierre-Yves. Nous décidons que si cela n’allait vraiment pas, je
leur demanderais le plein de gasoil et filerais sur Addoo Atoll.

Voilà où nous en sommes ce soir. Merci le téléphone satellite.

129 Miles au compteur, Ă  237 Miles de Diego Garcia, et 916 Miles en
une semaine avec la traversée du pot au noir, pas mal pour Harmattan.

A bientĂ´t

Jean Louis


"salut Frangin !!!!
Ouf !!! Enfin la news !!!!!
Ce n'est pas formidable, mais au moins, tu es bien suivi médicalement parlant, c'est un grand réconfort à la lecture de ton article.
Bisous et prend bien soin de toi !!!!
Marie"


Envoyé par Marie le 18-09-2011 à 13:02



"Hola Captain,

Que de péripéties...c'est vrai on commence à y être habitué mais entre ta rencontre nocturne avec la Navy...oups ça doit faire drôle....et les négos entre Diégo, le CROSS et le CCMM... j'espère que tout ça va aboutir favorablement.
ça serait effectivement bien que tu puisses faire ta visite médicale...du gas oil et de l'eau...et reprendre ta route plus cool.
On pense fort Ă  toi et on attend tes nouvelles...
Jacky"


Envoyé par Jacky Peudevin le 18-09-2011 à 13:07



"Oufff, on s'en fait, tu sais?!
En croisant les doigts pour toi ( et n'oublies pas de rincer le savon avant de te présenter aux Américains....)
Bises, keep cool!
"


Envoyé par petra le 18-09-2011 à 13:37



"Bonnes nouvelles mais ne prenez pas de risque avec votre santé ! Dès que possible, on se programme une rencontre ! Bon vent."

Envoyé par Nicolas mullier le 18-09-2011 à 13:40



"Salut Cap'tain content de te savoir Ă  nouveau en forme.
On attend avec impatience la suite de tes aventures.
Amiités
Papaprazzi"


Envoyé par Paparazzi le 18-09-2011 à 15:47



"ouf je suis rassurée vous avez une san té de fer mais soyez prudent je me déplace unpeuplus rapidement bonne douche chaude gros bisous de roselyned"

Envoyé par roselynedemeestere le 18-09-2011 à 17:53



"Ravie de cette amélioration.
Il vous faut encore du courage, mais vous n'en manquez pas.
Prenez soin de vous et de votre Ă©nergie.
Je comprends votre position pour Harmattan, lui non plus ne vous laissera pas tomber, vous êtes une sacrée équipe.
A bientĂ´t
Emma "


Envoyé par Emma&Romain le 18-09-2011 à 18:20



"T'as fini de nous faire des frayeurs ?????? La fièvre, l'armée, les pir'ates, la collision ?!
C'est trop d'Ă©motions !
Reviens dans des eaux plus tranquilles, please. Pense aux gentilles infirmières qui te bichonnaient il n'y pas si longtemps : elles doivent être désespérées !
Ou en extase... Bises."


Envoyé par Sophie le 19-09-2011 à 18:39



"C est pour que l on pense plus à vous que les nouvelles n arrivent pas. Je suis contente que votre santé s améliore. Vos récits nous emportent dans des aventures incroyables je passe un moment de crainte de stress de frayeur puis le calme revient c est la fin du récit il va falloir attendre quelques jours pour les nouvelles. Moi pendant ce temps je suis arrivée en TGV aux Sables d Olonne ce soirée je regardais les bateaux de pêche rentrés dans le port quel métier ! Attention à vous portez vous bien à bientôt pour la suite. Je vous embrasse"

Envoyé par Marie Maryse le 20-09-2011 à 00:07

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