| Journal de bord de l'Harmattan | 
                    
                        | Wed, 14 Sept, 2011 13:30:00 - 80° 48’E  01° 49’S N° 357 - Plaisante, la plaisance
 
 15H30 en France, 19H00 heure du bord
 
 Bonjour Ă  tous,
 
 Quelle est belle cette journée ! La mer est plate, la température
 idéale (30 degrés tout rond), la brise de la bonne force et dans la
 bonne direction, des nuages d’altitude pas menaçants me protègent de
 l’ardeur du soleil, je me régale.
 Harmattan file autour de 6 nœuds dans un confort de train pullman, il
 n’est pas couché et ses mouvements sont très doux. Je n’entends que le
 bruit de l’eau qui court sur la coque et je passe des heures dans le
 cockpit à rêvasser en regardant la mer. Quel bonheur d’être là !
 
 Les dernières heures ont été un peu chaude, hier matin en me levant,
 je me sens moyen et décide d’uriner dans une bouteille d’eau coupée en
 deux. Les urines sont toutes troubles, c’est bien ce que je pensais,
 je suis encore en train de faire une infection urinaire. Très fâcheux,
 seul au milieu de l’océan indien. Me revient en mémoire immédiatement
 toutes ces infections urinaires transformées en prostatites avec 40,
 41 degrés de fièvre, et les urgences de l’hôpital le plus proche.
 C’est vrai, de prostate, je n’en ai plus mais cela peut remonter à mon
 rein greffé.
 
 Il faut être mentalement fort pour traverser les océans en solitaire
 car, par moment, vous avez l’impression que tous les malheurs vous
 tombent en même temps sur la tête et lorsqu’il s’agit de votre santé,
 c’est moralement très difficile. Rappelez vous, lorsque je découvre
 cette infection, mon moteur principal vient de tomber en panne et mon
 parc de batteries de rendre l’âme.
 
 Il faut ensuite s’atteler à résoudre les problèmes les uns après les
 autres. Chaque problème résolu est une victoire qui permet de garder
 le moral et de continuer Ă  se battre.
 
 Heureusement, au niveau médical, je suis entouré par une équipe
 exceptionnelle, de très haut niveau, et en qui j’ai entièrement
 confiance, c’est extrêmement important pour mon moral. Lorsque l’on a
 été greffé on est immunodéprimé, non, pas la déprime. Les médicaments
 antirejet ont pour rôle de diminuer les défenses de l’organisme (la
 férocité des guerriers blancs) de façon à ce qu’ils n’attaquent pas le
 greffon. Par contre ils sont également moins combatifs face à toute
 sorte d’infection.
 
 Dans ma vie, j’ai fait de nombreuses infections urinaires. Avant que
 celles-ci ne se transforment en prostatite, l’organisme luttait et
 elles passaient, souvent même sans que je m’en aperçoive. Mais,
 lorsque l’on est immunodéprimé, il peut être nécessaire d’aider
 l’organisme avec des antibiotiques. Il a donc été décidé d’attendre
 pour voir comment allait évoluer ma température.
 
 Toute la journée d’hier, j’étais un peu patraque mais ma température
 était de 37°1. Puis la nuit à été très difficile, j’étais mal, j’avais
 froid, à 2h 37°7 et au levé 38°2 !
 Le problème est que les germes qui m’infectent sont multi résistant,
 cela veut dire qu’ils résistent à la plus part des antibiotiques.
 
 Et puis, mes petits guerriers blancs se sont mobilisés, ils sont
 montés sur les remparts de la forteresse et se sont battus avec
 bravoure. Résultat, en milieu de matinée 37°7 et à 14h 36°8. Quelle
 victoire ! Pas eu besoin d’antibiotiques, c’est formidable. Par contre
 si l’on a gagné une bataille, on n’a pas gagné la guerre car au moment
 où je poste cette nouvelle, ma température atteint 38°4 !
 
 Aujourd’hui, 126 miles au compteur, pas si mal étant donné que j’ai
 été au moteur toute la nuit dans la pétole du pot au noir.
 
 A bientĂ´t
 
 Jean Louis
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                        | 
 "Hi Captain,
 
 Bien joué les petits guerriers blancs dans le pot au noir...J'espère qu'ils continuent à se battre et que tu vas mieux??
 Pour le reste ça doit effectivement etre du bonheur...je visualise très bien la glisse d'Harmattan...il aime ça le bougre...
 Bonne route,
 Jacky"
 
 Envoyé par Jacky Peudevin le 15-09-2011 à 12:52
 
 
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