Journal de bord de l'Harmattan
Tue, 22 Feb 2011 13:30:00 - 84° 25’E 12° 40’N
N° 296 - L’effet papillon

14H30 en France, 19 heures heure du bord,

Bonjour Ă  tous,

Incroyable ! Un petit mot de rien du tout prononcé par inadvertance et c’est l’effet papillon, petite action grande conséquence comme dit Bénabar. Nous avons eu beau essayer de conjurer le sort en coupant trois fois la queue du serpent, rien n’y a fait, il a fallu payer cash.

Voici les faits :
Avant-hier midi, Jacky prononce par mégarde le mot maudit, celui qui désigne la bête aux grandes oreilles et qu’il ne faut jamais prononcer sur un bateau sous peine de catastrophe imminente. Le soir même j’en remets une couche.
Avant-hier soir il commence à ressentir une douleur sous le genou droit, au dessus de la cicatrice d’une éraflure qu’il s’est fait en remontant de l’annexe dans le bateau lorsque nous étions à Koh Phi Phi. Aujourd’hui la blessure est belle et totalement cicatrisée.
Après une nuit difficile, il se réveil hier matin avec un peu plus de douleurs et la jambe un peu gonflée. En fin de matinée, il marche difficilement et le mollet commence à enfler.
Nous faisons un meeting et décidons de demander conseil à mon ami Pierre-Yves qui est Néphrologue, spécialiste de dialyse péritonéale et chef de bord à la fameuse école des Glénan. Si quelqu’un peut gérer ce problème, c’est bien lui.

Il est midi ici, 7h30 en France, un peu tôt pour l’appeler. Nous attendons 13 heures, mais son portable ne répond pas. A 14 heures, je décide de lui faire un mail pour lui décrire notre problème. A 15 heures, après la dialyse et la sieste, je découvre sa réponse, il demande des précisions, si Jacky a de la température ainsi qu’une photo des jambes. Je lui envoie le tout et nous attendons, Jacky a un peu de fièvre, 38 degrés.

C’est la matinée en France, il est en consultation. A 17 h Jacky me dit qu’il a froid alors qu’il fait 30 degrés et il passe un pantalon et un polo. Je lui demande de prendre sa température, 39°. J’appel Pierre-Yves au téléphone, il vient de terminer ses consultations. Il n’est pas habitué aux diagnostics à distance mais pense tout de même qu’il y a deux possibilités, soit un abcès mais ce qui est étonnant c’est qu’il n’y a pas de rougeur, soit une phlébite mais alors pourquoi la fièvre ?
Il me fait faire une manip, Jacky allongé je dois lui lever la jambe pour voir si cela fait mal. J’ai une grosse boîte d’antibiotiques mais ce sont essentiellement des remèdes en cas de péritonite. J’ai quand même un antibiotique à large spectre, de l’amoxiciline. Pierre-Yves décide de lui en administrer 3 grammes par jour.

Quelques temps après, je reçois un mail de Pierre-Yves, il a contacté le CCMM de Toulouse, le Centre de Consultation Médicale Maritime. C’est une structure composée de neuf docteurs urgentistes qui dépend du SAMU de Toulouse. Leur métier est de faire des diagnostics à distance pour tous les marins Français autour du monde, marine marchande, pêcheurs mais également plaisanciers.
Vers 19 heures nous sommes appelés par le Docteur Girardi, la Doctoresse plus exactement. Très sympa, elle passe une demi heure au téléphone avec Jacky pour confirmer le diagnostique de Pierre-Yves. Que ce soit un abcès ou une phlébite, elle estime la situation assez sérieuse pour organiser une opération lourde de « rescue » et elle contact le CROSS, les pompiers de la mer pour prendre l’opération en main.

Vers 20 heures, le téléphone sonne à nouveau, c’est le CROSS Gris nez. C’est le Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage je crois. Ils prennent nos coordonnées, latitude, longitude, cap et vitesse et vont voir somment envoyer quelqu’un. Ils rappellent une heure plus tard, il n’y a aucun bateau Français ni de l’Otan sur zone, il va falloir qu’ils fassent appel aux pays limitrophes.

Nous sommes Ă  ce moment Ă  350 milles de Madras, en plein milieu du golfe du Bengale, Ă  encore 4 jours de mer du premier hĂ´pital.

Antibiotiques et doliprane, Jacky va un peu mieux, la fièvre est tombée et nous allons nous coucher rassurés.
A une heure et demie du matin le téléphone sonne, c’est un médecin Indien. Il veut que Jacky raconte ce qu’il a mais nous n’avons pas les mots, la conversation est difficile. Il fini par dire « I am coming ». Puis à 6 heures du matin ce sont les Coast Guard qui appellent, il faut donner notre position, notre cap et notre vitesse. A 7 heures, puis à 8h30, à nouveau les Coast Guard, à chaque fois il faut redonner les mêmes informations.

Ce matin Jacky n’a pas de fièvre mais sa jambe est enflée jusqu’au pied et elle est entrain de changer de couleur, de devenir rouge.

Ici nous sommes en Inde et tout est compliqué, j’imagine que pour envoyer un bateau des Coast Guard il faut remplir une tonne de paperasse. Toutes les deux à trois heures, le téléphone sonne, ce sont les Coast Guard qui me demandent à chaque fois notre position, notre cap et notre vitesse. Ce n’est que vers 13 heures que j’arrive à avoir une heure estimée d’arrivée sur zone. Ils pensent arriver vers ….. 20h30 ! Ils n’ont pas dû partir très tôt ou bien ils viennent à la rame.
Nous ne sommes pas sûrs qu’il y ait un médecin à bord, Jacky a posé la question plusieurs fois mais il n’a pas pu obtenir une réponse claire. Ils ont une « infirmerie » à bord. Quelle est la taille de leur bateau, nous ne savons pas non plus.

Jacky a préparé sa valise ainsi qu’un sac à dos. Il a pris quelques livres pour passer le temps. Nous ne savons absolument pas quel va être son sort, va-t-il être soigné à bord ? Va-t-il être emporté à l’hôpital de Madras ? Va-t-il être rapatrié en France ?

Je veux en tout cas remercier très vivement et féliciter pour leur efficacité le CCMM et le CROSS. Quel professionnalisme !

Pour ce soir j’ai préparé un petit repas de fin de croisière, patates à l’huile, escargots de bourgogne. Je les avais achetés à Tahiti afin les avoir en réserve pour une grande occasion.

Nous sommes sous spi depuis ce matin, le vent ne souffle qu’à une dizaine de nœuds mais il est plein travers et la mer est plate, nous filons entre 6 et 7 nœuds, c’est un régal.
Aujourd’hui nous avons parcourus 118 miles et ce soir nous ne sommes plus qu’à 240 miles de Madras que j’espère atteindre vendredi matin. En fait je devrais écrire Chennai mais tout le monde continue à appeler cette ville Madras. C’est comme Bombay, tout le monde connaît la ville de Bombay, hé bien elle ne s’appelle plus comme cela, maintenant on doit dire Mumbai ! Que c’est barbant de changer ainsi le nom des villes.

A demain pour de nouvelles aventures.

Jean Louis


"Bon courage à vous, je vous souhaite que tout se passe bien et que Jacky se rétablisse au plus vite. Amicalement Paparazzi.

PS: désolé d'avoir encore raté votre coup de fil qui m'a bien fait plaisir."


Envoyé par Paparazzi le 23-02-2011 à 01:20



"Bonjour Amiral. Merci pour la mise à jour de la carte.On croise les doigts pour la santé du mousse.Cordialement GD"

Envoyé par GD le 23-02-2011 à 16:15



"desolée pour jackyil doit avoir la volonté de son péretout ira bien pas de panique je pense bien à vous deux je prie la vierge de LOURDESen qui j'ai toute confiance mais c'est dur de souffrir courage j'espére avoir des nouvelles demain ilest 22heures je n'ai pas ouvert monordi avant beaucause la dialyse toute mon affection à vous deux roselyned"

Envoyé par roselynedemeestered le 23-02-2011 à 22:10

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