Journal de bord de l'Harmattan
Fri, 18 Feb 2011 13:30:00 - 92° 20’E 11°34’N
N° 292 - En route pour Chennai, l’ancienne Madras



14H30 en France, 19 heures heure du bord,

Bonjour Ă  tous,

Nous avons enfin retrouvé la pleine mer, quel bonheur. Il nous a fallu encore une matinée pour obtenir la « clearance out ». Et encore, ce n’est qu’une « clearance out » intérieure à l’Inde. Sur nos passeports nous avons des tampons de sortie mais qui nous interdisent d’aller dans un autre pays que l’Inde. C’est quand même très particulier.

Nous avons retrouvé ici un pays où la productivité est vraiment très basse, on voit un peu partout des gens qui restent assis à ne rien faire. Dans l’administration c’est effarant de voir tout ce personnel qui n’a pas grand-chose à faire. Par exemple il y a une personne qui a la responsabilité de mettre un coup de tampon, une autre qui a la responsabilité d’apposer une signature et une troisième qui a la responsabilité de transmettre le document du premier au second alors qu’ils sont dans le même bureau. En dehors de ces gestes précis, ils passent leur temps en discutions interminables pendant que nous devons patienter des heures. Et c’est ainsi dans toutes les administrations. A l’immigration ils sont au moins une vingtaine à ne rien faire. On nous fait patienter un moment puis on nous demande d’aller attendre sur la jetée, en face du bateau. Nous attendons encore trois quart d’heure puis ils arrivent à trois en moto. Discutions, signature, coup de tampon sur la selle de la moto. Pourquoi tout ce cinéma ?

Ce qui m’a marqué ici, c’est l’étendue importante de l’échelle sociale. Il n’y a pas vraiment de pauvres, nous avons vu un seul mendiant, mais énormément de petit peuple. Par exemple nous n’avons pas vu de pelleteuse mais une foule de personnes en train de creuser des tranchées, parfois même des femmes ! A côté, il y a les notables, le personnel des administrations en fait partie, avec de très belles chaussures en cuir et très bien habillés. Il y a également des jeunes dynamiques qui roulent sur des motos japonaises belles et récentes. Il y a beaucoup de femmes très grandes, très fières dans leur saris, elles ont souvent un parapluie noir pour protéger leur peau du soleil. Il y a toutes les couleurs de peau, du très foncé au très clair, je pense que les peaux claires sont très prisées. Nous n’avons vu aucune belle femme, je veux dire jolie, selon notre sensibilité d’Européen. La seule qui m’a marqué est cette fille hier soir au restaurant, très particulière, très foncée de peau, très fine, des avants bras étonnamment fins et très longs, des mains avec des doigts extrêmement longs, on aurait dit une princesse, la fille du chef de la tribu.

A 11h20 nous levons enfin l’ancre et contournons Chatam Island pour prendre le large. La VHF se met à grésiller : « Yacht Harmattan for Port Contrôle ». Il faut encore parler pendant cinq minutes, dire où nous allons, combien de personnes à bord, la nationalité ….
Il est midi et demi, Jacky a mis la pêche pendant que je prépare le déjeuner. Je vois la cane se plier en deux mais le moulinet ne lâche rien. Jacky remonte la pêche, il n’y a plus de « Rapala ». Je suis un peu remonté car nous n’avons pratiquement rien à manger et il faudrait bien pêcher quelques poissons. Je dis à Jacky qu’il a encore trop serré le frein, il me répond que non, c’est la touche « qui était trop forte ».
Je dis alors à Jacky que comme ces maris qui ne peuvent plus contrôler leur femme, je vais mettre une annonce dans le journal pour dire que je me désolidarise du budget « Rapala ».

Jacky sort un autre « Rapala » et le jette à l’eau, puis nous commençons à manger. Je vois alors la cane faire de grands mouvements, encore une fois le moulinet ne lâche rien mais c’est un petit thon rouge, le fil arrive à ne pas casser et Jacky nous le remonte à bord. Quel bonheur, il a la taille idéale pour un repas à deux. Jacky le détache, le mets dans un sceau, relance la pêche en mettant encore un peu moins de frein et revient à ses nouilles. Il ne se passe pas cinq minutes avant que nous entendions enfin le moulinet qui se déroule violemment. C’est un deuxième thon rouge de la même taille. Nous voici deux repas d’assurés, tout va bien, nous arrêtons là les hostilités et rangeons la canne.

Il est maintenant 14h30, nous embouquons le Macpherson Strait, ce canal qui sépare la south Andaman de Rutland Island. C’est vraiment très beau, très sauvage. Mis à par cette ville d’Aberdeen (il y a Port Blair et la petite ville tellement pourrie, à trois kilomètres s’appelle Aberdeen), les îles Andaman pourraient être un paradis de la plaisance, il y a de nombreuses îles, des collines couvertes de forêts splendides, des plages magnifiques. C’est un spot de snorkeling, les eaux sont extrêmement poissonneuses, assez claires, le climat est idéale, c’est un petit paradis. Il y a par contre de nombreuses îles où l’on n’a pas le droit de débarquer, ce sont les réserves des fameux « Négritos ».

Le canal est étroit et sinueux, il faut faire très attention aux rochers qui émergent et ne sont pas obligatoirement signalés. Nous ressortons vers 16 heures par Elphinstone Passage et nous nous retrouvons en mer libre, direction l’île de North Sentinel, repère du peuple éponyme à environ 20 miles devant l’étrave.

C’est extrêmement étonnant, aux Andaman mais également en Thaïlande et en Malaisie il n’y a aucun oiseau de mer. Sur terre il y a quelques oiseaux mais en mer on ne peut voir que cet énorme rapace, ce symbole de Langkawi qu’ils appellent là bas un aigle. Pour moi cela ressemble beaucoup plus à une énorme buse, ses ailes sont d’une magnifique couleur orange et son cou ainsi que sa tête sont blanc. C’est un très bel oiseau.

A 17 heures, il me semble voir le jet d’eau de baleines, je réveil Jacky mais finalement c’est un bateau militaire Indien qui fait une campagne de tir. Nous passons à côté, c’est impressionnant, je pense que c’est un chasseur de mines ou bien de sous-marin. Quand la grenade éclate dans la mer cela fait un vrai geyser. La VHF crépite, c’est le bateau militaire, nous sommes interrogés pendant 10 bonnes minutes, il faut à nouveau refaire toute l’histoire.

Les conditions de navigation sont bonnes, grand beau, soleil, la mer est plate, pas de houle ni de vagues. Ce soir nous avons touché un peu de vent. Avec moteur à 1000 tours minute et les voiles nous avançons à 5 nœuds. Une foi paré la pointe nord de North Sentinel, vers 20 heures j’espère, je vais pouvoir mettre un peu plus d’ouest dans notre route et peut être couper le moteur.

Voilà pour aujourd’hui, 38 miles au compteur, 710 miles devant l’étrave.

A bientĂ´t.

Jean Louis


"FELICITATIONS, Jacky! Vous ĂŞtes tout beaux vous deux!!!Une bises aussi pour le capitaine de
Petra, bien décoiffée du Mistral"


Envoyé par petra le 18-02-2011 à 22:14



"bonjour jean-louis
cela fait un moment que je ne vous est pas envoyer un mail,mais croyez moi je n'ai rien perdu de votre périple et je délecte toutes vos news avec vos récits sur votre blog.
Quel beau voyage,magnifique aventure humaine.J'apprecie beaucoup votre complicité avec jacky.En fait je suis emerveillé et un peu jaloux.A moi maintenant d'avoir le courage d'en faire autant.....?
J'espere que je pourrais etre present a votre arrivée
bon vent et profiter de cette liberté maritime.A bientot
noel"


Envoyé par morin le 19-02-2011 à 09:31

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