Journal de bord de l'Harmattan
Sun, 17 Oct 2010 11:00:00 - 111° 23E 4°43S
N° 240 - Au large de BornĂ©o



13H en France, 19 heures heure du bord,

Bonjour Ă  tous,

Je remonte toute la mer de Java, au nord de l’île de Java et au sud de Bornéo pour contourner la pointe sud ouest de cette île.

Bornéo est une grande île, la quatrième du monde par sa superficie (736 OOO KM²) après l’Australie, le Groenland et la Nouvelle Guinée. Elle est peuplée de 10 millions d’habitants et les quatre cinquième de sa superficie, tout le sud en fait, font parties de l’Indonésie. Son nom indonésien est « Kalimantan ».

Une grande partie du nord de l’île fait partie de la Malaisie et il reste un tout petit bout de terrain, moins de 6 000 kilomètres carrés dont le nom est connu dans le monde entier parce que très riche et que l’on place facilement par erreur à un autre endroit de la terre, vers l’Arabie Saoudite. Il s’agit du grand producteur de pétrole qu’est le Sultanat de Brunei.

La forêt primaire bénéficie d’un climat très particulier et extrême, chaud et très humide. C’est un paradis pour de nombreuses espèces endémiques et rares. On y trouve ainsi des plantes carnivores, des lézards et des singes qui volent et des crapauds qui savent se déguiser en feuille morte.

Les feux de forêt, certainement criminels afin de créer des plantations de palmiers à huile, sont une catastrophe pour la biodiversité ainsi que pour le climat à l’échelle mondiale. Un quart de la forêt primaire de Bornéo est partie en fumée sur les dix dernières années !

Peuplée depuis 40 000 ans, Bornéo est un des berceaux de l’humanité avec de nombreux sites préhistoriques et des grottes ornées de peintures rupestres.

La nuit dernière j’ai pu récupérer un peu, beaucoup moins de pêcheurs m’ont permis de dormir convenablement. Je me suis seulement levé sept à huit fois pour des pêcheurs, des cargos ou bien des ferrys. Avec toutes ces îles, et surtout entre les deux grandes îles que sont Java et Bornéo, la circulation maritime est intense. Ce matin un cargo m’arrivait droit dessus, c’est toujours une impression étrange quand le mastodonte n’est plus qu’à deux ou trois cent mètres et qu’on ne sait si il va passer d’un côté, de l’autre ou carrément sur nous. On ne peut rien faire car si l’on tente une échappée sur un côté et que c’est justement par là que le capitaine avait décidé de passer, c’est la collision assurée. On est comme hypnotisé par le géant. Puis au dernier moment je comprends qu’il va passer sur mon arrière, à quelques dizaines de mètres.

Ce matin encore, des poissons sortent la tête de l’eau un peu partout autour de moi. En dix minutes, j’en ai vu plus de cent. Je me demande pourquoi ils font cela. C’est peut être pour s’oxygéner un peu car la mer stagne depuis de nombreux jours. Ici ce sont des plus petits, entre 20 et 30 centimètres, étroits, avec des nageoires de queue triangulaires. Ou bien c’est peut être qu’ils sont en train de cuire au court bouillon tout simplement car mon thermomètre indique une température de l’eau à 35,2 degrés ! Impressionnant, je n’ai jamais vu cela, il faut dire que je suis au quatrième degré de latitude sud, que la mer est très peu profonde et que dans quatre jours je vais être sur l’équateur. Il n’y a toujours pas de vent, la chaleur est écrasante, caniculaire, c’est difficilement supportable. Dans le bateau qui est extrêmement bien isolé, il fait 33 degrés et il est impossible de marcher pieds nus sur le pont, celui-ci devant être au tour des 60 degrés. Je vie dans le bateau et régulièrement je sors, trempé de sueur, à l’ombre de ma capote pour bénéficier du léger souffle dû à la vitesse du bateau.

Les indonésiens sont friands de barges. Je vois tous les jours de très grosses barges tirées par un remorqueur au bout d’un long câble de remorque. Cette mer est extrêmement fréquentée, rare sont les moments où je n’aperçois pas un bateau sur l’horizon. Il y a de moins en moins de fond, actuellement c’est de l’ordre de 50 mètres et bientôt il y aura moins de 20 mètres. L’impression est totalement différente que lors de la traversée d’océans. Ici je ne me sens pas seul du tout. Je me dis que même si je passais par-dessus bord il y aurait bien quelqu'un pour me repêcher.

La mer est très polluée. A un moment, j’entends les coups sourds d’un tronc contre la coque. Un coup devant, un coup au milieu et un coup derrière. Je vois également beaucoup de bouteilles en plastic flotter sur l’eau.

Voila un dimanche qui se termine, j’attends avec impatiente la fraîcheur relative de la nuit. 104 miles au compteur.

A demain

Jean Louis


"salut l'ami je viens de lire tes nouvelles ....; les programmes changent, le plaisir reste.
et oui l'asie doit etre genial a visiter
je suis allé a singapour pour le boulot a la grande marina dont je ne me souviens pas le nom c'etait super et tres bon acceuil.
nous sommes finalement restés plus longtemps au vanuatu, les gens valent vraiment le detour, et cette semaine la meteo devrait nous permettre de descendre en nouvelle zealande
bon vent
biz de jacques et chloe"


Envoyé par tangaroa le 18-10-2010 à 07:49



"Cher Jean-Louis,
Je te suis toujours du bout des yeux et de la pensée, avec sous le coude quelques jours de récits de retard à avaler à la première occasion.
Tiens bon mon ami !
Quelle aventure !
Amitiés.
Dominique."


Envoyé par Manchon Dominique le 18-10-2010 à 16:52

Sommaire
Commentaire
Précédent
Suivant