Journal de bord de l'Harmattan
Mercredi 19 avril 2023, Ă  17 h TU, 19 h en France. - A Cormeilles en Vexin
N° 1344 - Impatient

Bonjour Ă  tous,

Je ne suis toujours pas dialysé, car depuis la mise en place du cathéter de dialyse, j’ai le ventre extrêmement douloureux. C’était à un point tel qu’il a été décidé de refaire un scanner de contrôle. On a découvert alors un hématome gros comme une orange à l’intérieur du ventre. Il a donc été décidé d’attendre un peu avant de démarrer la dialyse.

Je vais beaucoup mieux, mais j’ai toujours 90 ans. J’ai des douleurs importantes dans le bas du ventre. C’est le cathéter qui provoque ce problème. Je pense et surtout j’espère qu’elles vont disparaître dès que je vais être dialysé et que mon ventre sera rempli de dialysat. Et puis je suis tout faible et fatigué. D’une part mon corps est empoisonné par les substances que mon greffon n’élimine plus et d’autre part mon taux d’hémoglobine est encore très faible malgré les piqûres d’EPO.

J’ai essayé de combattre cette faiblesse. Je vais marcher dans le parc du château d’Osny. Il y a un petit étang avec une balade qui fait le tour. Le parcours fait un peu moins d’un kilomètre et il est parsemé de bancs pour se reposer. J’y vais une fois par semaine et j’arrive au bout en prenant le temps de me poser sur quelques bancs. Mais le soir je suis mort de fatigue. Je bricole gentiment à la maison, mais je passe énormément de temps au lit.

La dialyse doit démarrer demain, je suis trop impatient. Je viens de relire ce que j’écrivais le 22 décembre 2009 en arrivant en Martinique après une merveilleuse traversée de l’Atlantique en solitaire en me dialysant trois fois par jour :

« Dire qu’il y a 6 mois j’étais presque mort. J’avais 90 ans, incapable de marcher 100 mètres sans devoir m’assoir. Et puis, la dialyse et en quelques jours, la vie a repris. Je me sens aujourd’hui comme ces personnages dans les jeux vidéo, lorsque l’on peut acheter de nouvelles vies.

Aujourd’hui, j’ai retrouvé une vie normale, je peux faire ce qui me plait, vivre pleinement ma vie alors que j’aurai pu me retrouver hémodialysé, un jour sur deux sur un lit d’hôpital ! »

C’est donc du déjà vu, je sais ce qui m’attend et je dois encore être un peu patient, la vie va reprendre très prochainement.

Il y a une dizaine de jours, je me suis senti capable de prendre ma voiture pour aller à Paris déposer mon manuscrit chez Arthaud. J’attendais ce moment avec beaucoup d’impatience. J’ai dû laisser la voiture dans un parking et marcher un peu. Mon grand garçon, Christophe, m’accompagnait. Je m’attendais à un grand hall somptueux avec une banque d’accueil.

Nous arrivons rue de Condé, c’est une toute petite rue bordée d’immeubles assez vieux. Au 26 il y a une vieille porte qui ne paie pas de mine. Ce n’est pas ici, j’ai dû me tromper. Mais l’interphone porte une petite dizaine de noms et, sur une étiquette, « Arthaud ». Je sonne, une voix féminine me demande ce que je veux :
- « C’est pour déposer un manuscrit ».
- « Rentrez, j’arrive »

La porte se déverrouille et nous entrons dans un endroit sombre. Au fond j’aperçois un escalier en pierre formant un énorme colimaçon et j’entends que quelqu’un est en train de le descendre. Puis apparaît une jeune femme très souriante.

Elle prend mon manuscrit et me précise qu’il faut attendre environ deux mois pour avoir une réponse. Elle me remercie vivement et j’en suis tout ému. Je sais que j’ai peu de chances d’être retenu, mais comme dit Christophe, il fallait le faire. Tous les gagnants du loto ont tenté leur chance.

Sur mon agenda, au 11 juin, j’ai noté « Arthaud ».

Ŕ bientĂ´t
Jean-Louis
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