Journal de bord de l'Harmattan
Mardi 14 mars 2023, Ă  17 h TU, 18 h en France. - Ŕ l’hĂ´pital de Pontoise
N° 1342 - Le paysan et le cheval

Bonjour Ă  tous,

Un séjour à l’hôpital est un peu comme une longue traversée transocéanique, j’ai du temps pour écrire.

La vie se charge en permanence de nous imposer des évènements sans que nous ayons notre mot à dire. Il y a deux façons de réagir, la première est d’accepter ce qui nous arrive, de le gérer et de dire merci, car cela aurait pu être pire. La seconde façon est de ne pas accepter, de gémir et de se plaindre sur l’injustice de la vie. Seule la première façon conduit au bonheur.

Je veux vous faire partager ce conte de sagesse taoĂŻste : le paysan et le cheval.
On le doit au philosophe chinois Lao Tseu qui a vécu au 5e ou 6e siècle av. J.-C.. Vous connaissez certainement ce conte ou tout au moins vous en avez entendu parler. Pour ma part je m’y réfère souvent. Il y a de nombreuses versions qui, toutes, possèdent la même racine philosophique. Voici la mienne :

Un pauvre paysan chinois cultive ses champs avec son vieux cheval. Ils sont toujours ensemble, il aime son cheval qui lui rend bien avec sa douceur et sa force. Un soir le cheval s’enfuit et disparait.
Le voisin vient le voir et dit : « Vous n’avez pas de chance »
« Est-ce un bien ou est-ce un mal ? » répond le vieux paysan

Quelques jours plus tard, le cheval revient accompagné par trois jeunes et beaux étalons.
Le voisin, un peu jaloux, dit : « Quelle chance »
« Est-ce un bien ou est-ce un mal ? » répond le vieux paysan

Le fils unique du paysan tente alors de monter l’un des étalons sauvages, tombe et se casse la jambe.
Le voisin dit : « Quelle guigne ! »
« Est-ce un bien ou est-ce un mal ? » répond le vieux paysan

Et puis, la guerre éclate, c’est la conscription, les fils de ses voisins partent à la guerre, mais le fils du paysan ne peut y aller, ayant la jambe cassée.
Le voisin dit encore une fois avec jalousie : « Quelle chance ! Nos fils vont se faire tuer et le vôtre reste à la maison ».
« Est-ce un bien ou est-ce un mal ? » répond le vieux paysan

Nous pourrions continuer longtemps ainsi, vous avez compris l’idée.

Il y a deux mois je devais continuer à profiter de mon greffon pendant « trois ou quatre ans ». Quelle chance ! Aujourd’hui j’ai perdu mon greffon et je dois être dialysé très rapidement.
Est-ce un bien ou est-ce un mal ?

Je suis encore jeune, je peux peut-être encore bénéficier d’une seconde transplantation. Mais peut-être que dans 3 ou 4 ans cela n’aurait plus été possible !
Est-ce un bien ou est-ce un mal ?

Le chirurgien doit me poser mon nouveau cathéter de dialyse péritonéale lundi matin.

Ŕ bientĂ´t
Jean-Louis
Sommaire
Commentaire
Précédent
Suivant