Journal de bord de l'Harmattan
Mardi 3 novembre 2022 Ă  17h00 TU, 19h00 en France - A Port Saint Louis du RhĂ´ne
N° 1335 - La fin d’une longue traversĂ©e (03/11/22)

Bonjour Ă  tous,

Aujourd’hui c’est tempête. Le vent souffle fort, il pleut beaucoup (la météo prévoit 24 mm pour la journée) mais pour moi le ciel est tout bleu et le soleil brille très fort. Que c’est bon !

J’avais quitté Harmattan mi-avril avec le projet de revenir quinze jour plus tard et de le mettre à l’eau mi-mai pour un grand tour de Méditerranée comme je l’ai déjà fait plusieurs fois. J’adore les côtes du sud de la Turquie, l’eau y est d’une limpidité incroyable. Avec six mètres de fond on peut compter les petits grains de sable.

J’avais tout préparé pour repeindre la carène. J’avais masqué la ligne de flottaison, les anodes, le sondeur, la sonde du loch … J’avais installé mes batteries toutes neuves, j’étais réellement sur le point de remettre à l’eau. Comme je partais pour peu de temps je n’ai pas pris de précautions particulières.

Et puis la vie en a décidé autrement. Nous sommes bien obligés de prendre ce que l’on nous donne. Et en plus on remercie la vie que ce ne soit pas plus grave. Il apparait qu’un petit bouton rouge au bout du nez s’avère être un cancer de peau. Il faut tout enlever jusqu’au cartilage. Puis c’est le front où il faut s’y reprendre à deux fois, puis le COVID, pour finir ces trois dernières semaines par une infection urinaire demandant une perfusion quotidienne d’un antibiotique spécial.

Vendredi c’était ma dernière perfusion, ouf ! Depuis début mai je vois l’infirmière tous les jours ! J’ai déjà commencé à me sevrer de mon oxygène et ce dimanche j’ai carrément débranché. La maladie me laisse indifférent mais je ne supporte pas de perdre ma liberté et le passage quotidien de l’infirmière est une prison.

Lundi tout va bien, j’ai l’impression que mon corps retrouve une vigueur inconnue depuis de nombreux mois. J’entrevois une toute petite fenêtre dans mes rendez-vous médicaux et hier je me lève à 2 heures. A midi je suis sur mon bateau, une longue route de 850 kms. Je suis venu une semaine, je repartirai mercredi.

Je suis tellement bien sur mon bateau, quelle bonne thérapie. C’est comme le bisou d’une maman, çà guérit tout. Il faut dire que nous en avons vécu des choses ensemble. Tout d’abord neuf ans de reconstruction, 15000 heures de travail ! Ça crée des liens.

Puis une douzaine d’années à courir les mers et les océans. Que de souvenirs ! Tout à fait confidentiellement je suis en train de réaliser un carnet de voyage avec mon blog. J’hésitais depuis pas mal de temps car c’est un véritable travail. Mon néphrologue de greffe, le Professeur Bruno Hurault de Ligny m’a convaincu en me disant « tout est déjà écrit ». Puis le Professeur Lionel Badet, chef de service urologie à Edouard Herriot, m’en a remis une couche.

J’ai donc attaqué le premier tome qui relate mon aventure sous dialyse, mon voyage entre Marseille et le Sri Lanka. Pour ce faire je dois relire l’intégralité de mon blog et je redécouvre des passages totalement oubliés. Je n’en reviens pas moi-même de tous ces moments énormes. Des moments difficiles que l’on doit absolument réussir à gérer, des moments de bonheur intenses, de suprême félicité, des rencontres si intenses.

Hier je n’ai pas pris le temps de faire la sieste, j’ai attaqué tout de suite les travaux. Je suis un peu chagriné car, devant revenir rapidement, je n’avais pas débranché mes batteries toute neuves. Je me doutais de la catastrophe, elles sont mortes car passées en décharge profonde. 600€ ! Ça fait mal, il va me falloir quelques jours pour digérer cette bêtise.

A bientĂ´t

Jean-Louis
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