Journal de bord de l'Harmattan
Mardi 11 Octobre 2022 Ă  17h00 TU, 19h00 en France - A Cormeilles en Vexin
N° 1334 - Conclusions hâtives

Bonjour Ă  tous,

Dans ma vie professionnelle je me suis heurté très souvent aux conclusions hâtives. Le commun des mortels s’arrête à la première apparence, tire des conclusions et se retrouve ainsi dans une impasse.

Je me souviens à l’armée, je dépannais les systèmes de missiles sol/air américain, les Hawk. La liaison entre le centre de commande et la rampe de lancement ne fonctionnait plus correctement. Tous les copains étaient passés et personne n’avait trouvé les causes du problème. J’adore ces situations, je me suis mis dessus et après 24 heures d’analyse j’avais la réponse, c’était carrément le câble de liaison entre les deux qui présentait une résistance anormale. Qui aurait pu penser qu’un câble gros comme le poignet puisse tomber en panne.

J’ai ensuite passé 7 ans à la SAGEM. Nous fabriquions les premiers systèmes informatiques de saisie multi postes. Il y avait les équipes du hard, le matériel et les équipes du soft, le logiciel. Parfois un problème sérieux arrivait. Le hard disait « c’est pas nous, la preuve » et le soft disait « c’est pas nous, la preuve » et pourtant cela ne fonctionnait pas. De mon côté j’avais réussi à me créer un poste d’expert afin de traiter ce genre de situation. C’était absolument passionnant.

Un exemple : nous équipions les laboratoires d’analyse médicale. Un après-midi, le patron du laboratoire d’Aurillac appelle, fou furieux. Les résultats des analyses ne sortaient plus. Il ne se voyait pas rappeler les malades à qui on avait effectué un prélèvement d’estomac ou de poumon le matin pour leur demander de passer à nouveau ! Immédiatement la SAGEM me loue un petit avion bimoteur avec son pilote et me voilà parti en catastrophe. Après une nuit d’effort, le lendemain à l’ouverture du laboratoire j’avais solutionné le problème.

C’était encore une fois un défaut de conception du matériel. J’adore me frotter à des problèmes très complexes. C’est certainement ma passion de réussir. En fait c’est assez simple, il faut rester totalement froid et ne pas tirer de conclusions hâtives, rester humble. Il ne faut surtout pas s’arrêter (avec plus ou moins d’honnêteté intellectuelle) sur l’idée que les symptômes correspondent « à peu près » à nos conclusions. Il faut au contraire multiplier les tests sans se poser de question et noter les résultats. Après une nuit de travail et une heure de sommeil on comprend souvent très précisément où se trouve la cause de nos ennuis.

Cela existe dans tous les métiers. Voici ce qui vient de m’arriver : Il y a une petite vingtaine de jours je commence à tousser méchamment. J’ai un problème car malgré mes 72 ans et mes multiples comorbidités je n’ai pas de médecin traitant. J’en ai envoyé trois à la retraite et maintenant je n’en trouve plus, nous sommes en zone rouge.

Je reste donc au lit, au bout de deux jours je semble aller mieux, je vais travailler. Mais, dès le lendemain je dois à nouveau rester au lit, je ne mange plus, je vomis, je dors des journées entière mais ne trouve pas le sommeil la nuit. Je fini par comprendre que j’ai une grosse infection urinaire alors que j’étais tranquille depuis deux ans.

Au bout de huit jours j’ai perdu 6 kilos, je suis malade comme un chien et j’appelle le 15. Les médecins du SAMU m’organisent une consultation chez un médecin de garde qui m’envoie immédiatement aux urgences. C’est un samedi, j’y passe l’après-midi et la soirée. La conclusion tombe vers 22h, j’ai une très grosse infection urinaire. On me renvoie chez moi avec une ordonnance pour des antibiotiques.

Le dimanche j’ai l’impression que je vais un peu mieux mais le lundi c’est l’horreur. Francine fini par appeler mon néphrologue. Il me suit depuis 30 ans et c’est pour moi réellement mon médecin référent. Il décide de m’hospitaliser immédiatement dans son service, il me place sous oxygène et pratique un bilan complet.

Effectivement il y a une infection urinaire avec deux germes mais c’est l’arbre qui cache la forêt, il y a également un très fort COVID !!! J’en suis au douzième jour. En fin de semaine il me renvoie chez moi sous oxygène 24h sur 24 pendant un mois.

Concernant mon cancer sur le front, j’avais subi une seconde opération il y a cinq semaines. J’ai vu mon chirurgien hier. Super nouvelle cette fois il a tout enlevé. Dans une quinzaine de jours la cicatrisation devrait se terminer.

Depuis le mois de Mai je suis dans les difficultés mais je commence à entrevoir la lumière au bout du tunnel, que c’est bon, que la vie est belle ! C’est comme en mer, lorsqu’on se fait casser la gueule par une très forte tempête il faut ne jamais perdre à l’esprit qu’elle finira toujours par se terminer et que le beau temps va revenir.

A bientĂ´t
Jean-Louis
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