Journal de bord de l'Harmattan
Mardi 6 juillet 2021 Ă  17h00 TU, 19h00 en France - A Port Saint Louis du RhĂ´ne
N° 1297 - Ces gĂ©ants des mers



Bonjour Ă  tous,

Depuis quelques semaines nous avons un mastodonte des mers, un catamaran de course est venu se refaire une beauté après avoir rencontré un récif pas assez profond qui a détruit une dérive et un safran. Comme quoi il n’y a pas que moi qui peut heurter la planète !!!

Ce maxi catamaran dessiné par Gilles Ollier et construit par le chantier naval Multiplast en 2000 est énorme, il mesure 32,8 m par 16,5 m et on peut entrer à l’intérieur de son mât aile qui fait 39m de haut !!! Comme tous les bateaux de course, il a eu plusieurs noms :

En 2000, sous le nom d’Innovation Exploreur, skippé par Loïck Peyron il a terminé à la seconde place de The Race. Mais c’est en 2002, sous le nom Orange qu’il a écrit sa plus belle page en remportant le Trophée Jules Verne en étant skippé par Bruno Peyron, le frère de Loïck.

Puis en 2003, il s’est appelé Kingfisher 2, skippé par Ellen MacArthur il a été victime d’un démâtage sur la route du Trophée Jules Verne. Je n’imagine même pas, voir tomber un tel mât doit être monstrueux. Puis, après avoir porté le nom de Gitana 13 il a été transformé en bateau de grande croisière. Son sister-ship Club Med a remporté The Race en étant skippé par Grant Dalton.

Autant je suis admiratif de ces géants des mers car ce sont des bateaux extrêmement marins, autant je reste dubitatif devant la tendance actuelle de tous ces appendices. Pour ma part je pense que les foils doivent être réservés pour les triangles olympiques, pour les courses en baie protégée. En revanche aller au large, en course ou pour le plaisir, avec de telles excroissances me semble une aberration. La mer n’est pas une baignoire, il y traîne de nombreux pièges tous capables d’endommager gravement ces bateaux. Un seul exemple, d’énormes troncs d’arbres.

En attendant je suis très satisfait, mes travaux avancent bien plus vite que je n’aurais pensé, mes deux réservoirs de gasoil sont enfin installés au fond du bateau et mon barrotage progresse bien. Je pense pouvoir remettre mes planchers en place lors de mon prochain passage. Quel travail cela a été. Dire que ce problème de réservoir de gasoil dure depuis la construction d’Harmattan il y a 52 ans ! La réparation de la pointe avant de ma quille se présente également très bien, elle a repris sa forme et je pense refaire la stratification prochainement.

L’étape suivante consistera à enlever les bâches qui recouvrent Harmattan depuis trois ans et à démâter afin de vérifier avec beaucoup d’attention ce gréement qui a aujourd’hui 70 000 Miles. J’aurai de nombreux points à reprendre. C’est encore un travail que j’ai hâte de faire car cela va être très intéressant. Ensuite je vais devoir bien vérifier l’étanchéité du pont. Il y aura la peinture du pont et de la coque à refaire en totalité mais cela peut attendre et ne m’empêchera pas de remettre à l’eau au printemps prochain. J’ai une énorme envie d’aller visiter les côtes de la mer Noire.

Mes amis du Milo One arrivent à Ibiza ce soir, je les remercie vivement de m’avoir permis de leur faire ce routage météo. Cette expérience m’a passionné, j’ai encore énormément appris. Elle a donné un coup d’éclairage différent sur certaines de mes certitudes et elle m’a encore fait grandir. Lorsqu’on fait un routage tenant compte des vents, des courants et de l’état de la mer, on prend de la hauteur et on a une vue beaucoup plus affutée sur la marche du navire.

Malheureusement j’ai un rendez-vous médical à Paris jeudi et je dois stopper mes travaux et reprendre la route. Je serais bien resté ici encore quelques jours car le climat est idéal, il fait beau et contrairement à d’habitude ce n’est pas la canicule. C’est un vrai plaisir d’avancer mes travaux.

A bientĂ´t
Jean-Louis

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