Journal de bord de l'Harmattan
Jeudi 02 Avril 2020 Ă  14h00 TU, 16h en France - A Port Saint Louis du RhĂ´ne
N° 1261 - Troisième semaine de confinement

Bonjour Ă  tous,

Nous sommes dans notre troisième semaine de réclusion, de confinement, de retrait du monde, de solitude. Lorsque je voyage à travers les océans, j’aime beaucoup la troisième semaine de voyage. Le bateau, mon esprit, mon corps, tout s’est totalement adapté au rythme de vie, aux conditions, à la solitude et j’ai enfin trouvé ce que je suis venu chercher, la tranquillité.

Je me suis souvent demandé ce que j’aimais tellement dans ces grands voyages en solitaire. J’ai longtemps pensé que c’était la liberté. Mais non, aujourd’hui j’ai compris, j’ai une addiction profonde à la tranquillité. D’où cela me vient ? Est-ce pour compenser ma vie professionnelle qui a été particulièrement trépidante ? Mystère.

De ce fait Harmattan me convient parfaitement, c’est un bateau solide, pas très rapide mais extrêmement confortable. Aujourd’hui beaucoup choisissent des bateaux très rapides et se félicitent d’effectuer des traversées dans des temps record. J’ai un peu du mal à comprendre, ne sont-ils pas bien en mer ? Pour ma part je suis tellement bien en mer que je n’ai pas envie d’arriver trop vite.

Ce confinement que nous subissons me va bien même si, mon bateau étant bâché, je suis comme dans une cave et ne vois pas le ciel. Je n’ai jamais le temps de rien et en particulier de lire. Du coup, j’en profite, j’essaie de passer deux à trois heures par jour sur ma liseuse. Le matin je travaille sur mes réservoirs mais une partie de l’après-midi et le début de soirée sont consacrés à la lecture. Je télécharge des romans de toutes sortes et en particulier des policiers qui se passent pour la plupart aux Etats Unis.

J’essaie également de faire une heure de marche à pied tous les deux ou trois jours. C’est du plus par rapport à une grande traversée. Et puis il y a également toutes les petites occupations quotidiennes, se laver, faire du ménage, faire la cuisine, manger, faire la vaisselle, faire la lessive, regarder les informations à la télé … Et puis, de temps en temps, s’il y a un bon film à la télé le soir, je me laisse aller. Ah ! J’oubliais, écrire cette page, la 1260 -ème environ ! Je suis totalement rôdé et une heure me suffit souvent.

Je suis bien et je ne suis pas vraiment pressé que tout revienne à la normal. Mais je pense souvent à l’enfer que doivent vivre certains dans la promiscuité des appartements. Je sais très bien ce qu’il se passe sur les bateaux. Souvent les plaisanciers veulent partir en groupe ou même à deux couples amis depuis toujours. Lorsqu’ils arrivent de l’autre côté ils sont fâchés pour la vie.

Dans tous les ports du monde et en particulier dans les îles j’ai rencontré des bateaux stoppeurs, ou plus souvent des bateaux stoppeuses qui cherchaient un embarquement. Certaines avaient débarqué de leur propre chef mais beaucoup s’étaient faites débarquer par un équipage excédé. Le confinement dans un endroit restreint peut être un véritable cauchemar et je pense qu’une fois l’épidémie dans les rétroviseurs on va découvrir des dégâts dont on ne peut imaginer l’ampleur.

C’est mon jour de marche rapide, je tourne autour de mon pâté de bateaux et je parcours environ 4 kilomètres en trois quarts d’heure. Je vous laisse.

A bientĂ´t
Jean-Louis

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