Journal de bord de l'Harmattan
Thu, 22 Apr 2010 03:00:00 - 04°57 S 114°39W
N° 120 - SĂ©quence Emotions

19H00 J-1 heure du bord, 05H00 en France

Bonjour Ă  tous,

Que d’émotions durant cette traversée du Pacifique en solitaire !

Je suis en larmes, je viens juste d’apprendre la nouvelle, je suis grand père d’une petite Léonie, fille de mon fils Didier et de sa femme Anne-France. La petite puce est née à 13h30 heure du bord, 23h30 en France. 50 cm, 3,360 kg de bonheur. J’ai immédiatement porté l’évènement sur le livre de bord avant de faire pétiller les bulles prévues pour l’occasion. Maintenant j’attends les photos avec impatience.

Hier soir, je venais juste de me coucher quand l’alarme retentie. Je me lève rapidement et je vais à la table à carte pour voir que c’est le pilote qui a un problème. Cela arrive, de temps en temps il repasse en « Standby » tout seul, il suffit d’appuyer sur « Auto » ou « Track » et cela repart. Je monte donc à la barre à roue.

Il y a une inscription que je n’ai jamais vue « No pilote ». Y aurait-il un pilote dans le bateau ? J’appuie sur « Standby » et prends la main à la barre à roue, je remets le bateau sur son cap et je commence à tripoter les boutons du pilote, plus rien ne fonctionne, j’ai plein de messages d’erreur et à la fin « Failure ». Grosse frayeur tout à coup, les goutes de sueur sur le front et un frisson désagréable le long de la colonne vertébrale.

Sur l’échelle des catastrophes, lorsque l’on fait une ballade en solitaire à travers un océan la perte du pilote automatique vient juste après la grosse voie d’eau et l’avarie de barre.

Heureusement sur mon bateau j’ai deux systèmes de barre, ma barre à roue qui est mécanique et prise en direct sur la mèche du gouvernail et mon pilote qui est hydraulique et pris lui aussi en direct. Si un système tombe en panne, l’autre fonctionne toujours. En Grèce je suis tombé en panne de barre à roue, je suis rentré au port au pilote.

Pour l’instant je barre dans la nuit noire en essayant de tenir le cap à 120 degrés du vent et je fais le point de la situation. A Panama j’ai chargé des poches de dialysat pour 6 semaines, il y a quinze jours de cela. J’ai donc quatre semaines pour arriver aux Marquises.
Il me reste 1750 milles à parcourir, si je fais ne serais ce que 60 milles par jour j’arrive pile dans les temps. Un point pour moi, c’est ce courant portant de 1 nœud. Je peux certainement trouver des solutions d’équilibre qui me permettent de lâcher la barre une minute ou deux, pour préparer les repas, manger, faire mes dialyses, mes besoins …
Et puis la nuit je peux mettre Ă  la cape.

Mettre à la cape c’est bloquer la barre à fond dans un sens. Il y a la cape sèche, sans voile, je l’ai pris une fois en Grèce par 75 nœuds de vent et la cape courante avec la grand voile bordée à contre. On dit également mettre en pane. Le bateau dérive alors à environ 2 nœuds dans le lit du vent en aplatissant la mer à son vent.

En attendant j’essaye de voir si je peux abandonner la barre pendant les 6 ou 7 secondes qu’il me faut pour descendre couper le pilote et remonter. Je fais une première tentative mais ne trouve pas l’interrupteur dans le noir. La deuxième tentative est la bonne. Je barre ensuite pendant une demi heure en réfléchissant. Cela peut être une vraie panne, un faux contact ou bien un plantage de son petit ordinateur interne. Si c’est le cas, il peut repartir.

Je me dis que la situation est grave mais pas dramatique, au pire je vais barrer 10 heures par jour pendant un mois. Peu réjouissant !

Au bout d’un moment, je redescends et remets le pilote en marche. Il cafouille un peu puis se remet à fonctionner. Que c’est bon ! Je reste à ses cotés une vingtaine de minutes puis retourne me coucher un peu stressé au début puis me détendant progressivement.

Au niveau météo, cela s’arrange, le vent à faiblit vers les 20 nœuds, parallèlement la mer s’est aplatie.

Encore 172 milles au compteur ce jour et un autre évènement à fêter, le passage de la marque de milieu de parcourt à 18h54 ce soir. Plus que 1480 milles sur 2960 au départ !

A demain

Jean Louis


"Et oui, que d'Ă©motions, comme Ă  chaque naissance.....
Vive LĂ©onie, vive ses parents, vive ses grands parents .....
Bon, je vais m'arreter lĂ , tout de mĂŞme !!!!
Maintenant, nous attendons avec impatience la prochaine naissance...
Et pleins de gros bisous Ă  tous
Marie"


Envoyé par Marie le 23-04-2010 à 13:17



"Salut, Amiral. Vous ne pensiez tout de même pas que ça allait être "La croisière s'amuse "pendant tout le parcours ? C'est beau, Léonie. Y'a Eole dans son prénom, c'est un bon début. Have a nice trip and have fun. Amitiés. GD"

Envoyé par GD le 23-04-2010 à 15:57



"de tout coeur je felicite l'heureuxgrand pèremes petits sont ma raison de vivre et vive l
leonieaffection roselyned"


Envoyé par roselynedemeestere le 23-04-2010 à 22:13

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