Journal de bord de l'Harmattan
Mon, 28 May 2018 22:00:00 - 35°55’N 48°56’W
N° 1147 - La tempĂŞte

19h00 heure du bord, 22h00 TU, 23h00 en France


Bonjour Ă  tous,

Lorsque je raconte mon aventure deux mots reviennent la plupart du
temps, surtout dans la bouche des filles « courage » et « tempête ».
Je dois alors expliquer que pour moi le courage ce n’est pas cela. Le
courage consiste Ă  se mettre en danger pour essayer de sauver une
autre vie.

Je trouve que sont réellement courageux les hommes et les femmes qui,
après un tremblement de terre, se glissent dans le millefeuille des
immeubles écroulés afin d’essayer de délivrer des personnes ensevelies
alors qu’à tout moment une réplique peut avoir lieu.

Le mot tempête revient souvent. « Vous avez rencontré des tempêtes ? »
En réalité ce terme désigne un sentiment et pas un état de fait.
Chacun a un niveau de tempête qui lui est propre. Cela peut démarrer
dès force 4 si la mer est un peu formée.

Avec l’habitude de la mer le niveau s’élève et l’on fini par ne plus
pouvoir donner une réelle signification à ce mot. Pour ma part je
préfère parler de « Gros Temps », cela recouvre mieux, décrit mieux
les situations rencontrées. Le gros temps tient compte de la force du
vent bien sûr mais également de l’état de la mer.

En effet, le mĂŞme niveau de vent, par exemple un force 6 ou 7, peut
être anodin si la mer ne s’est pas formée ou bien terrible s’il
s’oppose à un fort courant sur une longue distance et depuis un
moment. Le gros temps tient compte également de l’embarcation
elle-même, le gros temps n’aura pas le même effet sur un petit bateau
que sur un très gros navire.

Les prévisions météo annoncent un peu de gros temps dans les jours à
venir, aussi j’ai décidé ce matin de gréer le quatrième ris que j’ai
fait construire dans ma grand-voile. En effet il vaut toujours mieux
être trop préparé que pas assez. J’ai utilisé le gréement du spinnaker
(poulies et bras) puisque celui-ci va rester planqué sous la couchette
du capitaine pendant la bagarre.

J’ai attaqué avant cinq heures ce matin. J’ai également révisé la
trinquette. Maintenant il est midi et je suis à l’apéro, devant ma
bière glacée bien méritée. Je grignote trois ou quatre chips afin de
faire un peu fête. J’ai beaucoup de temps à moi. Certains emportent
des films pour passer le temps, pour ma part j’aime méditer.

J’utilise ce paquet de chips depuis une dizaine de jours, et je
m’interroge. J’ai dû l’acheter au Chili, la marque est « El Gallo Rojo
». Un beau coq rouge est dessiné en train de pousser son cri « iRi
quiquiri !!! ». Evidemment c’est un gallinacé hispanophone.

Je n’arrive pas à résoudre cette énigme. Imaginons un fermier
espagnol, il aime son coq mais celui-ci se fait vieux et comme des
amis viennent il le tue et le sert au vin rouge avec des champignons.
Maintenant il doit en acheter un jeune pour qu’il s’occupe de ses
poules.

Il se rend sur le marché de Bayonne et rapporte le nouveau coq.
Lorsque ce coq va se percher sur le tas de fumier de la ferme va-t-il
chanter « Cocoricoooo !!! » ou bien « iRi quiquiri !!! » ? Cela
m’occupe depuis plusieurs jours.

Aujourd’hui je me heurte à un vent contraire de Nord Est ainsi qu’à un
courant contraire m’obligeant à descendre Sud Est. J’ai fait beaucoup
de route mais très peu dans la bonne direction. Ce soir je suis même
en train de reculer, les prévisions ne correspondent pas et je
n’arrive plus à avoir les prévisions actuelles !!! Je me trouve encore
Ă  975 Miles de Faial ayant parcouru 78 Miles utiles pour 106 Miles au
compteur.

A bientĂ´t


Jean-Louis
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