Journal de bord de l'Harmattan
Sun, 11 Mar 2018 18:00:00 - A Cormeilles en Vexin
N° 1093 - Navigation de nuit

18h00 TU, 19h00 heure Locale

Bonjour Ă  tous,

Le 3 février 2015, pour la première fois je foulais le sol de
l’Amérique du Sud, je venais d’atterrir au Brésil, à Salvador de
Bahia. Pendant trois ans je me suis régalé de ce continent si
particulier. Le Brésil, l’Uruguay, l’Argentine, Buenos Aires, la
Patagonie, le Chili, que de souvenirs, que d’images qui resteront à
jamais gravées dans ma tête !

Et puis, il y a quelques semaines, j’entends pour la première fois la
nouvelle chanson de Calogero, « Voler de nuit ». Que les paroles sont
vraies, quelles sont émouvantes ! J’ai immédiatement envie de me
replonger dans ce magnifique roman écrit par Antoine de Saint-Exupéry,
« Vol de Nuit ».

Et c’est un bonheur, relire ce livre me replonge en Amérique du Sud et
dans tous ces endroits qui maintenant me sont chers. C’est un immense
régal. Rivière qui dirige la base de Buenos Aires, ces pilotes de
l’Aéropostale chargés de rapporter le courrier de Patagonie, du Chili,
du Paraguay quelques soient les conditions climatiques me font rĂŞver.

L’habitude de la navigation de nuit en solitaire que j’aime tant me
permet de comprendre parfaitement ce que représente pour ces pilotes
la traversée de ces immenses espaces, seuls dans leur cockpit.
J’imagine parfaitement les sentiments qu’ils peuvent éprouver, la
passion, les émotions, la sensibilité et leurs réflexions sur la
marche du monde.

Comme le chante Calogero :
« Vu d’en haut ces frontières, ces lignes qui nous écartent »
« Ne sont que des dessins, que des traits sur la carte »
« Derrière chaque maison, des gens rêves, des gens s’aiment »
« C’est beau comme vu d’avion on a l’air tous les mêmes »

J’ai visité des dizaines de pays et de plus en plus je me fais cette
même réflexion. Les cultures peuvent être totalement différentes et
faire réagir les femmes et les hommes en fonction de celles-ci mais au
fond d’eux, les gens sont les mêmes.

Entre le Kuna-Yala, société matriarcale vivant sous des huttes en
branchages, et le Sultanat d’Oman société totalement machiste et même
phallocrate vivant dans des palais en marbre il y a un monde de
différence. Pourtant les gens rêvent de la même manière, aiment de la
même manière, ont les mêmes qualités, se battent pour élever leurs
enfants et pour qu’ils réussissent.

J’adore la nuit. Mes copains navigateurs essaient pour la plupart de
prendre la mer le matin afin d’essayer de passer une nuit de moins en
mer lors des grandes traversées. Pour ma part j’adore partir en fin de
journée, la nuit me ravie, surtout si la navigation est difficile et
s’il faut prendre des alignements.

Que de souvenirs ! Le plus grand est certainement cette traversée de
l’archipel de la Maddalena par une nuit sans lune, à prendre des
alignements en permanence pour Ă©viter de percuter un rocher ou de
talonner un récif. En fait j’aime la nuit car tout est plus difficile.
Je suis tout l’opposé d’un fêtard, je n’ai jamais mis les pieds dans
une boîte de nuit mais j’aime la nuit, sa solitude et tous les
sentiments qu’elle génère.

Toutes les nuits sont belles, les nuits sous spi et les nuits de
tempĂŞtes, les nuits sans lunes et les nuits de pleine lune, les nuits
de solitude au milieu d’océans où les lignes maritimes sont
inexistantes et les nuits entourées de bateaux et navires de toutes
sortes lors de la traversée de détroits trop encombrés.

A bientĂ´t


Jean-Louis
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