La traversée de l'Atlantique en solitaire... et sous dialyse

PARIS - Message d'espoir pour les milliers d'insuffisants rénaux, un Parisien de 59 ans, traité par dialyse péritonéale, vient de réussir la traversée de l'Atlantique en solitaire sur un voilier de 15 mètres.

Parti des Iles Canaries avec à bord 400 kilos de poches de dialysat - solution qui pallie les fonctions du rein -, Jean-Louis Clémendot, marin confirmé, est arrivé en Martinique le 23 décembre, au terme de trois semaines de navigation et de dialyse quotidienne.

Tout au long de la traversée, le solitaire est resté en contact avec deux médecins, Christian Verger, chef de l'unité de dialyse péritonéale (Centre hospitalier René Dubos, Pontoise), et Pierre-Yves Durand, néphrologue (Centre hospitalier de Quimper), mais aussi moniteur de voile.

"J'étais totalement confiant", a-t-il déclaré à la presse mardi à son retour à Paris. "La dialyse péritonéale, c'est tout simple. Ca donne la liberté, avec un peu d'organisation", a-t-il expliqué.

Alternative à l'hémodialyse, où le sang est épuré à l'extérieur du corps du patient à l'aide d'une machine, la dialyse péritonéale est mieux adaptée à la pratique à domicile.

C'est le péritoine, membrane naturelle de l'organisme, qui joue le rôle de filtre entre le sang et le dialysat introduit dans l'abdomen par un cathéter fixe puis drainé avec les déchets du sang et l'excès d'eau par la même voie.

L'hémodialyse est réalisée généralement en milieu hospitalier, à raison de 3 séances d'environ 4 heures par semaine. La dialyse péritonéale se fait soit manuellement, 3 ou 4 fois par jour, avec des séances de 30 à 45 minutes, soit avec une machine, pendant la nuit.

"Ce n'est pas plus contraignant que de se laver les dents après chaque repas", a estimé le navigateur. Il a pourtant dû suivre une formation en biologie avant son départ, pour être capable de diagnostiquer et de soigner une éventuelle infection, la péritonite constituant le principal risque de la dialyse péritonéale.

"Le taux d'infection est en moyenne d'un épisode tous les 3 ou 4 ans", a précisé le Dr Verger. Pour ce spécialiste, la dialyse péritonéale permet "d'économiser les veines", mises au contraire à rude épreuve par l'hémodialyse.

Son utilisation reste pourtant quasi-confidentielle en France. Sur quelque 37.000 patients dialysés, seuls 3.000 sont traités par dialyse péritonéale, soit "moins de 9%", alors que le coût est moindre.

"80% des patients en dialyse n'ont pas entendu parler de la dialyse péritonéale", a déploré le Dr Verger.

(©AFP / 12 janvier 2010 15h47)