Journal de bord de l'Harmattan
Mon, 20 Feb 2017 22:00:00 - 54°33S 71°55W
N° 964 - Grandiose



19h heure du bord, 22h TU et 23h en France.
A Caleta Brecknock

Bonjour Ă  tous,

Depuis hier en fin d’après-midi il fait un vrai temps Patagon, nuages
bas, pluie continuelle, Ă  20h30 tout le monde est sous la couette.
Pendant la nuit les grains passent en secouant Harmattan, nous sommes
contents d’être à l’abri.

Comme tous les matins, la température dans le bateau est de seulement
10 degrés. Mais nous sommes maintenant habitués et nous ne souffrons
pas du froid. Se mettre à poil pour se laver n’est pas difficile.

Le problème est l’humidité. Cette nuit comme il pleuvait je n’ai pas
pu dormir avec mon panneau de pont entrouvert, du coup la condensation
sur la vitre s’est transformée en pluie. Mon duvet est trempé comme si
je l’avais immergé dans un seau d’eau et tout à bord est poisseux
d’humidité.

Les prévisions météo ne sont pas bonnes. En s’écoutant on resterait
bien dans cette caleta mais ce sera encore pire les jours Ă  venir.
Comme dit Pierre-Yves, « qui trop regarde la météo reste au bistro ! »

Aussi, après grasse matinée jusqu’à 8 heures nous prenons rapidement
un petit déjeuner et décidons de partir pour essayer de rejoindre au
moins l’entrée de la bien nommée Bahia Desolada et si possible de la
traverser. Quelle surprise en sortant de notre trou bien planqué de
constater que le temps ne correspond pas aux prévisions et que la mer
est très manœuvrable.

Aussi nous hissons trinquette et artimon et, aidés du moteur, nous
faisons route à bonne vitesse au milieu de cette désolation. La vie
est belle, c’est le bonheur. Finalement à 13 heures la Bahia Desolada
est dans les rétroviseurs et nous décidons de poursuivre. Nous passons
au pied de grandes falaises, le spectacle est grandiose.

Nous sommes maintenant sur le Canal Brecknock et l’objectif est la
fameuse caleta éponyme que Giorgio décrit comme « one of the most
famous and spectacular anchorages of Tierra Del Fuego ». Elle se
trouve environ 35 Miles plus loin mais, comme nous n’allons pas
pouvoir bouger pendant deux jours Ă  cause du mauvais temps, mouiller
lĂ  serait super.

En effet elle est dotée d’un lac en altitude, d’un sentier pour y
monter et d’une grande cascade. Un deuxième lac est accessible
également et un surplomb que l’on peut atteindre après une heure de
marche offre un point de vue paraît-il magnifique.

Et puis cet emplacement est situé pratiquement tout au bout de cette
première grande ligne du S inversé que la route menant à Puerto
Natales décrit. C’est-à-dire qu’après seulement 5 Miles la route qui
était orientée vers l’Ouest, donc contre les vents dominants, va
prendre une direction Nord Est pour quelques Miles puis carrément Est
pendant une cinquantaine de Miles avant de partir plein Nord. Nous
pourrons ainsi profiter pleinement des vents d’Ouest assez forts
prévus en fin de semaine.

Mais pour l’heure nous naviguons dans un dédale de canaux circulants
au milieu de nombreuses îles qui s’élèvent verticalement, parfois
jusqu’aux nuages. C’est grandiose, certaines sont couvertes de petites
végétations rabougris de couleur vert jaune. D’autre, immenses, sont
faites de plaques de roche grises et lisses. Elles brillent au soleil,
totalement trempées par les grains permanents.

Déjà, lors de nos ballades à terre j’avais remarqué le sol spongieux.
On a l’impression de progresser sur une énorme moquette qui s’enfonce
de plus de 10 centimètres à chaque pas. C’est réellement le pays de
l’eau. Les petites marres dans lesquelles l’eau croupie sont très
nombreuses, il y a des lichens partout.

Je me dépêche d’envoyer ce message car je ne sais pas si j’aurais
toujours une connexion satellite au pied de ces Ă©normes falaises.

A bientĂ´t


Jean-Louis
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