Journal de bord de l'Harmattan
Fri, 05 mai 2016 19:00:00 - 16h heure du bord, 19hTU et 21h en France
N° 882 - La tĂŞte Ă  l’envers



Jeudi 5 Mai 2016, Ă  16h heure du bord, 19hTU et 21h en France.
A Piriápolis (Uruguay)

Bonjour Ă  tous,

Lorsque l’on habite dans l’hémisphère nord, l’ordre naturel des choses
est d’avoir les pieds au Sud et la tête au Nord. Au Sud il fait chaud
et au Nord il fait froid. En Mai fait ce qu’il te plait. Comme tout
est inversé ici, et qu’il y a six mois de décalage, il faudrait dire
en Novembre fait ce qu’il te plait mais force est de constater que la
rime n’est pas là, cela le fait beaucoup moins.

Quoi qu’il en soit, depuis dimanche je suis tout retourné. Un bateau
est arrivé dans la journée une fois la tempête calmée. Il venait du
Sud, un couple de Roumains sur un petit 35 pieds. Puis j’ai fait la
connaissance d’un Hollandais solitaire sur un Contest 43, il était là
depuis quelques jours. Aussi bien les Roumains que le Hollandais m’ont
mis la tête à l’envers, au propre comme au figuré : Ils sont allé en
Antarctique !!!

Et puis un grand catamaran se trouve dans le port avec des Italiens Ă 
bord, ils y sont allés eux aussi. Déjà Giorgio (Guide « Patagonia &
Tierra Del Fuego ») avait évoqué avec moi ses voyages vers le septième
continent sur le fameux ketch « Fernande » (Presles 70) qui
malheureusement est en train de pourrir ici, Ă  quelques dizaines de
mètres d’Harmattan.

Depuis longtemps je pense à l’Antarctique, c’est une aventure qui me
fait rêver, la passage du Drake, les Shetland du Sud, l’ile du Roi
George, l’ile Decepcion, la Terre de Graham, la baie Andvord, la baie
Paradis, Port Lockroy, la base Vernadsky, le Cercle Polaire
Antarctique ….

Mais jusqu’à présent, comme souvent lorsque l’on n’a pas travaillé
suffisamment la question cette aventure me semblait hors de portée.
Mais en s’imaginant à Ushuaia et en voyant ce grand catamaran
construit pour les eaux chaudes des CaraĂŻbes plus que pour les mers du
Sud remplies de growlers, ce petit 35 pieds et ce Contest 43 en
plastique revenir de là bas je n’ai plus qu’une envie, y aller moi
aussi.

C’est devenu une obsession, j’y pense jours et nuits. Ce n’est
finalement pas très loin, 830 kilomètres au Sud du Cap Horn, 450
Miles, 4 jours de mer. Il faut partir d’Ushuaia ou mieux de Puerto
Williams si l’on veut se planquer éventuellement dans une crique bien
protégée au pied du Horn pour attendre une fenêtre météo. Puis il faut
filer pour traverser le si effrayant passage du Drake qui reste la
partie difficile de la ballade. Quelle belle mise en bouche ce serait
avant les canaux de Patagonie !

Je passe du temps sur Internet (encore cette nuit entre 4h et 6h30)
rubrique « Péninsule Antarctique ». Je lis les blogs de ceux qui y
sont allé. J’admire les photos qui sont toutes magnifiques. Je cherche
des informations sur ce continent que l’homme n’a jamais colonisé. Il
faut dire que les conditions y sont extrĂŞmes. Contrairement Ă 
l’Arctique où seule une mer recouverte de glace existe, ici il y a des
montagnes qui frôlent les 5 000 mètres. En hiver la température peut
descendre par endroit à -90 degrés !!!! Incroyable.

En attendant je prépare Harmattan, pilote automatique refait à neuf,
chauffage neuf, capote neuve, grand voile neuve et génois en excellent
Ă©tat, moteur refait Ă  neuf avant de partir de France, groupe
électrogène en bon état … il sera prêt pour affronter le grand Sud.

Je ne parle pas du dessalinisateur qui fonctionne très bien également
mais le continent Antarctique avec ses 1,6 kilomètre d’épaisseur de
glace en moyenne contient près de 70% des réserves d’eau douce de la
planète. Les voiliers s’approchent d’un glacier et grâce à une
bouteille d’eau coupée en deux et une manche à eau remplissent les
soutes avec de l’eau de glacier. Il n’y a plus qu’à sortir le Pastis !

Lundi j’ai mis Harmattan au sec, c’est beaucoup plus facile pour les
gros travaux. J’ai entrepris pour la nième fois de revoir mes
problèmes de réservoir de gasoil. J’ai démonté la table du carré, mon
frigo, tous les fonds et je viens de sortir mes deux réservoirs
secondaires. Maintenant il faut trouver l’origine du problème et
arriver à le corriger. Je me serais bien passé de ces travaux.

A bientĂ´t





Jean-Louis
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