Journal de bord de l'Harmattan
Sat, 23 Apr 2016 10:00:00 - 34°53 S 55°17 W
N° 879 - Corruption organisĂ©e en Uruguay



7h heure du bord, 10hTU et 12h en France.


Bonjour Ă  tous,

J’ai failli écrire « Tracasseries administratives » mais je me suis
ravisé, c’est bien de la corruption, c’est beaucoup plus grave. Je
suis très énervé par toute cette affaire mais je vais essayer de vous
la faire courte. VoilĂ  :

Je viens de récupérer ma valise à l’aéroport de Montevideo. Je suis
épuisé, il est 10h30, 15h30 en France et je suis levé depuis 30 heures
car je n’ai pratiquement pas dormi dans l’avion. Je passe ma valise
dans le scanner de la douane en toute confiance et la jeune femme me
demande si j’ai quelque chose à déclarer, « nothing ».

J’ouvre ma valise et lui explique que je voyage en bateau, je suis de
passage en Uruguay, j’apporte une chaudière pour remplacer l’ancienne
hors service. J’ai déjà vécu cela de nombreuses fois et je ne
m’inquiète pas. Mais, contre toute attente elle me confisque ma
chaudière et me demande de me rendre au « old airport » pour payer une
taxe. Elle n’en connaît sois disant pas le montant.

Je laisse mes valises et part à la recherche de cet « old airport »
qui, d’après elle est juste à côté. En fait il se trouve à au moins
2,5 Kms ! J’arrive toujours aussi furieux, la marche ne m’a pas calmé.
Il y a un comptoir avec 5 ou 6 guichets, je tends le papier qui m’a
été remis et, horreur, on m’annonce une taxe de 50% du montant HT de
la facture soit un peu plus de 500 €. Je suis sidéré, j’hurle, je dis
que jamais je ne paierais, c’est mon propre bateau, c’est un
territoire français. La marchandise est juste en transite.

Finalement une femme d’un certain âge se lève et va plaider ma cause
auprès du chef. Elle revient, me dit que je ne paierais pas la taxe
mais que je dois me rendre auprès des « agente despachador »
(transitaires) afin de récupérer ma chaudière.

Je me pense tiré d’affaire, mais non, la combine est bien montée.
L’agent me dit que je vais devoir payer tout de même 250 dollars pour
la saisie (il me précise qu’il va payer lui-même la douane et que je
devrais le rembourser) et 50 dollars pour ses honoraires.

Par contre je dois justifier que mon bateau est bien Ă  Piriápolis.
Aussi je dois refaire un aller et retour au nouvel aéroport pour
chercher les papiers de la marina dans ma valise. Puis il me dit de
revenir dans quelques jours pour lui laisser le temps de faire les
formalités. Finalement j’arrive sur Harmattan à 15h30 après plus de
trente heures de voyage fatigué, affamé et furieux.

Pour en finir, je suis retourné là bas ce vendredi, j’ai dû payer 300
dollars en liquide et lorsque j’ai demandé la facture je me suis fait
incendier par le « Despachador ». Nous avions parait-il passé un
accord et c’était comme cela ou bien je payais la taxe. J’ai alors
compris que j’étais en face d’une corruption organisée et que je
m’étais fait avoir.

Pour que la douane soit couverte, j’ai été escorté par une femme
douanière ayant pour mission de constater que le bateau existait bien.
Nous sommes montés dans un gros pickup pour parcourir les 120
kilomètres jusqu’à Piriápolis.

Sur l’autoroute, le bras à la portière, une cigarette dans une main,
le portable dans l’autre la situation était assez surréaliste.
D’autant qu’ayant certainement des gênes italiens elle parlait avec
les mains générant de nombreuses embardées.

Tout autre chose, en arrivant à mon bateau mercredi soir, j’ai un
nouveau voisin « SAUDADE III ». Ce nom me dit quelque chose, je
connais ce bateau mais je ne fait pas le lien. Finalement je fais
connaissance avec les fameux Giorgio Ardrizzi et Mariolina Rolfo.
Giorgio est le pape de la Patagonie, l’auteur « du » guide si connu «
Patagonia & Tierra Del Fuego ». Il a passé 13 ans là bas.

Malheureusement il repart jeudi après-midi, j’aurais aimé pouvoir
discuter beaucoup plus longtemps avec lui. C’est un homme charmant
ayant plaisir à partager ses connaissances. Déjà, en très peu de temps
il m’a beaucoup aidé en me communiquant l’essentiel.

C’est ma vie, des moments difficiles où l’injustice me révolte et
m’ulcère mais également des rencontres exceptionnelles qui me
ravissent. Le bilan est malgré tout extrêmement positif.

A bientĂ´t

Jean-Louis
Sommaire
Commentaire
Précédent
Suivant