Journal de bord de l'Harmattan
Sat, 16 May 2015 22:00:00 - 23°00S 43°12W
N° 806 - La baie de Guanabara



19h00 heure du bord, 22h00 TU, 24h00 en France.


Bonjour Ă  tous,

Je n’ai pour ainsi dire pas dormi lorsque je me présente à 5h45 dans
l’entrée de la baie de Guanabara ce vendredi matin. Toute cette partie
de cĂ´te est pourtant interdite Ă  la pĂŞche mais le trafic de cargos et
surtout de remorqueurs est très important. Je ne comprends pas, toute
cette côte est remplie d’énormes remorqueurs de haute mer. Ils servent
certainement à gérer toutes les plateformes pétrolières qui se
trouvent au large.

Bientôt le jour commence à se lever et à 7h12 très précisément
j’aligne le Corcovado avec le Pao de Acucar, lefameux pain de sucre.
C’est un énorme moment, je suis bien à Rio, la ville mythique par
excellence.

Mon ambition est de trouver un endroit sûr pour laisser Harmattan
pendant les quelques mois d’hiver austral. Je n’ai pas le droit de
passer plus de 180 jours par an au Brésil mais Harmattan peut y rester
deux ans. Du coup, je vais passer l’été en Europe puis je reviendrais
pendant l’hiver chez nous passer l’été austral au Brésil.

On m’a conseillé un Iate Club sur l’île de Paqueta tout au fond de la
baie de Guanabara que tout le monde nome baie de Rio. Cette baie est
coupée en plein milieu par un énorme viaduc de 13,5 kilomètres de
long. J’ai cherché pour trouver son tirant d’air mais la seule
information que j’ai pu recueillir est « que les grands cargos passent
dessous ».

Lorsque je passe dessous, je serre les fesses tout de mĂŞme mais je me
sens minuscule. Derrière ce viaduc des dizaines et des dizaines de
bateaux sont au mouillage avec encore une fois une majorité de gros
remorqueurs de haute mer. Je dois slalomer.

L’eau est très polluée, elle est marron verdâtre et par endroit il y a
de grosses plaques de mousse marron clair. Mais je m’attendais à pire,
Ă  Malte mon Ă©trave Ă©cartait les imondices dont la mer Ă©tait
recouverte.

J’arrive à Paqueta à 10h12. Déception, je ne peux laisser mon bateau
ici ! D’une part il n’y a aucun voilier, juste quelques petits bateaux
à moteur dans un hangar. D’autre part c’est une plage ouverte vers
l’Est sans aucune surveillance. En milieu d’après midi je veux me
rendre à terre mais un membre du club me courre après pour me dire
qu’il faut que je bouge mon bateau, je gêne le ferry.

Tant pis, je lève l’ancre à 16h45 pour revenir sur Rio. Ici il n’y a
pas beaucoup de solutions, je me dirige donc sur le Iate Club de
Charitas. La traversée de la baie de Rio la nuit est véritablement
dantesque. C’est un morceau de bravoure mais j’adore cette ambiance.

Je suis entouré par les multiples lumières des bateaux au mouillage,
aveuglantes pour la plus part. Il faut pourtant arriver Ă  discerner
les bateaux en marche des bateaux à l’arrêt, les pilotes qui filent
comme l’éclair dans toutes les directions, les ferries qui traversent
dans tous les sens, les bateaux de travail …

Je dois slalomer au milieu de ce capharnaĂĽm avec pour pimenter un peu
l’ambiance des hélicoptères qui traversent en tous sens et encore plus
fort les gros avions long courrier qui passent en vrombissant juste au
dessus de mes mâts, l’aéroport international de Rio se trouvant en
bordure de baie, entre l’eau et la ville. Souvenirs assurés, beaucoup
plus fort que de traverser le détroit de Messine la nuit.

Je fini par mouiller devant le Iate Club de Charitas à 19h35. Après
une nuit où je prends enfin un repos bien mérité, je me rends en
annexe Ă  la marina. Je demande les prix pour y laisser mon bateau
quelques mois : 70 Euros par jour, 2100 Euros par mois !!!!! C’est
absolument démentiel.

J’aurais l’occasion de visiter Rio de nombreuses autres fois. Je
décide qu’à l’occasion d’un voyage en France je prendrais une chambre
et resterais quelques jours à Rio pour visiter. Pour l’instant il faut
que je trouve un endroit pour stocker mon bateau.

La solution est déjà dans ma tête depuis un moment, elle m’est
confirmée par le blog de Caramel : « Le plus malin est de laisser
votre bateau à Paraty et de revenir en bus ».

Ce soir à 17h00 je lève donc l’ancre direction le Sud et le paradis
annoncé de la baie d’Ilha Grande, d’Angra dos Reis et de Paraty à
environ 60 Miles d’ici. J’adore partir le soir, j’adore naviguer de
nuit, tout est plus difficile mais tout est plus beau.

Il est maintenant 18h, il fait totalement nuit, le spectacle du pain
de sucre avec ses téléphériques, se découpant en ombre chinoise sur le
ciel orangé des lumières de Rio est époustouflant de beauté.

Maintenant c’est Copacabana toute illuminée avec ses gratte-ciels et
en arrière plan le Corcovado, tout blanc, lumineux, avec ses grands
bras écartés à l’horizontale, face à la ville, face à la mer. Que
d’émotions ! Mon dieu, que j’ai de la chance de vivre de tels moments
!

A bientĂ´t

Jean-Louis
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