Journal de bord de l'Harmattan
Thu, 23 Apr 2015 19:00:00 - A Vitoria
N° 796 - Un système administratif anti plaisanciers

21h00 en France.


Bonjour Ă  tous,

- Mercredi matin
J’ai l’impression d’être un lundi et de reprendre le travail. Le jour
férié est dans les rétroviseurs et aujourd’hui il faut passer aux
choses sérieuses et en tout premier lieu aller à la capitainerie de la
marina pour me mettre en règle.

Ici comme dans beaucoup d’endroits maintenant, on n’apprend plus les
langues, on apprend Ă  se servir du traducteur de Google et cela
suffit. C’est moins pratique, c’est moins convivial mais je dois bien
reconnaître que ça fonctionne et finalement c’est efficace.

Le jeune réceptionniste m’installe derrière son bureau, lui reste
debout et tape les questions dans sa langue. Je lis et frappe mes
questions ou mes réponses en anglais (Il aurait pu choisir le français
mais pour lui tous les Ă©trangers parlent anglais). Je finis par
comprendre que je vais devoir payer environ 10 Euros par jour pour
avoir le droit d’accoster dans la marina avec mon annexe pour me
rendre en ville.

Il est vrai que je pourrais profiter des douches mais j’en ai à bord
du bateau, de l’eau j’en ai également car j’ai fait fonctionner mon
déssalinisateur avant d’arriver. Je préfère l’eau dessalée que l’eau «
filtré » des quais au Brésil. Le restaurant est fermé, les toilettes
en panne par manque d’eau … Je pourrais malgré tout profiter de la
piscine mais ce n’est pas mon truc.

Enfin j’accepte le deal mais avant de conclure je dois me rendre à la
capitainerie du port pour faire mon entrée officielle dans cet état.
C’est à l’autre bout de la ville. Résultat, entre la capitainerie de
la marina et celle du port j’y consacre trois quart d’une journée. Je
rentre à 16h30 épuisé, je n’ai plus qu’une envie : me reposer.

- Jeudi Matin
Enfin une pleine journée pour m’occuper du bateau. Hé bien non,
l’administratif continue à me pourrir la vie. Je suis en train de
petit déjeuner et cette fois c’est la vedette des douanes qui
s’approche avec la ferme intention de se mettre à couple. Je replie
mon panneau solaire, sors les pare-battages et accueil un douanier.

Il veut contrĂ´ler mes documents. Pendant que je lui montre ceux-ci je
ressens un grand choc, ses copains viennent de percuter Harmattan avec
leur étrave. Je me précipite, sur le coup je ne vois rien mais
lorsqu’ils seront partis je découvrirais sous le liston une grande
trainée noire sur ma coque. C’est à chaque fois la même chose, les
douaniers sont des bourrins incapables de faire la différence entre un
cargo et un navire de plaisance. Ce sera encore une fois Ă  moi de
réparer les dégâts.

En attendant celui qui est monté à bords consulte mes documents, tous
écrits en portugais et totalement incompréhensibles pour moi. Soudain
il me dit qu’il y a un problème, que je ne suis pas en règle, que je
n’ai droit qu’à deux mois, que je ne devais rester au Brésil que
jusqu’au 4 Avril et il me monte dans mon dossier un document où, au
milieu du charabia je lis 04/04/2015.

Il me confirme qu’il va devoir saisir le bateau. Je suis atterré. Mais
j’ai vu dans un autre document une date au 5 Mai. Je lui montre ce
document il me dit que, finalement, c’est OK (Grand soulagement !).
C’est incroyable, même eux ne s’y retrouvent pas dans leurs
paperasses.

Dès qu’ils ont quitté Harmattan je me lave, m’habille dans une tenue «
correcte » (pas de short admis dans les administrations brésiliennes)
et traverse la ville pour faire proroger la date limite pour le
bateau. Etant revenu le 4 Avril à Salvador de Bahia, j’ai obtenu un
nouveau visa de 90 jours ce qui permet à Harmattan de rester au Brésil
jusqu’au 4 Juillet.

Je dois dire que j’en ai un peu mare de ce Brésil, les conditions de
navigations ne sont pas idéales, ce pays n’en fini pas, à chaque étape
je passe plus de temps à gérer les problèmes administratifs qu’à tout
autre chose et cette règlementation très restrictive sur la durée du
séjour est un véritable empoisonnement.

Tous les plaisanciers que j’ai rencontré n’ont pas vraiment appréciés
et finalement ils sont passés au Brésil pour dire « j’y suis passé »
mais ils n’avaient tous qu’une idée c’est de quitter au plus vite ce
pays.

Personne ne descend au Sud de Salvador de Bahia. Mes copains anglais
qui sont reparti ce matin me disaient que dans un port on leur a dit
n’avoir vu qu’un seul bateau (un français) de toute l’année passée.
Cela ne me surprend pas.

A bientĂ´t

Jean-Louis
Sommaire
Commentaire
Précédent
Suivant