Journal de bord de l'Harmattan
Thu, 29 Jan 2015 21:00:00 - 4° 19 S, 32° 01 W
N° 768 - Fernando de Noronha

22h00 en France, 19h00 heure du bord.

Bonjour Ă  tous,

Nous passons aujourd’hui à une trentaine de Miles au Sud Est de
l’archipel de Fernando de Noronha, aussi le capitaine a ordonné à
l’équipage de reculer toutes les pendules du bord d’une heure pour
adopter l’heure officielle de cet endroit du monde. Nous avons donc
maintenant 3 heures de retard sur la France.

Depuis tout petit, ce nom me fait rêver, c’est un peu comme lorsque ma
maîtresse de primaire nous parlait de la mer d’Arafura dont Harmattan
à déjà fendu les flots ou de la grande barrière de corail. Il y a des
consonances qui nous interpellent, qui nous font rĂŞver.
Malheureusement nous n’allons pas nous y arrêter, ce sera pour une
prochaine fois j’espère.

De toute façon ce n’est pas un port d’entrée officiel au Brésil. Il
faut prétexter un problème technique ou une fatigue de l’équipage pour
y faire un arrêt d’une journée. L’archipel découvert en 1492 par Juan
de la Cosa, un compagnon de Christophe Colomb, est un parc national
marin et des milliers de tortues de mer ainsi que des dauphins y
vivent ainsi que 230 espèces diverses (raies, requins, barracudas,
murènes, corail …)

C’est une journée magnifique qui se termine, la température est
idéale, le petit alizé qui nous vient de travers à 8 ou 10 Nœuds est
idéale, la mer qui scintille de tous ses feux en nous berçant
doucement est idéale, le bleu du ciel, le bleu de la mer, le soleil,
tout est idéal. Comment imaginer être mieux ? C’est impossible.

Ce midi nous avons déjeuné dans le cockpit, endroit où nous prenons
tous nos repas. C’est un peu comme en plein été sous une véranda. Ce
pare-brise, cet arceau et cette capote qui enveloppe le tout, quelle
riche idée ! Nous y sommes bien, à l’ombre, avec un peu d’air qui nous
caresse et surtout avec une vue à 360 degrés sur toute cette eau qui
nous entoure.

Nous filons maintenant droit sur la côte brésilienne, on pourrait dire
que la traversée est derrière nous. La ville de Natal n’est plus qu’à
200 Miles sur notre tribord avant. Droit devant, Cabedelo et la
fameuse marina de Jakare se trouve droit devant Ă  230 Miles seulement.
Mon ami Olivier et son Néos, rencontré à Singapour en 2010 y est
arrivé il y a quelques jours en provenance de la Namibie et de Saint
Hélène.

Je continue à correspondre avec de nombreux amis rencontrés aux quatre
coins du monde, je pense entre autre à Delphine rencontrée aux îles
Marquise qui vit maintenant Ă  Sydney en Australie et qui est devenue
depuis maman de deux petites filles. Nous ne nous sommes souvent
croisés que quelques heures mais cela a suffit à créer des liens qui
resteront noués toute notre vie.

Pour moi la voile n’est qu’un moyen, mais quel moyen ! Ce qui me
pousse, ce qui me porte, ce qui m’anime, c’est « Le Voyage ». Le
voilier permet de voyager en toute liberté tout en emportant sa maison
avec soi. Pour l’instant je vie à fond cette magnifique traversée.
Contrairement à Jacky qui attend avec impatiente de découvrir le
Brésil, je n’y pense même pas.

Je profite de l’instant. C’est l’instant qui m’apporte le bonheur, pas
l’envie ou le désir. Je ne suis pas ce que l’on peut appeler
aujourd’hui un consommateur. Par contre, j’apprécie également
l’escale, je l’apprécie énormément. C’est l’endroit des rencontres,
l’endroit où l’on découvre, où l’on se grave de souvenirs. Mais son
temps viendra et ce n’est que la veille ou l’avant-veille que je vais
saisir les guides.

Ce soir le groupe électrogène tourne mais ne fournit plus de courant
secteur. C’est très certainement un des condensateurs de la « Booster
Box » qui a lâché. Cela m’était déjà arrivé en Asie il y a quelques
années. Lorsque j’avais ouvert la mallette de maintenance, quasiment
la seule pièce qui se trouvait dedans était un condensateur de
rechange. J’en ai deux en stock mais je ne pourrais voir cela qu’au
port. Dommage de devoir mettre le moteur principal en marche
uniquement pour recharger les batteries.

122 Miles de plus au compteur.

A bientĂ´t

Jean-Louis
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