Journal de bord de l'Harmattan
Wed, 29 Oct 2014 19:00:00 - 29° 25’ N 13° 10’ W
N° 739 - En vue de Lanzarote

20h00 en France, 19h00 heure du bord.
Dans l’Atlantique, à quelques Miles dans le Nord Est de Lanzarote


Bonjour Ă  tous,

Hé bien oui, la balade se termine déjà, nous serons cette nuit amarrés dans
la marina de Puerto Calero sur l’île de Lanzarote. Nous sommes partis il y a
13 jours de Port Saint Louis du RhĂ´ne et ce fut encore une fois un grand
moment de vie. Mis à part un départ un peu difficile avec des grands bords à
tirer contre le vent nous n’avons pas à nous plaindre de la météo. Pas
beaucoup de vent mais finalement, lorsque l’on voyage en bateau, c’est
souvent le cas sauf peut-être dans les alizés.

Cette croisière a été ponctuée de multiples moments de qualité. Finalement
être heureux c’est quoi ? Il me semble que c’est tout simplement s’organiser
et s’arranger pour multiplier la survenue de petits morceaux d’éternité.
Rester les deux pieds dans ses pantoufle à attendre que cela vienne n’est
certainement pas la meilleur attitude. Ensuite, il faut aussi prendre le
temps de savourer ces trésors, ces paillettes d’or qui nous sont offertes à
leur juste valeur. Et ne pas en demander plus.

Hier soir, le vent revient un peu sur l’arrière tribord. J’envoie le génois,
coupe le moteur, règle la grand voile et nous voilà partis pour une grande
nuit de voile. 12 Nœuds de vent sur les deux tiers arrière, la hanche du
bateau, suffisent à Harmattan pour aligner des moyennes très convenables.

A quatre heures du matin, dans la pointe avant j’entends qu’Harmattan galope
comme un fou. Je sors et constate que le vent est monté entre 15 et 17N. Le
speedo indique entre 9 et 10N mais tout se passe bien. Cependant c’est la
nuit, j’ai encore envi de dormir un peu, je ne veux pas prendre de risque et
préfère attraper un ris préventif.

Vers 6 heures c’est retombé un peu, il commence à faire jour et je peux
larguer ce ris afin de remettre du charbon dans la chaudière. Je retourne au
lit mais à 7 heures je n’y tiens plus, il est temps de me lever. Je suis en
pleine forme, j’ai envie de tout bouffer.

Cela tombe bien, sur la hanche bâbord, à 2 Miles environ, un voilier semble
suivre la même route que nous. Il fait beau, c’est un petit matin d’été, et
une envie terrible de faire la course me prend. Finir cette croisière sous
spi pourrait générer un de ces petits moments magiques évoqués plus haut.

Pendant que je prépare la manœuvre le concurrent a pris un peu d’avance.
J’ai presque fini d’installer le spi, je parle tout seul « Ha les gars, vous
allez avaler votre café de travers lorsque vous allez voir la grosse boule
rouge ». M’entendant marmonner, Jacky se réveil et passe la tête par le
panneau de pont. Il comprend immédiatement ce qu’il se passe. Lui aussi veut
jouer et quelques minutes plus tard le spi se gonfle majestueusement.

Nous passons deux heures à ajuster les moindres réglages en imaginant l’état
d’énervement de nos adversaires, ne pouvant qu’être anglais bien entendu.
Chacun à notre tour nous lâchons des phrases supposées prononcées par
l’équipage forcément homme et femme qui commence à être distancé et qui
s’engueule. Et nous rions à n’en plus finir. Nous adorons ce genre
d’exercice.

Vers dix heures je n’y tiens plus et attrape la VHF :
« Petit voilier, petit voilier pour Gros spi rouge ? »
Rien ne se passe, je réitère :
« Petit voilier marchant au moteur pour Gros spi rouge ? »
La réponse vient immédiatement :
« Gros spi rouge pour petit voilier sous voile »
Nous rions comme des baleines et engageons la conversation. Ce sont des
français et ils avouent qu’eux aussi faisaient la course.

Le vent n’est pas bien fort et en plein sur l’arrière, quelque temps plus
tard nous les voyons rouler le génois, ils viennent de lancer le moteur.
Nous avons gagné par abandon. Pour nous c’est une journée complète sous spi,
un grand moment de voile en observant apparaître puis se dessiner de mieux
en mieux les cĂ´nes des volcans de Lanzarote.

Nous avons passés la journée avec France Gall dans le cockpit et comme les
chansons qui s’envolent, tous les bons moments de cette balade vont
s’échapper pour aller se loger dans un petit coin de notre mémoire, le coin
des souvenirs. De temps en temps ils reviendront nous enchanter quelques
instants.

139 Miles au compteur ce jour, 1567 depuis Port Saint Louis du RhĂ´ne

A bientĂ´t

Jean-Louis


"bravo pour cette navigation et cette belle leçon de vie à méditer!

bon week-end "


Envoyé par annick le 01-11-2014 à 14:05



"cher JL,

C'est pas pensable ton exploit (1de+)
et quel beau poisson!!! bisous
jeanine"


Envoyé par jeanine le 01-11-2014 à 17:03

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