Journal de bord de l'Harmattan
Thu,25 Jul 2013 16:00:00 - 37°23’N 24°24’E
N° 642 - A la dĂ©couverte de Kythnos

19H00 heure du bord, 18h en France.


Kalimera,

Quelle journée agréable !

Je l’ai passée à découvrir cette île que je ne connaissais pas.
J’adore, j’aurais dû vivre quelques siècles plutôt. Lorsque je mets le
pied hors de mon bateau en arrivant sur une île j’ai toujours envie de
« prendre possession » de cette nouvelle terre, malheureusement il n’y
a plus de roi pour le faire en son nom. Mais comme avant, du temps des
conquistadores, il y a des habitants qu’ils appelaient alors des
sauvages et sur lesquelles ils tapaient sous prétexte de les
évangéliser mais en réalité pour s’approprier de nouvelles parties du
monde.

Quelle bonne surprise, cette île se dévoile dès que l’on sort du petit
port de MĂ©rikha. Ce qui me frappe en premier lieu ce sont tous ces
murets en pierre sèche. Il y en a partout et ici, très souvent ils
sont composés de portions de pierres sombres empilées d’environ un
mètre cinquante de large, séparés par une grande pierre plate
verticale plus claire ce qui forme comme des créneaux.

Ces murs ont trois fonctions, la première est d’encadrer les divers
chemins, la seconde est de séparer les propriétés et enfin, la plus
importante, est de rendre ces pentes abruptes cultivables en formant
de multiples espaliers. Si tous ces murets Ă©taient mis bout Ă  bout,
alors que l’île ne fait que 100 kilomètres carrés, (20km par 5
environ) je pense que cela représenterait plusieurs centaines, voir
milliers de kilomètres. Quel travail extraordinaire réalisé par les
générations précédentes pour rendre cette île habitable.

De ce fait beaucoup de ces toutes petites parcelles sont cultivées. A
la main pour le plus grand nombre. On y plante des céréales, du blé
entre autre et je me plais à penser qu’à une certaine époque de
l’année l’île n’a pas cette couleur marron mais est d’un beau vert
tendre. J’ai vu tout de même une presse attelée à un tracteur qui se
rends sur les quelques plus « grandes » parcelles de Kythnos pour
presser 5 ballots, 10 ballots et beaucoup plus rarement 50 ballots.

Il y a quelques vallées encaissées où la couleur verte est présente
mais à cette époque de l’année, avec ce soleil implacable qui brule
tout et ce Meltem qui souffle fort pour dessécher ce qui n’a pas
brulé, il faut imaginer les Cyclades surmontées d’un énorme
sèche-mains auquel aucune parcelle d’humidité ne résiste.

Il y a très peu d’animaux. J’ai vu quelques troupeaux de chèvres
sauvages, quelques brebis, deux ânes, une dizaine de vaches et moins
de 5 chevaux.

La « Chora », la ville, la « capitale », Kythnos se trouve au centre
de l’île, sur les hauteurs et si vous venez par là ne la manquez pas.
Pas plus que le village de Driopis d’ailleurs, tous deux construits
dans le plus pur style Cycladique avec ces étroites ruelles dallées
qui serpentent, qui montent ou qui descendent, entrecoupées
d’escaliers, le tout repeints récemment d’un blanc éclatant. Je pense
que la peinture est la détente favorite des habitants des Cyclades.
Certaines de ces ruelles sont bordées de petites échoppes, de café, de
restaurants dont les terrasses ombragés invitent à se reposer. Avec
les courants d’air générés par ces ruelles, il fait très frais en
comparaison avec la canicule extérieure à la ville.

Ce qui me frappe également à chaque fois que je visite les îles
grecques, c’est l’importance de la religion pour cette population.
Kythnos est peuplée d’environ 1500 habitants. Combien pensez vous
qu’il y ai d’églises ? 10 peut-être, cela serait déjà pas mal ? Ou
bien 20, à peu près le nombre de villages dont certains n’ont que
quelques maisons ? Tout de mĂŞme pas 100, cela ferait une Ă©glise pour
15 habitants !
Vous pouvez donner votre langue au chat car c’est inimaginable, il y a
sur Kythnos 349 Ă©glises !!!! Soit une pour quatre habitants environ.
Elles sont toutes magnifiquement entretenues et beaucoup sont ouvertes
et visitables, souvent des cierges brulent.

S’il fallait une dernière marque d’appartenance aux Cyclades, ce sont
les multiples moulins à vent d’avant (Anémomilos), regroupés sur des
hauteurs, certains bien entretenus mais beaucoup à l’état d’épave. Et
puis malheureusement, souvent regroupés eux aussi, les moulins à vent
d’aujourd’hui, je veux dire les éoliennes. Comment les générations
futures évalueront-elles l’aspect esthétique que nous leur léguons ?

Enfin, pour le plaisancier c’est le paradis, la côte est extrêmement
découpée, il n’y a pas moins de 70 plages, dont beaucoup d’endroits
accessibles uniquement en bateau.

Voilà pour aujourd’hui, à bientôt, kalispéra.



Jean-Louis
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