Journal de bord de l'Harmattan
Sat, 13 Jul 2013 13:00:00 - 37°47’N 23°21’E
N° 634 - Le canal de Corinthe

16H00 heure du bord, 15h en France.


Kalimera,

Le passage d’un canal mythique est toujours un moment de vie intense.
C’est la troisième fois que je franchie ce canal, deux fois d’Ouest et
Est et une fois de Isthmia vers Corinthe.

D’un côté le golfe de Corinthe, de l’autre le golfe Saronique, d’un
côté la mer Ionienne, de l’autre la mer Egée, d’un côté des conditions
météo souvent très calmes, de l’autre des conditions météo souvent
musclées, d’un côté des montagnes sèches et dénudées, très peu
peuplées, de l’autre la Grèce industrielle et laborieuse, d’un côté
l’air pur et les vacances, de l’autre le smog et le travail.

Nous sommes arrivés dans le petit port de la ville de Corinthe hier à
19h30. La « marina » est toute petite et surtout elle n’a rien d’une
marina, c’est un petit abri au milieu d’un grand port de commerce
totalement vide. Ce petit abri est encombré de petits bateaux, de
bouées, de corps mort et il ne peut contenir que quelques bateaux de
passage. Malgré tout je suis séduit par le quartier moderne autour du
port. De grandes avenues piétonnes, des cafés, des boutiques de luxe,
quelques restaurants et surtout tous les jeunes de la ville semblent
se retrouver là pour refaire le monde devant un café, un thé ou bien
un chocolat glacé. Quel moment sympa de déambuler au milieu de ces
jeunes, dans de larges rues pavées de grandes dalles et abritées par
des palmiers, des rues qui se coupent Ă  angle droit.

Ce matin je largue les amarres Ă  9h30 pour aller faire des ronds dans
l’eau devant l’entrée Ouest du canal. Celui-ci fait 3,2 Miles de long
(environ 5,5 km) mais il n’est large que de 25 mètres et ses parois
verticales en calcaires font à leur point culminant 76 mètres de haut.
C’est un véritable trait de scie dans l’isthme qui relie le continent
au Péloponnèse.
Dans l’antiquité, les galères étaient tirées grâce à des rondins de
bois sur une route pavée. Les Grecs et le Romains firent des projets
de canal mais c’est Néron qui commença les travaux à l’aide de 6 000
juifs avant de tout stopper suite Ă  une insurrection en Gaulle (Encore
un coup du petit gaulois, de son imposant compagnon et de leur petit
chien).

Ce sont finalement les français qui commencèrent à creuser puis les
Grecs finirent par ouvrir le canal en 1893. Aujourd’hui sept ponts
franchissent le canal dont deux voies d’autoroute et deux lignes de
chemin de fer. En plus, à chaque extrémité, des ponts à chaînes
coulent au fond du canal pour laisser passer les convoies de bateaux
puis se relèvent après le passage. La circulation se fait à sens
unique, un convoie dans un sens, puis un convoie dans l’autre. On peut
ainsi attendre jusqu’à trois heures pour franchir le canal.

Aujourd’hui j’attends environ une heure que le canal soit purgé du
convoie montant sur Corinthe. Nous ne sommes que trois voiliers et
nous suivons à la queue-leu-leu un promène couillons qui fait l’aller
et retour dans le canal, chargé de touristes. Encore une fois je suis
le dernier bateau, j’adore cette place qui me donne plus de liberté.
Le franchissement du canal dure environ 40 minutes et c’est l’occasion
de faire chauffer l’appareil photos. Comme d’habitude, nous échangeons
de furieux cris en passant sous le pont, à l’endroit le plus élevé des
parois verticales, où sont agglutinés les touristes.

Je voie que l’un d’entre eux s’apprête à sauter à l’élastique ! Le jeu
serait-il de toucher la pomme de mon grand mât ? Non, il attend que je
sois passé. Le jeu serait plutôt de se laver les cheveux en sautant de
60 mètres au dessus du niveau de l’eau. Il y a un peu de marge car la
profondeur du canal est d’environ huit mètres, mais tout de même, il
faut être jeune pour réaliser ces exploits.

VoilĂ  pour aujourd’hui, maintenant je me dirige vers Nísos Aigina, que
nous autres français connaissons sous le nom d’Egine. Je me dirige
plus précisément vers la ville principale qui s’appelle également
Egine.

A bientôt, Kalispéra.

Jean-Louis
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