Journal de bord de l'Harmattan
Tue, 16 Oct 2012 14:30:00 - 43°05N 5°08E
N° 588 - Dans la difficultĂ© vers Marseille

16H30 en France, 16H30 heure du bord


Bonjour Ă  tous,

Veuillez m’excuser, hier j’ai été dans l’impossibilité d’écrire ma nouvelle journalière. Je crois que dans tout mon périple cela n’est arrivé que seulement deux fois. La première fois était lors de mon départ de Marseille, j’étais trop malade et cette fois c’est justement pour mon retour à Marseille. Etonnant !

Maintenant c’est également et essentiellement pour un problème de santé, je vais vous raconter.

La superbe calanque dans laquelle j’ai fait escale 24 heures est située sur la commune de L’Escala la bien nommée. En milieu de matinée j’ai mis l’annexe à l’eau avec son moteur hors-bord et je me suis rendu à terre faire un peu de marche à pieds.

Ensuite je me suis fait un petit restaurant. Je précise qu’en dessert j’ai avalé un café liégeois et pas un Irish Coffee, c’est important pour la suite de l’histoire. Puis j’ai fait une grande ballade jusqu’au port de L’Escala. J’étais préoccupé par la météo et en particulier je m’interrogeais. Devais-je partir mardi matin et faire tout le trajet avec très peu de vent, luttant avec le moteur contre la houle résiduelle et totalement dépendant de celui-ci. Ou bien devais-je partir ce soir quitte à me payer le golfe du Lion avec un force 7 ? Je suis tenu par mon arrivée samedi et à partir de mercredi ce ne sera plus possible car il va y avoir un bon coup de vent d’Est.

Finalement c’est sur le port que je prends ma décision, je vais partir ce soir. En revenant je marche assez vite, pressé de reprendre la mer.
Ici, chaque riverain a fait son trottoir, de ce fait, parfois ils ne se rejoignent pas correctement. Je me prends les pieds dans le tapis, c’est en descente et je m’écrase quelques mètres plus loin la tête la première sur le béton. Totalement sonné, je suis incapable de me relever. Je suis conscient, j’ai les yeux ouverts et j’envoie des ordres à mes membres mais il ne se passe rien, tout le monde est en grève !

Heureusement un automobiliste passe par là et s’arrête. Il me demande si ça va. J’ai la tête sur le béton mais je lui dis que « Yes ». Puis il arrive à me relever mais tout tourne et je suis obligé de m’assoir sur un muret pendant un quart d’heure avant de pouvoir repartir.

Merci à mon grand chapeau et à ma barbe, ils ont protégé l’essentiel.
J’ai la lèvre supérieure toute enflée et un peu ouverte à l’intérieur, au niveau des dents. J’ai pris un coup sur la mâchoire inférieure et elle me fait mal ainsi que mon pied et ma cheville droite. Les genoux ont pris également mais le pire ce sont mes deux mains et mes poignets qui me font extrêmement mal. J’ai également mal aux épaules qui ont tout de même bloqué les 80 kilos qui arrivaient avec élan.

Néanmoins, je rentre au bateau et je prépare l’appareillage. Par contre, en se refroidissant, la douleur commence à arriver, je prends un Dafalgan et cela passe pour quelques temps. Je relève l’ancre avec la grand voile pleine et je déroule le génois en sortant. Plus je m’éloigne de la baie et plus je me rapproche du fameux cap Creus, le cap Horn de la Méditerranée comme l’appellent les locaux, plus la mer se creuse et plus le vent forcit. Je réduis progressivement, tout en gardant le moteur au ralenti pour aider à percer la vague, cela me demande énormément d’efforts car j’ai mal partout et mouliner un winch dans ces conditions s’apparente à de la torture, c’est un supplice et les larmes viennent toutes seules.

Le vent est maintenant établit autour de 30 Nœuds avec des rafales à 38. La mer est grosse et vient à 30 degrés sur l’avant bâbord, noyant le pont et le rouf sous des tonnes d’eau. Je suis trempé, la grand voile est à trois ris et je suis en train de rentrer complètement le génois lorsque j’entends une alarme. Qu’est-ce ? Je réalise alors que c’est l’alarme du moteur. Je n’ai pas mes lunettes, je suis incapable de savoir laquelle est-ce. Il y en a trois, charge batteries, pression d’huile, température d’eau.

J’imagine immédiatement le pire, l’alarme pression d’huile. J’accélère un peu et abat en grand pour redresser le bateau. L’alarme se calme un instant. J’en profite pour finir de rentrer mon génois mais l’alarme se remet en marche. Je plonge à l’intérieur chercher mes lunettes, c’est l’alarme de l’alternateur. J’imagine aussitôt que la courroie s’est cassé ce qui est grave car elle entraine en même temps la pompe à eau et si c’est le cas, l’alarme température va bientôt se déclencher exigeant l’arrêt immédiat du moteur.

Je prends une lampe et me précipite dans la salle machine mais non, la courroie est toujours à poste et tout tourne correctement. En fait c’est une panne de l’alternateur. Pas grave sauf que l’alarme hurle en permanence. Je finirais au matin par débrancher le buzzer.

Que faire maintenant ? J’ai ma grand voile seule à trois ris, mon moteur au ralenti, mon radar en marche avec l’alarme, la mer est sur le pont en permanence, je m’enferme et me jette tout habillé sous la couette sur la couchette de quart. Je n’ai plus qu’à laisser le bateau se débrouiller seul, de toute façon je suis moi-même physiquement plus capable de rien. Par contre je suis aux aguets en permanence et si je voulais dormir je ne le pourrais pas, mes mains me faisant trop souffrir. Lorsque l’on a un problème de reins, on n’a droit qu’à un Dafalgan toutes les huit heures au lieu de quatre pour quelqu’un de normal.

C’est fou comme un bateau peut prendre de coups dans une mer aussi forte. La nuit me paraît très longue, je me lève régulièrement mais ne peut pas me tenir avec les mains alors que le bateau saute dans tous les sens, c’est difficile. Vers cinq heures je reprends un Dafalgan et la douleur passe aussitôt me permettant de dormir deux heures. Comme le prévoyait la météo, le vent commence à faiblir et à 7 heures je peux monter sur le pont renvoyer un peu de génois. Cette nuit cela à dû être la guerre ici car il y a des cristaux de sel partout.

Je suis maintenant à 10 Miles du phare de Planier, la sentinelle de Marseille. Je vous raconterais demain mon arrivée.

A bientĂ´t.

Jean-Louis


"incroyable cette approche ...destin , répétition ,rappel ....bravo en tout cas et nous te souhaitons une magnifique fête a l arrivée,nous penserons trés sincerement à ton immense émotion Chantal et Didier de Thailand "

Envoyé par DIDIER BEAUCHENE sur Sea Lance le 16-10-2012 à 16:51



"Sacré Jean-Louis !Rien ni quiconque ne peut t'abattre, même par surprise?
Ce n'est plus un tour du monde, c'est une épopée ! "L'épopée d'un dialysé dans les alizés"?
@+ et courage pour les derniers milles.
JLG"


Envoyé par JLG le 16-10-2012 à 17:58



"Nous te suivons depuis le départ à travers Francine. Mais à l'approche de l'arrivée, sans doute as tu besoin d'un peu de soutien?... Tu peux compter sur nous, à bientôt à Marseille, Bisous le Bof. Michel et Chantal."

Envoyé par callewaert michel et chantal le 16-10-2012 à 18:34



"Décidément, Jean-Louis, tu ne feras rien de classique et toujours avec la même combativité. Je te souhaite une arrivée beaucoup plus cool.
Didier"


Envoyé par Didier le 16-10-2012 à 19:10



"Tres content d'avoir de tes nouvelles (bonnes)par voie de presse (voiles et voiliers)apres avoir passé plusieurs années cote a cote a port napoleon Un grand bravo pour ton courage qui ne m'etonne pas de toi!!A bientot peut être."

Envoyé par Jean-pierre VĂ©teau catamaran CARNABIE le 16-10-2012 à 20:18



"Je viens joindre mes tres sinceres encouragements a ceux des autres, quel dommage que tu morfles ainsi a l arrivee, tout allait si bien lors de notre recente conv telephonique, c est vaiment "vents contraires", mais tu t en es toujours sorti, alors ce n est pas un emm.. de derniere minute qui va t arreter. Bon courage, tous tes amis sont la, et tous t insuflent a distance la force de la chaine de l amitie qui veut te voir reussir, je te souhaite un bon mouillage et un peu de repos avant l arrivee. A Samedi, amities JL "

Envoyé par Pierrefeu Jean Louis le 16-10-2012 à 22:00



"Oh la la Jean-Louis! J'en ai des frissons partout en cette matinee ensoleillee sur Sydney! du risque et de l'aventure c'est a 100% a fond les manettes! Sacre Jean Louis! Je pense bien a toi! J'aurais aime etre a Marseille pour la grande fete! Gros bisous et bon vent!"

Envoyé par Delphine le 16-10-2012 à 23:58



"OUFF

Eh bien Jean-Louis... que de péripéties...

Bon courage et bon rétablissement !

Amitiés."


Envoyé par Baptiste qovop le 17-10-2012 à 12:08

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