Journal de bord de l'Harmattan
Mon, 03 Sept 2012 17:00:00 - 46° 09N 1° 10W
N° 561 - En Charente

19H00 en France, 19H00 Heure du bord

Bonjour Ă  tous,

La côte atlantique défile devant moi, Saint-Gilles-Croix-de- Vie, Les Sables d’Olonne, Port Bourgenay, Jard-sur-Mer, La-Faute-sur-Mer, L’Aiguillon, Le Fiers d’Ars et Ars-en-Ré, Marans, Saint-Martin-de-Ré, La Flotte-en-Ré. Ce sont autant de souvenirs qui reviennent. Petit, je suis venu ici en colonie de vacances, à Saint-Jean de Mont exactement.
Je me souviens des interminables parties de balle aux prisonniers sous les pins, des morceaux de gros pain accompagnés de barres de chocolat noir que nous dévorions ensuite et de ces énormes cerfs-volants en papier kraft que nous construisions puis que nous faisions voler très haut dans le ciel sur les dunes en bord de mer.

Et puis l’île de Ré avec Saint-Martin-de-Ré, ce port absolument magnifique avec ses fortifications de Vauban et ses boutiques élégantes. Tout au bout, à l’Ouest le fameux phare des Baleines où l’on se rend en vélo et que l’on gravit pour le plaisir.

Je me suis levé avant le jour pour essayer d’arriver aux Minimes ce soir. La journée à commencée par un bon coup de voile, 10 Nœuds de vent sur le travers avant, Harmattan sous génois, grand voile et artimon marchait entre 6 et 7 Nœuds, un vrai bonheur. Puis en fin de matinée, le vent à faiblit, avec le courant contraire nous n’avancions plus qu’à trois Nœuds, j’ai dû mettre en marche la risée Volvo.

En début d’après midi, entre la terre et l’île de Ré, le vent est tombé totalement mais à 14 heures grâce à la marée, le courant s’est inversé et c’est presque un Nœud et demi qui s’est additionné à ma vitesse surface, nous propulsant à 6,5 Nœuds moteur à 1500 tours minute. Puis vers 15 heures, le vent a tourné NW en se renforçant un peu ce qui m’a permis de couper le moteur en changeant d’amure.

Ici ce n’est plus la Bretagne, adieu le granite, bonjour les dunes de sable. Les fonds varient entre 10 et 20 mètres et il y a des pêcheurs partout. Ils jettent l’ancre et pêchent à la cane. Il faut faire très attention et slalomer entre les bateaux. Je n’ai droit à aucun répit.
Il y a également beaucoup de voiliers à partir de la marina des Sables d’Olonne et jusqu’à La Rochelle. A un moment je croise un maxi, son mât doit faire au moins trente mètres et sa grand voile noire est impressionnante. Il file comme un avion.

La pleine mer à La Rochelle est ce soir à 19h19 avec +6 mètres. J’ai décidé d’en profiter pour entrer dans la marina des Minimes. Ce matin j’ai appelé les organisateurs du Grand Pavois, je suis attendu et lorsque l’on voyage en solitaire c’est toujours agréable.

Mais encore une fois, solitaire, je ne le suis pas. Comme hier, j’ai un compagnon. Aujourd’hui c’est …… un papillon ! Je suis toujours étonné de rencontrer des papillons en pleine mer. Quelle est leur motivation ? Sont-ils dépressifs ? Inconscients ? Ou tout simplement aventuriers ? Si c’est le cas, je leur tire mon chapeau.

Vers 15 heures, je sors dans le cockpit et j’aperçois, droit devant, le fameux pont de l’île de Ré. Il me rappelle cet énorme pont qui relie le continent au Péloponnèse à l’entrée du golfe de Corinthe. Je suis passé dessous lors de mon tour de Méditerranée en 2007, quel souvenir immense !

Adieu la Bretagne, j’ai l’impression d’avoir changé de pays. Il fait un temps splendide, j’ai jeté mon polaire et je vais bientôt retirer mon maillot de corps. Le soleil brille, il fait chaud, j’ai enfin sorti mes Ray-Ban, je suis bien.

Maintenant que le vent va dans le même sens que le courant, la mer a cet état particulier que j’adore, j’ai l’impression quelle roule. Le bateau file sans faire de bruit, tout est calme, j’ai l’impression d’être dans un pullman. J’écoute RFM, c’est « Cargo de nuit » qui passe en ce moment, quel bonheur d’être en France. Pas étonnant qu’on appelle cela « La Plaisance ».

Le grand pont approche, c’est impressionnant. Une arche est réservée aux bateaux qui montent vers le Nord et une autre à ceux qui descendent au Sud. Le passage est précédé par une bouée rouge et une bouée verte. Juste avant le pont il y a un haut fond à 1,3m mais avec la marée pas de problème. Passer le pont sous voile est risqué car il peut y avoir des rafales. J’ai connu cela en Grèce. Pour corser l’ambiance un avion de chasse rase la pomme de mes mâts dans un bruit d’enfer. Je me souviens, à Hyères, un plaisancier s’est ainsi fait arracher son mât.

Ici le tablier est étroit et les piles minces aussi je passe sans problème. J’appel aussitôt Daniel, le régisseur mer du Grand Pavois.
Il m’a préparé une place, m’explique comment la rejoindre et ira m’attendre dans une demi-heure. Lorsque j’arrive, il attrape mes amarres puis nous allons au bureau faire connaissance des organisateurs. Je rencontre Pierrick, Floriane et les autres. Tout le monde est sympathique et nous passons un bon moment.

Je vais passer la journée de demain à préparer le bateau puis je prendrais le TGV pour rentrer sur Paris où le travail m’appelle. 59 Miles au compteur journalier.

A bientĂ´t.

Jean-Louis
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