Journal de bord de l'Harmattan
Wed, 01 Aug 2012 19:00:00 - 15° 18’W 45° 22’N
N° 545 - Les marins Bretons

20H00 en France, 19H00 heure du bord
Bonjour Ă  tous,

J’ai commencé à préparer mon arrivée sur Concarneau. Je dois dire que la Bretagne m’impressionne un peu avec tous ses cailloux, ses courants, ses marées importantes et ses dépressions qui génèrent des vents forts. Les marins Bretons ont toujours été pour moi une référence. Ils ont quand même un avantage et c’est ce qui les sauve, les prévisions météo ont ici une rare précision. Même après un tour de Méditerranée et un tour du monde en solitaire je ne me sens pas encore un vrai marin, lorsque l’on dit de moi que je suis un marin cela me laisse dubitatif.

L’entrée dans le port de Concarneau n’est pas facile, il faut slalomer entre des cailloux et des dangers dont les noms sont à eux seuls de vrai petites pépites : « Les Putains, Basse Devel, Rostolou, Bazenn Rouzez Ar Veil, Treuz Vaz, Les Poulains, La Voleuse, Men Vraz, Men Ar Pont, Linuen, Re Diyen, Barzic, Kersos … ».

Il n’est pas étonnant que la carte marine servant à passer le permis hauturier soit une carte de Bretagne sud et que l’école des Glénans soit installée en baie de Concarneau. Beaucoup de grands marins étaient ou sont originaires des environs à commencer par Tabarly qui était de Bénodet je crois.

Hier soir j’ai fait ma route, j’ai positionné dix « waypoint », des points de passage, que j’ai reliés entre eux par une route. Je vais entrer par « Rostolou » puis je n’aurais qu’a demander à mon pilote automatique de suivre la route qui va me mener en évitant tous les dangers jusqu’à l’intérieur du port. Bien entendu je devrais veiller au bon positionnement par le GPS en contrôlant toutes les bouées et tous les feux. Cela me permettra de rentrer éventuellement de nuit mais j’aimerais éviter, ne serais-ce que pour ne pas me retrouver seul sur le quai, sans les copains.

Ce slalom fait une dizaine de Miles et cela me rappelle mon entrée dans le détroit de Torres, la même tension m’étreignait, on s’en fait un monde mais bien préparé ce n’est pas très difficile (Sauf lorsque le pilote automatique décide de tomber en panne juste à ce moment, ce qui m’est arrivé à l’entrée de ce fameux détroit). On s’en souvient tout de même pendant longtemps et on est content d’avoir vécu cette expérience.

Pour l’instant je suis la dépression qui m’alimente en vents de secteur Ouest. Hier soir, comme la nuit précédente, les vents se sont renforcés et la mer également sans atteindre toutefois le niveau de la nuit précédente. Fort de cette expérience, j’ai immédiatement abattu l’artimon et pris deux ris dans la grand voile et dans le génois. J’ai ensuite installé les fargues (ce sont les planches qui permettent de fermer la descente) puis tiré le capot. Je me suis ainsi retrouvé au chaud dans une ambiance cosy et j’ai dormi comme un bébé en laissant Harmattan se débrouiller seul. Etre marin c’est également savoir faire confiance à son matériel sinon la vie peut vite devenir intenable.

Quelle bonne idée, il a abattu 90 Miles pendant la nuit. Je me suis levé une ou deux fois pour aller pisser, j’ai passé la tête dans le cockpit, dehors c’était l’apocalypse, vent, vagues, pluie et en plus très froid. Ce matin je me suis levé, c’était grand beau, le vent avait un peu faiblit et j’ai largué les ris et hissé l’artimon. Puis en fin d’après midi, à nouveau les conditions se sont renforcées. Je pense que ce sera ainsi jusqu’à Concarneau et c’est ce que j’espérais en allant chercher cette dépression.

Encore une bonne journée avec 152 Miles au compteur, plus que 483 Miles pour arriver sur Rostolou, mon point d’entrée, soit une route effectué de 167M sur les dernières 24h. Maintenant je pense arriver peut-être dimanche matin, mais le vent a tourné, il vient en plein sur mon arrière et je vais beaucoup moins vite.

A bientĂ´t.

Jean-Louis


"en union pour l'arrivée à concarneau tout ira biengros bisous de roselynedsu"

Envoyé par roselynedemeestere le 02-08-2012 à 21:56

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